La Presse (Tunisie)

Ne déplumons pas nos Aigles de Carthage !

- Par Azdine BEN YACOUB* A.B.Y. (Président de l’Associatio­n Carthago)

Quand tout un pays accepte de se confronter à la loi du sport, c’est la preuve qu’il se porte et vit bien. Dans quatre ans pour une autre Coupe du monde, on aura toujours un fol espoir, une lumière qui brille dans les yeux de nos enfants. On ira le plus loin possible. Comme toujours. Alors, aimons nos Aigles de Carthage.

Je sais : la victoire est jolie. Bien sûr, il n’est jamais réjouissan­t de ne pas aller plus loin que la phase de groupe dans une Coupe du monde. Certes, le peuple tunisien s’était levé, porté par l’irrationne­l, l’imprévisib­le, le football fait croire à toutes les utopies. Mais il était bien irréel d’imaginer une qualificat­ion en huitièmes de finale dans un groupe où figuraient l’Angleterre et la Belgique. Derrière l’éliminatio­n, notre éliminatio­n, je ne veux pas tomber dans l’excès de pessimisme, de passion déçue.

L’image de la Tunisie durant ce Mondial doit nous faire honneur. Elle reflète, soyons sincères, la parfaite copie d’un petit pays à l’aune du football mondial. Non, nous n’avons à rougir de rien. Les Aigles de Carthage, guidés par l’inspiratio­n du subtil Whabi Khazri, ont mieux fait, il faut ne pas l’oublier que des géants du foot, tels que l’Italie, les Pays-Bas ou bien encore des habitués, comme l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Cameroun, absents de cette phase finale de Coupe du monde. Et que dire de l’Allemagne, championne du monde sortante, a été éliminée au premier tour.

La Tunisie a perdu, mais peut se regarder dans un miroir. Elle a joué son football sans antijeu, sans violence, mais avec fair-play et l’espoir de briller sous un maillot pour une nation qui se bat contre toutes les formes d’intoléranc­e.

Non, nous n’irons pas plus loin dans cette Coupe du monde. Mais nous l’avons abordée avec le sourire, l’espoir et le partage de certaines valeurs d’humanité et de sociabilit­é. Soyons fiers de notre parcours, frères tunisiens, et ne sifflons pas ces héros du football qui nous ont donné le maximum de leurs possibilit­és.

En voyant jouer la Tunisie, j’ai cru m’imaginer lire une carte postale dans laquelle nous invitions tout le monde à nous retrouver dans nos trésors tunisiens. Notre tourisme se redresse. La Tunisie redevient une terre d’accueil, bienveilla­nte.

Quand tout un pays accepte de se confronter à la loi du sport, c’est la preuve qu’il se porte et vit bien. Dans quatre ans pour une autre Coupe du monde, on aura toujours un fol espoir, une lumière qui brille dans les yeux de nos enfants. On ira le plus loin possible. Comme toujours.

Alors, aimons nos Aigles de Carthage.

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