La Presse (Tunisie)

...Ou la peur de gagner?

On les annonçait comme des candidats crédibles pour le titre. Après leur qualificat­ion poussive face au Danemark, les Croates ont perdu une partie de leur aura. Car pour gagner un Mondial, le talent ne suffit pas, il faut aussi le mental.

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Ivan Rakitić a les nerfs et les intestins solides. Au moment de croiser sa frappe et de prendre à contre-pied Kasper Schmeichel, le milieu du FC Barcelone doit supporter la pression de tout un peuple. Un peuple qui imaginait son équipe disposer sans mal du Danemark, mais qui a finalement dû s’employer jusqu’au bout de la prolongati­on pour valider son ticket pour les quarts de finale. Une surprise, même si on connaît la solidité collective des Danois. Car il faut se remémorer les récitals de la Croatie au premier tour. Comme deux ans plus tôt pendant l’Euro en France, Luka Modrić et sa bande ont survolé le premier tour dans les résultats comme dans le contenu. Bien plus convaincan­t donc, que la France, l’Espagne ou même l’Allemagne (cette dernière nation bien incapable de sortir de sa poule). Sauf que comme il y a deux ans, la Croatie de la phase à éliminatio­n directe ressemble peu à celle du premier tour : crispée, mal inspirée et sans maîtrise.

Les fantômes de 2016 dépassés ?

Il y a deux ans, cela s’était achevé par un but tardif de Ricardo Quaresma au stade Bollaert-Delelis en conclusion d’une purge sans nom contre le Portugal, le futur vainqueur du tournoi. Ce soir, cela s’est encore terminé très tard — aux penaltys, pour être précis —, mais pas aussi mal pour l’équipe de Zlatko Dalić. Un scénario qui devrait cependant relativise­r, désormais, le statut de favori de la sélection croate : si le talent et le projet de jeu sont là, il manque la force mentale pour être capable de jouer son jeu avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Les optimistes pourront tout de même se dire que la bande à Dejan Lovren a vaincu le fantôme de 2016, et devrait monter en puissance en quarts de finale contre la Russie. Les plus pessimiste­s, en revanche, pourront se dire que c’est tout bon pour le pays hôte : si les Croates ont tellement peiné psychologi­quement en huitièmes de finale contre un modeste outsider, comment vont-ils faire face à un stade hostile et onze morts de faim ? Face aux Scandinave­s, auxquels ils étaient censés être supérieurs dans tous les secteurs de jeu, les Croates ont expériment­é ce que l’on appelle la peur de gagner. Pas forcément anodin pour 23 mecs auxquels l’on rappelle toutes les dix minutes l’exploit de leurs aînés en 1998. Ils ont cinq jours pour changer de mentalité. Car, en face, les protégés de Vladimir Poutine ne se feront pas prier s’ils ont l’opportunit­é d’aller dans le dernier carré.

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La Croatie, doucement mais sûrement

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