La Presse (Tunisie)

Piqué-Ramos, frérots de la Roja

Eliminée par la Russie, l’Espagne ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Elle a beaucoup trop reposé sur l’efficacité ou l’inefficaci­té de son binôme de magnifique­s. Si Ramos et Piqué partent sur ça, on aura le droit de rigoler, mais aussi de pleurer.

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Quelque part entre les chatons mignons et les grimaces des enfants en bas âge qui goûtent à un citron pour la première fois de leur vie, les séances d’entraîneme­nt du Barça occupent une belle place sur internet dans la catégorie « vidéos addictives à souhait » . On y voit donc des super joueurs multiplier les passes rapides à une touche de balle. Tiki-taka, toque, més que un club, vamos ! Celles où les défenseurs catalans s’entraînent à faire des mains dans leur surface sont introuvabl­es et pourtant, elles doivent bien exister. Sinon, comment expliquer que quinze jours après la patte folle de Samuel Umtiti face à l’Australie, Gerard Piqué a à son tour permis à un adversaire d’égaliser à 1-1 sur penalty à cause d’une main baladeuse ? A Moscou, on voyait mal comment les Russes allaient pouvoir se relancer dans un match dans lequel ils étaient menés et où ils ne faisaient que courir après le ballon. Et puis, sur un centre de Samedov, le déménageur Artem Dzyuba (1,94m, 89kg) a profité d’un marquage un peu lâche de Gerard Piqué pour placer une belle tête. La seule défense que Piqué — dos à l’action — a été foutu de proposer a consisté à lever le bras gauche en étant parfaiteme­nt conscient qu’il allait se trouver sur la trajectoir­e du ballon. Un penalty transformé par Dzyuba plus tard (1-1, 41e), un constat s’imposait : Gerard Piqué (31 ans) et Sergio Ramos (32 ans) sont deux jolis mabouls dont on peut être certain, à peu près à chaque match, qu’ils influencer­ont directemen­t sur le résultat, pour le bien ou le mal de leur équipe. Cette éliminatio­n prématurée des champions du monde 2010 a mille causes, mais concernant le match en lui-même, difficile d’ignorer l’impact énorme du geste de Piqué.

Les bons et les mauvais coups

Cet après-midi, les frérots de la Roja se sont réparti les tâches: Piqué a eu le mauvais rôle en occasionna­nt le but russe et a parfois donné l’impression d’avoir besoin de plusieurs bouffées de Ventoline pour se requinquer ; de l’autre côté, Ramos s’est servi de son brassard de capitaine pour rappeler que le port de ce bout de tissu oblige parfois à être le bon guide qu’il a été. Voilà pourquoi douze minutes lui ont suffi pour ouvrir le score. A la réception d’un coup franc d’Asensio, il a résisté à un plaquage du vieux (39 ans dans treize jours) méchant (ses sourcils sont les plus froncés de l’histoire de la pilosité faciale), Sergey Ignashevic­h, pour marquer on ne sait comment. Enfin si, on a su après avoir vu le ralenti sur l’écran géant du stade que ce but était en fait un csc d’Ignashevic­h, ce qui n’a pas empêché Ramos de célébrer le but comme s’il en était l’auteur. Reste qu’une fois de plus dans sa carrière, Ramos était dans un bon coup. Avant d’en arriver aux tirs au but, l’Espagne, quand elle en avait marre de jouer à la passe à dix, s’en est souvent remise à l’excellence du jeu de tête offensif de ses deux défenseurs pour créer timidement le danger en fin de match (Piqué 89e, 105e, Ramos 90e). Et quand il fallait tuer le temps, Sergio Ramos envoyait une aile de pigeon dans une situation un peu chaude (107e).

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Ramos-Piqué : un Mondial raté

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