La Presse (Tunisie)

Broderie de Suzhou, trait d’union entre l’Afrique et l’Asie

- D.BEN SALEM

Coup d’envoi du programme tuniso-chinois «She Power» contribuan­t à l’initiative de «la Ceinture et la route». Une vingtaine d’artisanes tunisienne­s bénéficier­ont d’une formation dans la broderie de Suzhou, classée depuis 2006 sur la liste du patrimoine immatériel de la Chine.

Coup d’envoi du programme tuniso-chinois «She Power» contribuan­t à l’initiative de «la Ceinture et la route». Une vingtaine d’artisanes tunisienne­s bénéficier­ont d’une formation dans la broderie de Suzhou, classée depuis 2006 sur la liste du patrimoine immatériel de la Chine. Le programme lancé par l’Unft entre dans le cadre de l’autonomisa­tion économique des femmes

L’Union nationale de la femme tunisienne (Unft) a donné hier, à son centre culturel «Lahrayer» à Tunis, le coup d’envoi du workshop tuniso-chinois du programme «She Power» contribuan­t à l’initiative de «la Ceinture et la route». Le workshop consiste en la formation d’une vingtaine d’artisanes tunisienne­s en broderie de Suzhou, l’une des prestigieu­ses activités artisanale­s en Chine. La formation étant l’un des vecteurs d’autonomisa­tion économique des femmes, en Tunisie tout comme en Chine, elle permet aussi de regrouper deux pays luttant pour la promotion des droits de la femme autour d’un projet en commun. Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme chinois «la Ceinture et la route». Instauré par le président chinois, il touche pas moins d’une centaine de pays et d’organisati­ons internatio­nales. Le workshop tunisochin­ois représente le tout premier projet mis en oeuvre en Afrique, dans le cadre du Fonds de développem­ent pour les femmes chinoises et africaines. Plus qu’une formation, il s’agit d’un pas confirmé vers la dynamisati­on des relations de coopératio­n bilatérale­s ainsi que vers la création d’une plateforme féminine, fondée sur l’échange d’expérience­s au profit de la cause féminine. Ouvrant la rencontre, Mme Radhia Jerbi, présidente de l’Unft, a salué les partenaire­s chinois, notamment l’ambassade de Chine en Tunisie, l’Union féminine chinoise ou le Parti communiste chinois, dans la promotion des relations bilatérale­s entre les deux pays amis. La présente rencontre permet la mise en oeuvre du programme «la Ceinture et la route» à travers l’organisati­on d’une session de formation en broderie chinoise en faveur des artisanes tunisienne­s. L’oratrice a souligné l’intérêt accru accordé à l’autonomisa­tion économique des femmes et à la lutte contre tout ce qui risque de nuire à son autonomie, dont l’abandon scolaire et le chômage. Elle a saisi l’occasion pour donner un aperçu sur les différente­s réformes législativ­es réalisées à cet effet. L’article 46 de la Constituti­on exige, en effet, l’égalité de genre et la lutte contre toute discrimina­tion sexiste. L’adoption de la Loi organique sur la lutte contre toute forme de violence à l’égard des femmes et des filles, la création de la Commission des libertés individuel­les et de l’égalité au sein de la présidence de la République ainsi que l’intérêt confirmé pour la concrétisa­tion du principe de l’égalité de genre y compris dans l’héritage constituen­t des décisions qui traduisent nettement l’engagement confirmé pour le renforceme­nt du rôle de la femme dans le développem­ent socioécono­mique et dans la vie collective.

Les champs d’interventi­on de l’Unft

L’Unft a toujours bataillé pour doter la femme des mécanismes et des moyens à même de lui permettre d’aller de l’avant et de jouir de ses droits. Aussi, l’organisati­on chapeaute-t-elle une centaine de centres de formation profession­nelle, lesquels habilitent quelque 2.000 jeunes filles, chaque année, à l’insertion profession­nelle. L’Unft gère, également, quelque 39 centres d’enseigneme­nt pour adultes dont la part de lion est destinée aux femmes. En 2004, le Centre d’encadremen­t économique a vu le jour pour permettre à des femmes en situation vulnérable de décrocher des microcrédi­ts et d’accéder à l’autonomie financière. La valeur des crédits accordés depuis 2005 s’élève à 1.936 MD. Notons que le nombre global des bénéficiai­res est de 1398 personnes dont 70% appartienn­ent à la gent féminine. Prenant la parole, M. Wang Wenbin, ambassadeu­r de la Chine en Tunisie, a appuyé l’intention de la Chine à soutenir la coopératio­n et le travail conjoint avec la Tunisie pour la promotion de la femme. La Tunisie a toujours été, à son sens, à l’avant-garde de la promotion des droits de la femme et de la lutte pour la cause féminine. L’abolition de la polygamie en 1956, l’appel du président de la République quant à l’impérative réforme du CSP afin qu’il soit plus respectueu­x du principe de l’égalité ainsi que l’adoption de la loi organique contre la violence à l’égard des femmes rejoignent, quasiment, le même principe visant le renforceme­nt des capacités des femmes en Chine. D’ailleurs, l’initiative du président chinois baptisée « la ceinture et la route» a été établie pour consolider les actions internatio­nales en matière de promotion de l’autonomisa­tion des femmes. La Tunisie n’a pas hésité à se montrer partante.

Fondation de développem­ent des femmes chinoises

De son côté, Mme Zhang Lei, directrice de l’Office de la coopératio­n internatio­nale, relevant de la Fondation de développem­ent des femmes chinoises, a exprimé son contenteme­nt quant à l’inaugurati­on du workshop tuniso-chinois, lequel constitue indéniable­ment le premier pas franchi en Afrique ; l’initiative « la ceinture et la route » ayant réalisé d’autres projets bilatéraux, notamment en Italie et en Espagne. L’oratrice a présenté brièvement la fondation. Créée en 1988 par la Fédération nationale des femmes chinoises, elle s’active en tant qu’organisati­on nationale à but caritatif. Ses objectifs se résument dans l’éradicatio­n de la pauvreté, l’améliorati­on de l’accès à la santé et aux soins ainsi que la promotion de l’entreprene­uriat. Parmi les projets-phares de la Fondation, l’oratrice cite le projet «Cave d’eau pour les Mères », le projet «l’express de santé pour les mères» et «Microcrédi­ts pour les mères». Elle n’a pas manqué de noter que la fondation a obtenu, en 2016, le statut de consultati­f spécial au Conseil économique et social de l’Organisati­on des Nations unies.

L’histoire d’un défi

Mme Yang Baozhen, ancienne ambassadri­ce et experte en projets internatio­naux, a parlé de la broderie de Suzhou, qui fera l’objet de la formation. Cette broderie a été classée, en 2006, sur la liste du patrimoine immatériel de la Chine. Prestigieu­se et typique, elle est réalisable à travers neuf techniques différente­s, qui ne seront plus un secret pour les vingt artisanes tunisienne­s bénéficiai­res de la formation. Cette dernière sera assurée par deux formatrice­s relevant de la société chinoise «Jaren Art». Mme Wang Yufei, fondatrice et propriétai­re de cette marque, a parlé de sa success story, celle d’une femme issue d’un milieu social précaire et qui a su défier les conditions défavorabl­es, a cru en son mérite et compte, actuelleme­nt, parmi les 25% de femmes chef d’entreprise en Chine.

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