Sonia Mbarek, lauréate tunisienne
Aviez-vous entendu parler de Fatima Fihrya et de son oeuvre avant de recevoir ce prix ? Oui, J’ai visité à plusieurs reprises l’université el quaraouiine à Fès, au Maroc, l’oeuvre incontournable de Fatima Fihrya «la Kairouanaise». Elle fait partie des femmes tunisiennes auxquelles je m’identifie comme Sophonisbe, Zeïneb Bint Abdallah, Aroua El Kairaouania ( avec le fameux Sadek El Kairaouani), Aziza Othmana, Radhia Haddad, Bchira Ben Mrad, Tawhida Ben Cheikh ou Zoubeïda B’chir, et bien d’autres. Ces femmes-leaders sont pour moi un exemple à suivre, pour leur courage et toutes les oeuvres sociales, politiques, scientifiques et culturelles qu’elles ont pu entreprendre, avec intelligence, détermination, et beaucoup de modestie. Aussi loin que remonte l’histoire de la Tunisie, les femmes ont largement contribué à son écriture et à son progrès ; et ce n’est pas par hasard que le grand intellectuel Tahar Haddad s’est évertué à défendre les droits et libertés des femmes dans son livre emblématique «Imraatouna fi al shariya wal mujtamaâ» et que, le grand historien du XXe siècle, Hassen Hosni Abdelwaheb, leur a réservé tout un ouvrage intitulé «Chahirat Al-Tounisiyyat».
Que représente pour vous cet hommage ?
Cet hommage est une reconnaissance du rôle que je joue dans la société tunisienne contemporaine en tant que femme, universitaire, politologue et artiste, à défendre les valeurs du savoir, de la créativité et l’innovation et du travail pour améliorer la situation professionnelle de la femme et promouvoir son statut à tous les niveaux.
Qu’est- ce qui, dans votre parcours, dans votre mission , répond aux critères qui vous ont permis d’être sélectionnée ? C’est une question qu’il faudrait poser aux membres du jury ! Mais je pense humblement que mon parcours pluridisciplinaire et atypique dans la recherche en sciences politiques, dans la création artistique et universitaire, dans la promotion du statut de la femme authentique et moderne réconciliée avec son histoire , les projets que j’ai pu mettre en place au sein du ministère de la Culture, comme le projet de loi sur le statut de l’artiste et les métiers culturels, ainsi que l’approche culturelle participative et solidaire, également la reconnaissance internationale de mon parcours peuvent être à l’origine de cette distinction dont je suis honorée.
Avez-vous des projets qui vont dans le sens des valeurs prônées par le prix ? Je continue mon périple vers l’Europe, les pays arabes et les Etats- Unis, master class et conférences. Je prépare une très grande étude sur les politiques culturelles au Maghreb, précisément les trois pays phares, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, les nouvelles dynamiques et les nouveaux acteurs.