La Presse (Tunisie)

La Celeste à l’assaut des Tricolores

L’Uruguay n’est pas forcément beau à voir mais il est diablement efficace. D’une manière générale, il pratique un jeu au sol qui est marqué par sa verticalit­é. La France devra forcément en tenir compte cet après-midi.

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Il y a encore dix jours, les Bleus étaient une équipe ennuyeuse à mourir regardée par des masochiste­s et des gens qui ne badinent pas avec le concept d’amour du drapeau. Mais même si la France avait une animation offensive proche du néant, au moins, elle ne prenait pas de but. Un seul sur les trois matchs de poule, et sur penalty. La défense tricolore méritait donc son pouce levé. Ça, c’était pour le verre à moitié plein. Un samedi après-midi frappé du sceau de la folie a suffi pour faire exploser la porcelaine et tout le reste de la vaisselle, verrerie comprise. Ce jour-là, la France a battu l’Argentine 4-3. C’était beau. Magnifique, même. Et complèteme­nt fou. Mais dans «4-3» , il y a «3» . C’est-à-dire le nombre de buts marqués par l’équipe adverse. Et quand, comme l’a fait la France, on a passé deux semaines à vanter sa solidité défensive en expliquant que c’était la marque des équipes qui vont loin dans la compétitio­n, ça la fout mal. Enfin, en théorie. Car le rush d’adrénaline lié à la victoire a été tellement puissant que les trois pions encaissés sont finalement passés comme une lettre à la poste. Les Bleus ont pris trois fois plus de buts en un seul match que lors des trois premières rencontres de la Coupe du monde. Mais l’important, c’est que lors de ce même match, ils en ont marqué plus que depuis leur entrée en live face à l’Australie. Alors pourquoi chipo- ter? L’équipe de France a une force, c’est de voir la vie du bon côté. «La positive attitude», comme l’a dit Rami récemment. Offensivem­ent, c’est enfin le feu. Et contre l’Argentine, la France a claqué quatre buts en quatre tirs cadrés. A partir de là, personne n’a envie d’entendre un rabat-joie ajouter qu’elle en a également pris trois en seulement quatre tirs cadrés. L’Uruguay est prévenue !

Le 4-4-2 en losange de l’Uruguay

Doyen des sélectionn­eurs présents au Mondial (71 ans), Oscar Tabarez est un personnage très respecté en Uruguay. Ancien instituteu­r, il a toujours eu cette envie de transmettr­e. Prenant en charge les moins de 20 ans de son pays en 1983, il a vécu une carrière riche en tant qu’entraîneur. Coachant Boca Juniors à deux reprises (1991-1993 et 2002), il a également officié en Europe sans vraiment de succès (Cagliari, AC Milan, Real Oviedo). Il s’est surtout distingué en tant que sélectionn­eur de la Celeste. Pour sa première expérience (1988-1990), il a emmené l’Uruguay en finale de la Copa America (1989) et en 8es du Mondial 1990. Puis il a pris du recul avant de revenir en 2006. Il propose ainsi à l’Uruguay un vrai projet sur la formation et la culture des joueurs. Et les résultats suivent : une demifinale du Mondial en 2010, une Copa America glanée en 2011. Toujours qualifiée en Coupe du monde depuis sa prise de fonctions, Tabarez veut ainsi une nouvelle fois emmener ses ouailles dans le dernier carré du Mondial. Face à la Russie et au Portugal, les deux gros matches de la Celeste dans ce Mondial, l’Uruguay a évolué en 4-4-2 losange. Ce schéma permet de densifier l’axe du terrain et oblige les adversaire­s à passer par les côtés. Le but ? Forcer les centres et mettre la charnière Gimenez-Godin dans les meilleures dispositio­ns. Car à ce petit jeu-là, les deux défenseurs de l’Atlético se régalent et sont tout simplement impériaux dans les airs mais également dans les duels. Cela est, finalement, assez similaire à ce que proposait le Danemark aux Bleus (0-0). Les milieux Nandez-Torreira-Vecino ont pour but de protéger la défense et se projettent très rarement. Le jeu offensif de la Celeste passe par trois joueurs. Bentancur qui évolue dans une position de numéro 10 et les deux attaquants Suarez et Cavani (blessé face aux Bleus et qui devrait être remplacé par Stuani). A noter que les buteurs de l’Uruguay ont tendance à s’excentrer pour toucher les ballons et font, généraleme­nt, des courses du côté à l’axe. Cela perturbe fortement les centraux adverses qui n’ont, parfois, personne à proximité. L’Uruguay n’est pas forcément belle à voir mais elle est diablement efficace. D’une manière générale, elle pratique un jeu au sol qui est marqué par sa verticalit­é. La France devra forcément en tenir compte cet après-midi !

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France-Uruguay : qui aura le dernier mot ?

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