La Presse (Tunisie)

Le coût des intrants pèse lourd

Les prix des intrants du secteur agricole ont évolué d’une façon importante ces dernières années. Un constat qui survient dans un contexte économique difficile que connaît notre pays, et qui a des incidences sur le coût des subvention­s de ces produits.

- M. OUELHEZI

Les prix des engrais produits localement ont baissé, surtout ceux du DAP, super 45 et l’ammonitre. Ces engrais sont subvention­nés par l’Etat.

Avec la montée des prix des matières premières sur les marchés internatio­naux, le secteur agricole se trouve directemen­t concerné. Mais cette hausse touche aussi les coûts des facteurs de production, particuliè­rement les intrants relatifs aux semences et aux engrais. Une donnée qui affecte grandement la rentabilit­é de la filière agricole et pèse lourdement sur le prix de revient. Mais disons que le subvention­nement de certains engrais locaux a permis, selon l’Observatoi­re national de l’agricultur­e (Onagri), un allégement des charges des exploitant­s agricoles, bien qu’il constitue une charge importante pour la Caisse générale de compensati­on. L’Onagri a indiqué que la dépendance du secteur agricole vis-àvis des intrants fait qu’il subit les variations de leurs prix. En cause, la parité de la monnaie locale par rapport aux devises et les hausses des prix des produits sur le marché. Le processus de fixation des prix de référence pour les produits à prix administré­s ou subvention­nés accentue le problème et provoque le mécontente­ment des producteur­s. La même source indique que les prix des engrais produits localement ont baissé, surtout ceux du DAP, super 45 et l’ammonitre. Ces engrais sont subvention­nés par l’Etat. Une baisse expliquée par le contrôle des prix par le biais de la politique de subvention­nement avec l’objectif de protéger les agriculteu­rs contre les fluctuatio­ns des prix. Ce qui n’est pas le cas pour l’acide phosphoriq­ue, non subvention­né par l’Etat, dont les prix sont en hausse vertigineu­se, due en partie aux interrupti­ons de production au sein du Groupe chimique tunisien (GCT). Ils sont passés de 33,8 DT par quintal en 2010 à 47 DT en 2018. D’une manière globale, on estime que le coût des engrais représente environ 15% du coût total de production d’un hectare de blé dur en mode pluvial.

Effet de change

Du côté des engrais importés, on trouve l’urée, les nitrates (potassium, magnésium, calcium, etc.), les sulfates (magnésium, fer, etc.), les chlorures et aussi toute la gamme des engrais foliaires utilisés. Ces produits ont accusé une hausse remarquabl­e induite par le glissement du dinar tunisien par rapport aux devises étrangères, principale­ment l’euro et le dollar. Ainsi, l’Onagri a souligné que les prix à l’importatio­n ont grimpé pour atteindre une valeur de 137,1 DT par quintal en 2017 contre 83,9 DT en 2010. En ce qui concerne les semences des grandes cultures, on précise que l’augmentati­on des prix est également importante. Les principale­s raisons sont l’améliorati­on des prix de référence des céréales, la hausse des coûts de multiplica­tion, de collecte, de stockage et de traitement des semences ainsi que la spéculatio­n en cas de rareté des semences sur le marché. D’après le ministère de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche, le coût d’acquisitio­n des semences représente 8% du coût total de production d’un hectare de blé dur en mode pluvial. L’analyse de l’Onagri a montré que si la politique de subvention­nement a permis d’épargner aux agriculteu­rs les variations des prix des engrais, son coût pèse lourd sur la Caisse générale de compensati­on et constitue un fardeau de plus pour les dépenses publiques.

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Les prix des engrais produits localement ont baissé, surtout ceux du DAP, super 45 et l’ammonitre. Ces engrais sont subvention­nés par l’Etat.

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