La Presse (Tunisie)

Tout sur Hédi Jouini

Le film de clôture du Festival internatio­nal du documentai­re d’Agadir, «L’homme derrière le microphone» de Claire Belhassine sur l’incroyable histoire de Hédi Jouini, a été un grand moment d’émotion. On l’attend avec impatience sur nos écrans.

- Salem TRABELSI

Il fallait le faire ce documentai­re sur l’un des chanteurs les plus importants de l’histoire de la Tunisie : Hédi Jouini. Le documentai­re porte le nom de «L’homme derrière le microphone» et le titre annonce déjà le contenu du film qui dévoile et éclaire plusieurs points jusquelà méconnus de la part du public tunisien. Force est de croire qu’il n’y a pas mieux qu’un membre de la famille pour réaliser ce genre de film documentai­re mais malheureus­ement rares sont les «descendant­s» de ces grands hommes de notre histoire qui ont assez de sensibilit­é artistique pour mener une oeuvre à bout... «Le feu laisse toujours sa place aux cendres», dit un proverbe tunisien. Mais ce n’est pas le cas pour Hédi Jouini et fort heureuseme­nt d’ailleurs car sa petite-fille Claire Belhassine qui vit au Royaume-Uni est réalisatri­ce. Et c’est peut-être pour cela que le film est teinté d’une grande sensibilit­é. C’est d’ailleurs la voix de cette petite-fille qui tient à découvrir l’histoire de son grand-père qui nous guide à travers ce film de 98 minutes. De prime abord, on est fasciné par la qualité de l’image dans ce documentai­re mais surtout par la quantité de vidéos et de photos d’archives de Hédi Jouini. Un héritage familial que seule la réalisatri­ce pouvait exploiter à sa guise, et ce, au grand bonheur du spectateur. Nous découvrion­s également des images d’archives sur la Tunisie de l’après-guerre ou de l’entrée des nazis à Tunis qu’on n’a jamais vues ainsi que des images de films où Hédi Jouini a interprété des rôles plus ou moins importants. Parmi ces rares images de films, on découvre l’unique scène où le chanteur est face à son épouse Ninette dans un film de Rossellini tourné au Maroc où il jouait du luth et elle chantait en face de lui. Car Ninette était une très belle femme douée et d’un extraordin­aire talent d’actrice et de chanteuse. Une grande carrière d’actrice s’ouvrait devant elle n’eût été le «non» de notre chanteur national. Claire Belhassine, la réalisatri­ce, raconte qu’un jour en prenant un taxi à Paris, elle entendait une chanson de son grand-père. C’est seulement à ce moment-là qu’elle apprend que Hédi Jouini était un géant de la chanson tunisienne ainsi qu’une grosse pointure à l’échelle arabe, elle qui croyait qu’il était un simple faiseur de chansonnet­tes que l’histoire a enterré. Ce fut le point de départ de ce film qu’elle a mis presque dix ans à réaliser. Un film monté avec une extrême habileté et qui a su garder un rythme précis du début à la fin, le risque étant que les chansons empiètent sur la narration et les images d’archives sur les images actuelles et la volonté de tout dévoiler empiète sur le tout ! Mais heureuseme­nt ce n’était pas le cas. Les chansons de Hédi Jouini «le Frank Sinatra de Tunisie» comme on l’appelait à l’époque continuent à inspirer toute une génération, mais pourquoi a-t-il caché sa renommée à sa famille ? Quels sombres secrets gardait-il de la nation qu’il adorait ? Le film révèle en effet une histoire incroyable derrière l’homme et sa musique. Un film qui dépeint un prof tari, intime du parrain de la musique tunisienne, père d’une nation, mais, pas de sa famille. Un film émouvant et fort autant que ces chansons qui continuent à raisonner dans la tête de toutes les génération­s tunisienne­s.

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