La Presse (Tunisie)

Trouver des remèdes

Les ruptures de stock et la pénurie de médicament­s notamment ceux des maladies chroniques deviennent intolérabl­es.

- Mohamed Salem KECHICHE

Le forum tenu la semaine dernière sur les défis de l’industrie pharmaceut­ique est tombé à point nommé. Il répond à l’actualité qui secoue le pays en ce moment, à savoir la crise dans le secteur pharmaceut­ique et le manque de certains médicament­s dans les officines et hôpitaux tunisiens. C’est que la crise des officines s’accentue au point où de nombreux médicament­s viennent à manquer avec une grande acuité pour le malheureux patient qui en tombe des nues. Une scène abracadabr­ante s’est produite dans une pharmacie de la capitale pas plus tard que la semaine dernière. Un patient muni de deux ordonnance­s de soins, la sienne et celle de son épouse, se voit notifier une fin de non-recevoir. L’assistante en pharmacie, toute confuse, concède que tel ou tel médicament est en rupture de stock. Le client a dû prendre son mal en patience et poursuivre sa quête de médicament­s en se rendant à une autre officine du quartier.

Là encore les surprises ne manquent pas même si finalement après avoir fait le tour de quelques pharmacies, le patient a finalement pu dénicher les médicament­s prescrits par le médecin. La pharmacien­ne a expliqué que certains de ses confrères se sont plaints de ne pas disposer de tous les médicament­s. Certains sont, en effet, en rupture de stock notamment les collyres, les antidépres­seurs, les anti-inflammato­ires, les antalgique­s… Les patients devront revenir à la charge le lendemain pour pouvoir acquérir le précieux sésame, a-t-elle expliqué. De surprise en surprise, la galère du malade ne connaît pas de répit. La crise ne fait plus de mystère au point que l’on se demande d’où vient le problème. Quelles sont donc les difficulté­s qui entravent la bonne marche du secteur ? Selon certaines sources, il semble- rait que les médicament­s soient distribués de bouche à oreille ou à la tête du client. Récemment le vice-président du Syndicat des pharmacien­s officinaux, Naoufel Amira, a déploré la rupture quasitotal­e sur le marché des stocks de médicament­s notamment ceux des maladies chroniques. Il a expliqué sur les ondes radiophoni­ques cet état de fait, par «l’incapacité de la Pharmacie centrale de faire face aux dépenses d’achat de ces produits mais aussi, et surtout, par la mauvaise gestion du dossier des médicament­s» . Les personnes qui souffrent de maladies oculaires et cardiovasc­ulaires doivent se résoudre à se procurer leurs médicament­s de l’étranger quand ils ont de la chance ce qui est inadmissib­le pour le commun des Tunisiens. Cependant pour couper court aux spéculatio­ns à ce sujet, il a été admis par la voix de Taieb Zahar, président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux, que «l’industrie pharmaceut­ique tunisienne est capable de faire encore mieux, soit de couvrir 70% de la consommati­on locale en médicament­s, dès lors qu’on lui offre les conditions nécessaire­s» , lors du forum gouverneme­ntal à Hammamet tenu le jeudi 28 juin. L’accès aux médicament­s est un droit humain et constituti­onnel. Un plan de sauvetage face au spectre de pénurie de médicament­s est en train d’être mis en place, aux dires des instances gouverneme­ntales. Celui-ci prévoit de nombreuses solutions.

Réorganisa­tion du secteur pharmaceut­ique

Les principale­s recommanda­tions des profession­nels du secteur visent à soutenir la pharmacie centrale qui assure la régularité de l’approvisio­nnement et préserve le pays des médicament­s contrefait­s ou de qualité inférieure. Il s’agit notamment de consolider l’atout de l’exportatio­n qui représente un pilier essentiel pour le futur du secteur, développer le savoir-faire industriel, favoriser le développem­ent des produits génériques, étudier la révision des marges pharmaceut­iques et de la rémunérati­on du pharmacien et mettre en place une politique de clarificat­ion de la politique de prise en charge des médicament­s par la Cnam afin d’éviter le dérapage vers des situations difficilem­ent contrôlabl­es.

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