La Presse (Tunisie)

Visite «capitale» de Rohani à Berne et Vienne

L’Autriche a pris, avant-hier, pour 6 mois la présidence tournante de l’UE, et la Suisse représente les intérêts des Etats-Unis en Iran, en l’absence de relations diplomatiq­ues entre ces deux pays

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AFP — Le président iranien Hassan Rohani a entamé hier un voyage en Suisse et en Autriche jugé «d’une importance capitale» à Téhéran pour la coopératio­n entre la République islamique et l’Europe après le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien. Venu à la tête d’une importante délégation, selon la télévision iranienne, M. Rohani a atterri à Zurich aux alentours de 16h00 (14h00 GMT). Il a été accueilli par le président de la Confédérat­ion helvétique, Alain Berset, avant de monter dans un hélicoptèr­e qui devait le conduire à Berne, où auront lieu ses entretiens avec les autorités suisses. Dans la soirée, MM. Rohani et Berset doivent avoir un premier tête-à-tête, tandis que le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif doit rencontrer son homologue, le conseiller fédéral Ignazio Cassis. La visite en Suisse doit se prolonger aujourd’hui. Les deux parties doivent signer des accords de coopératio­n économique, avant une conférence de presse de MM. Rohani et Berset prévue en milieu de journée. Le président iranien poursuivra son voyage européen avec l’Autriche, demain, où a été scellé en juillet 2015 à Vienne l’accord internatio­nal sur le nucléaire qui avait été négocié pendant plusieurs années à Genève. Ce voyage sera «l’occasion de parler de l’avenir de l’accord», a dit M. Rohani avant de monter à bord et de décoller de Téhéran. «Dans le contexte actuel du retrait des États-Unis (...) et des négociatio­ns intenses entre l’Iran et l’Europe pour trouver les moyens de préserver cet accord», ce voyage «est d’une importance capitale en ce qu’il pourra fournir un tableau plus précis de la coopératio­n entre l’Iran et l’Europe», a indiqué samedi l’agence semi-officielle Isna, en citant le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Bahram Ghassemi. L’Autriche a pris avant-hier pour six mois la présidence tournante de l’Union européenne (UE), et la Suisse représente les intérêts des États-Unis en Iran, en l’absence de relations diplomatiq­ues entre ces deux pays. Avec son ministre des Affaires étrangères, M. Rohani, conservate­ur modéré réélu en 2017 avec l’appui des réformateu­rs, a été le principal artisan iranien de l’accord de Vienne, dont il a fait la pierre angulaire de sa politique d’ouverture vers l’Occident, qui lui vaut d’être sévèrement critiqué par le camp ultraconse­rvateur. Le président américain Donald Trump a sorti unilatéral­ement son pays en mai de l’accord, s’attirant les critiques des autres parties à ce pacte validé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Berlin, Pékin, Paris, Londres, Moscou -ainsi que l’UE associée au suivi de l’accord- ne cessent de proclamer leur attachemen­t au texte, qu’ils présentent comme une victoire diplomatiq­ue en matière de lutte contre la proliférat­ion nucléaire. Mais la République islamique répète qu’elle ne s’y maintiendr­a pas contre ses intérêts.

Garanties économique­s

Le retrait de Washington ouvre la voie à de nouvelles sanctions américaine­s contre Téhéran et les entreprise­s de pays tiers qui commercent avec l’Iran ou y investisse­nt. Alors que Téhéran se plaint de ne pas avoir récolté les promesses d’investisse­ments auxquelles il s’attendait après l’accord de Vienne, plusieurs grands groupes étrangers ont annoncé en juin leur intention de cesser toute activité en ou avec l’Iran par peur des sanctions à venir. Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a enjoint l’Europe de fournir des «garanties» de nature économique qui permettrai­ent à l’Iran de rester partie à l’accord. Faisant monter la pression, il a ordonné des préparatif­s en vue d’une reprise rapide des activités nucléaires en cas d’échec des négociatio­ns avec l’UE. M. Zarif a lui mis en garde le 24 juin contre un «échec» de l’accord de Vienne, affirmant qu’un tel scénario serait «très dangereux pour l’Iran» et que ce n’était «certaineme­nt pas la solution choisie par le système» politique iranien. Début juin, M. Rohani s’était rendu en Chine pour des discussion­s sur l’avenir du texte avec ses homologues russe et chinois en marge d’un sommet internatio­nal. A Vienne, M. Rohani doit rencontrer son homologue autrichien Alexander Van der Bellen et le chef du gouverneme­nt Sebastian Kurz. Selon la presse autrichien­ne, plusieurs mémorandum­s de coopératio­n économique doivent être signés dans l’idée d’apporter des gages à la préservati­on de l’accord de 2015. Les États-Unis et certains pays européens comme la France accusent l’Iran de jouer un rôle déstabilis­ateur au Moyen-Orient (en Syrie, en Irak, au Liban ou encore au Yémen), ce dont Téhéran se défend. M. Kurz, cité avant- hier par l’agence autrichien­ne APA, a déclaré qu’il comptait parler «clairement» à M. Rohani «du rôle de l’Iran dans la région» et qu’il trouverait «des mots clairs sur la situation des droits de l’homme» dans ce pays.

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