Ces chiffres que l’on parachute
Al’heure de la profonde crise économique et financière que connaît le pays et des polémiques interpartisanes que l’on soulève dans tous les sens quant à l’échec ou au succès de tel ou tel gouvernement, le pays et l’opinion ont besoin de savoir réellement où l’on en est en termes de performances et de contre-performances. De même que les députés, les ministres et les trois présidents.
Des «preuves» faciles
Car les chiffres massues que l’on parachute de temps à autre, tantôt de bonne foi, tantôt pour prouver que ça marche ou que ça foire, se doivent d’être enfin sécurisés pour servir de référence inattaquable départageant analystes, «experts», politiciens et médias. L’on évoque parfois l’origine de ces chiffres (Api, Apia, INS, BCT...) et l’on oublie souvent d’indiquer ces «détails fastidieux» lorsque le fait est d’argumenter. C’est ainsi que l’on se rappelle ce jour pas très lointain où l’ancien gouverneur de la Banque centrale a insinué qu’il ne constatait nullement l’afflux de devises que laissaient supposer les chiffres annoncés par le ministère du Tourisme quant à l’amélioration des performances du secteur. Un secteur dont les opérateurs se déclarent sinistrés et ne paient souvent plus leurs échéances bancaires.
Des déclarations d’intention
Aussi bien pour l’investissement que pour l’emploi et les exportations, les chiffres qui sont balancés avec perte et fracas sont souvent ceux recueillis et «comptabilisés» par l’Api au titre de déclarations d’intentions dont personne n’est en mesure de vérifier ni la véracité ni la faisabilité. C’est donc à ce niveau que se situe le péché originel qui va se répéter en cascade. Sachant que cette déclaration d’intentions ne sert absolument à rien d’autre qu’alourdir les formalités préliminaires des éventuels investissements et à retarder les vraies formalités utiles. Conçue pour promouvoir l’investissement puis l’industrie et enfin l’innovation, l’Agence cachè de plus en plus mal les multiples formalités qu’elle exige des investisseurs aussi bien Tunisiens qu’étrangers.
Supprimer l’Api, l’Apia et le Cepex
Tant et si bien qu’à son passage au ministère du Développement et de la Coopération, Yacine Brahim avait suggéré de supprimer l’Api, l’Apia, le Cepex... au profit d’un organisme allégé unique d’accueil et d’orientation des investisseurs. Seulement voilà, s’écrient en choeur les bureaucrates détracteurs de cette réforme : qui va gérer les «avantages» octroyés et les incitations à l’investissement ? Ces attrape-mouches qui dissuadent les vrais investisseurs au profit des rats de codes d’investissement. Avec le départ de Yacine Brahim, l’idée fait son chemin de garder tous ces organismes de promotion et d’incitation et de les faire chapeauter par la structure d’accueil suggérée par le leader d’Afek Tounès. Quelques couches de bureaucratie seront préservées.