« Délire footeux »
Si, vraiment, les «affaires» du ballon rond ont détourné les Tunisiens des affaires de la cité, au vu de cette dernière coupe du monde, on dira que oui. Assurément, oui. Cela remonte aux éliminatoires de l’hiverprintemps. Le pays trimait tous azimuts. Mais le public regagnait les stades, renouait avec la sélection. Celle-ci venait pourtant de changer d’entraîneur, et elle devait se déplacer à Brazzaville et en Guinée. La Russie paraissait bien loin. La suite est connue : tout lui a réussi. Et au beau milieu d’une crise économique, sociale et gouvernementale aiguë, pratiquement sans issue, nous avons, tous, recommencé à rêver de beau foot et de grands succès mondiaux. Et cela s’est poursuivi après la qualification. Lors de la période dite de préparation. Un bon trimestre, pour tout dire, à compter et à recompter d’improbables atouts, à nous enorgueillir d’une (bien étrange) place Fifa, à célébrer de faux matches amicaux. Jamais le football national ne nous a autant bernés, autant éloignés de nos réalités. L’entraîneur national y a, même, ajouté du sien : «Nous irons aux quarts !», a-t-il lancé «au nez» de ses joueurs, et devant une presse internationale ébaubie. Mais, summum du leurre ! même après la «raclée belge», même après la («honteuse») sortie nous ne retomberons toujours pas sur terre. Le ballon rond a causé «notre perte», c’est dans le ballon rond que nous chercherons encore «notre salut» !?! Une fuite en avant. Pour preuve, amère: ces plateaux quotidiens où toute une élite, médiatique, sportive, politique (hélas, parfois) vient, depuis deux semaines, s’épancher sur les «conditions» du foot, les heurs et les malheurs du foot, pis : crier à tue-tête, réclamer des têtes, hurler au scandale et à l’oubli. «Vivre ? Comment donc ? Alors que notre sport roi se meurt, sans victoires, sans honneurs, sans champions» ?La devise «injectée» à tout un peuple, aujourd’hui, dans le malheureux sillage de cette coupe du monde de Russie, se réduirait à ces seuls mots, à ces «tout petits» mots. En somme, à ce «délire footeux» qui ne nous mènera nulle part en tout état de cause, et qui (du moins pour l’heure) nous détournera toujours de l’essentiel : du développement, de l’emploi, de la justice sociale, de l’éducation. Des réels problèmes du pays. Des vraies affaires de la cité !
…Vivre ? Comment donc ? Alors que notre sport roi se meurt, sans victoires, sans honneurs, sans champions ? La devise «injectée» à tout un peuple aujourd’hui, dans le malheureux sillage de cette Coupe du monde de Russie, se réduirait à ces seuls mots, à ces tout petits mots… En somme, à ce «délire footeux»…