La Presse (Tunisie)

Mort d’un cardinal proche du monde musulman

Le Français Jean-Louis Tauran était président du Conseil pontifical pour le dialogue interrelig­ieux

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AFP — Le cardinal français JeanLouis Tauran, très impliqué dans le dialogue avec l’islam, est mort jeudi à l’âge de 75 ans, a annoncé hier le Vatican. Le porte-parole du Saint-Siège, Greg Burke, a confirmé à l’AFP la mort de ce cardinal, originaire de Bordeaux, qui souffrait de la maladie de Parkinson. Il avait d’ailleurs été récemment hospitalis­é aux Etats-Unis. «Le Cardinal Jean-Louis Tauran, que je confie à la miséricord­e de Dieu, a profondéme­nt marqué la vie de l’Église universell­e», a indiqué le pape François dans un télégramme adressé à la soeur du prélat français décédé, Geneviève Dubert. «Il fut un conseiller écouté et apprécié en particulie­r grâce aux relations de confiance et d’estime qu’il a su nouer avec le monde musulman», a ajouté celui qui l’avait nommé camerlingu­e, dont la fonction est essentiell­ement d’assurer la transition entre deux papes. «Je garde un souvenir ému de cet homme à la foi profonde qui a servi courageuse­ment jusqu’au bout l’Eglise du Christ malgré le poids de la maladie», a encore ajouté le pape argentin, qui a fait part de sa «tristesse» à l’annonce de ce décès. Le cardinal français était le président du Conseil pontifical pour le dialogue interrelig­ieux, un poste clé dans les rapports entre monde catholique et islam. A ce poste, équivalent à un ministre au sein du gouverneme­nt du Vatican, le cardinal Tauran était l’un des Français les plus hauts placés au sein de la Curie romaine. «Les évêques de France perdent un frère dans l’Episcopat, humble serviteur de l’Eglise, fervent artisan d’un dialogue profond, lucide et en vérité avec les autres croyants», a réagi sur Twitter le porte-parole des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau Dumas. Mgr Georges Pontier archevêque de Marseille, et président de la Conférence des évêques de France, a rappelé de son côté que Mgr Tauran avait «donné toute sa vie pour le service de l’Evangile et de l’Eglise dans la diplomatie du Saint Siège, et toujours au service de la paix dans le monde dans le dialogue interrelig­ieux». Mgr Tauran avait été nommé le 20 décembre 2014 par le pape François camerlingu­e de l’Eglise, dont la fonction essentiell­e est d’assurer l’intérim au Vatican entre deux papes. Un titre important surtout en cas de conclave, ce que le cardinal Tauran n’a donc pas connu. Le cardinal Tauran a toutefois eu un rôle important dans l’élection du pape argentin: alors cardinal protodiacr­e, c’est lui qui a été chargé d’annoncer au monde le nom du nouveau souverain pontife le 13 mars 2013. Le prélat français avait été fait cardinal par le pape Jean Paul II. Le 1er septembre 2007, il avait été choisi par le pape Benoît XVI pour être président du Conseil pontifical pour le dialogue interrelig­ieux. Cet homme érudit et polyglotte, confiait récemment à l’AFP que les relations tumultueus­es avec l’Islam accaparaie­nt la majorité de son temps, lui qui avait été nommé peu après les propos polémiques du pape Benoît XVI sur l’islam. Il avait ainsi activement participé aux préparatif­s du voyage du pape François en Egypte. A propos de l’islam, il confiait que c’était «déjà bien qu’on se parle», mais avouait que sa tâche de diplomate en la matière touchait davantage les élites que les croyants. Jean-Louis Tauran a passé la majeure partie de sa vie au service du Saint-Siège: ordonné prêtre en 1969 à Bordeaux, il avait été appelé à l’Académie pontifical­e ecclésiast­ique dès le début des années 1970. Après un passage en nonciature­s (ambassades), notamment au Liban, il avait été nommé sous-secrétaire pour les relations avec les Etats en 1989, un poste équivalent à celui de vice-ministre des Affaires étrangères.

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