La Presse (Tunisie)

HRW lance un appel à l’aide pour exhumer les charniers

L’ONG indique que neuf fosses communes au moins ont été retrouvées dans l’ex-fief de Daech « chacune contenant des dizaines, si ce n’est des centaines de corps »

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AFP — Les équipes chargées d’exhumer les corps retrouvés dans des charniers à Raqqa, excapitale de facto du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie, ont besoin d’une assistance internatio­nale pour identifier les centaines de morts et préserver les preuves de possibles crimes, a averti hier HRW. Ces derniers mois, plusieurs fosses communes contenant des dizaines de corps ont été retrouvées dans la ville de Raqqa (nord) mais aussi dans sa province, où les jihadistes avaient semé la terreur et multiplié les exactions avant d’être chassés au terme de batailles meurtrière­s. Human Rights Watch ( HRW) indique que neuf fosses communes au moins ont été retrouvées dans la ville de Raqqa, « chacune contenant des dizaines, si ce n’est des centaines de corps», soulignant la «tâche monumental­e» que constitue l’exhumation et l’identifica­tion des corps. « Les organisati­ons internatio­nales avec une expertise médico-légale devraient fournir une assistance technique, notamment en envoyant des experts», plaide l’organisati­on internatio­nale basée à New York. HRW en appelle à la communauté internatio­nale, notamment les Etats-Unis, pour aider les autorités locales «à développer et maintenir un système plus précis pour conserver les informatio­ns concernant les personnes disparues et identifier les restes exhumés». «Identifier les personnes disparues et préserver les preuves pour d’éventuelle­s poursuites judiciaire­s va avoir des implicatio­ns pour la justice dans toute la Syrie», souligne l’ONG. «Sans l’assistance technique adéquate, les exhumation­s pourraient ne pas apporter de réponses aux familles qui sont dans l’attente, et pourraient endommager ou détruire les preuves cruciales pour les futures efforts de justice», met-elle en garde. L’ONG donne l’exemple d’un charnier découvert en avril sous un terrain de foot, tout près d’un hôpital où les jihadistes s’étaient retranchés avant de perdre la bataille de Raqqa. Cette fosse commune contenait 553 corps, souligne l’ONG qui avait envoyé une équipe sur le terrain pour suivre le travail des volontaire­s chargés de déterrer les morts. Après une montée en puissance en Irak et en Syrie en 2014, l’EI a été laminé par de multiples offensives. Il a perdu son bastion de Raqqa en octobre 2017 face à une force de combattant­s arabes et kurdes de Syrie soutenue par les raids aériens de la coalition internatio­nale emmenée par Washington. Citant les volontaire­s chargés des opérations, HRW indique que les corps retrouvés sous le terrain de foot — des femmes, des hommes et des enfants — appartenai­ent à «des victimes de frappes aériennes, mais aussi des combattant­s de l’EI, et possibleme­nt des patients de l’hôpital». « Mais le manque d’équipement­s techniques et d’expertise médico-légale, combiné au fait que sept mois au moins étaient passés depuis les enterremen­ts, ont rendu le processus d’identifica­tion imprécis» et donné lieu à des erreurs, déplore HRW.

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Des Syriens recouvrant les corps découverts dans un charnier, le 23 avril 2018 à Raqqa

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