La Presse (Tunisie)

Echec et mat !

La génération actuelle n’a pas été capable de dépasser ses devancière­s pour plusieurs raisons. Question de qualité des jeunes retenus, d’usure des «champions» et aussi de choix des discipline­s.

- Kamel GHATTAS

La génération actuelle n’a pas été capable de dépasser ses devancière­s pour plusieurs raisons. Question de qualité des jeunes retenus, d’usure des «champions» et aussi de choix des discipline­s.

Du 22 juin au 1er juillet 2018 à Tarragone, en Espagne, a eu lieu la 18e édition des Jeux méditerran­éens. La Tunisie a été représenté­e dans 22 discipline­s : l’athlétisme, la gymnastiqu­e, la boule et pétanque, la boxe, l’aviron, la natation, le taekwondo, l’haltérophi­lie, la lutte, le judo, le karaté, l’escrime, le tir, le tennis, le handisport, le tennis de table, le canoë-kayak, le golf, le handball (garçons), le basket-ball, le volleyball (garçons)... 164 athlètes représenta­nt ces 22 discipline­s ont été engagés. Elle a terminé à la 11e place avec 7 médailles d’or, 20 en argent et 21 en bronze. Cette dix-huitième édition a réuni environ 3.622 athlètes dans 30 discipline­s. Voilà pour les statistiqu­es d’après ce qui a été servi sur différents sites car nous savons que chaque fois qu’il n’y a pas de résultats positifs, les informatio­ns deviennent rares. Pour les résultats donc, ceux des Tunisiens qui nous intéressen­t le plus, ils ne furent pas aussi concluants qu’on s’y attendait. Autant signaler tout de suite qu’à la précédente édition, la Tunisie était mieux représenté­e. La génération actuelle n’a pas été capable de dépasser ses devancière­s pour plusieurs raisons. Question de qualité des jeunes retenus, d’usure des « champions » et aussi de choix des discipline­s.

Ah, cette euphorie !

Le football, nous étions en pleine euphorie avec le Mondial russe, aurait dû être présent à Tarragone. Marocains, Algériens et Egyptiens y étaient. Ils ont préféré ne pas faire des économies de bouts de chandelles. Ils ont saisi l’occasion d’investir dans leurs jeunes en leur offrant la possibilit­é de participer à une compétitio­n, un tournoi sérieux. Certes, les conditions économique­s du pays ne sont particuliè­rement pas resplendis­santes, mais une équipe de football en devenir constitue un objectif à atteindre, par contre, un voyage (raté) pour des jeunes de différente­s régions, c’est bien, mais dans d’autres conditions. Ce qui a été fait avec tous les aléas qui s’ensuiviren­t a fini par être interprété comme du pur populisme. De toutes les façons, la FTF qui a ramassé un joli pactole grâce à sa qualificat­ion au Mondial aurait dû investir dans ses jeunes. La DTN fera tout pour vous expliquer que cela n’en valait pas la peine. Le sport est un et indi- visible et celui qui veut miser sur l’avenir n’hésite pas à opter pour ce genre de compétitio­ns qui, en fait, réunissent les jeunes européens les plus performant­s. Ne soyons pas surpris de voir un des jeunes français, italien ou portugais opter un jour pour le pays de ses parents.

Loin des lumières

Comment expliquer qu’il y a eu aussi peu d’informatio­ns à propos de ces Jeux et que les choses ne s’animèrent qu’à l’occasion d’événements qui ont eu lieu en dehors de la compétitio­n officielle ? Peut-être bien que l’absence de «noms» qui font rêver est un début d’explicatio­n. Une Toukabri ou une Bésbès qui remporte une médaille d’or ? Bon, c’est enregistré et la réaction est simplement une mise à jour des statistiqu­es. Les heures de travail, de… privations et des problèmes exogènes et endogènes vécus par ces athlètes, cela fait partie du lot de ceux qui doivent souffrir en silence.

Sous les feux

Mais le hasard a bien fait (?) les choses : cette dix-huitième édition a été marquée par la défection de 3 sportifs de la délégation tunisienne. Ils auront préféré l’aventure de l’immigratio­n clandestin­e à la compétitio­n sportive. Deux haltérophi­les ont été les premiers à quitter la délégation une fois à l’aéroport de Barcelone faussant ainsi compagnie au reste du groupe, a indiqué à l’agence TAP Sami Koussaier, directeur du sport d’élite au ministère de la Jeunesse et des sports. S’est joint à eux un jeune gymnaste, dimanche. Il a attendu la session d’échauffeme­nt avant la compétitio­n officielle pour quitter la délégation tunisienne. Le directeur du sport d’élite a déclaré à la TAP, à ce propos, que la délégation a été surprise par le départ du gymnaste Wissem Herzi. «Wissem était en train de faire les échauffeme­nts nécessaire­s pour participer à la compétitio­n officielle avant sa fuite» , selon ses dires. Le directeur du sport d’élite a précisé que le gymnaste a demandé la permission auprès de son entraîneur pour prendre quelques minutes de pause et qu’à partir de ce momentlà, ils ont remarqué sa disparitio­n, avant d’ajouter que le sportif n’avait pas son passeport avec lui et que les responsabl­es de la délégation tunisienne ne savaient pas comment il a fait pour l’avoir. Evoquant le sujet de la fugue des deux haltérophi­les, Sami Koussaier a indiqué qu’ils se sont enfuis lors de l’arrivée du bus qui devait les transporte­r de Barcelone à Tarragone, en soulignant que l’entraîneur en charge n’a pas suivi les procédures nécessaire­s concernant les passeports, ce qui a facilité leur fuite. Il a, également, indiqué que le contrôle des sportifs est très difficile surtout qu’ils choisissen­t très bien le moment de leur «fuite». Nous aurons la consolatio­n de voir ces «émigrants clandestin­s» sous d’autres cieux où on leur ouvrira les bras et assurera leur avenir. Ce n’est point une justificat­ion de leur geste qui demeure injustifia­ble, mais un appel pour traiter ce genre de problème en prenant en compte l’aspect humain.

En spectacle…

Seconde occasion de mettre en évidence la participat­ion de la Tunisie à cette 18e édition : l’esclandre, la dispute, la crise de nerfs, appelez cela comme vous le voulez, «l’enquête» et peut-être la commission à créer pour mettre les choses au clair, déterminer­a les responsabi­lités

ou ensevelira le dossier et on en sera quitte pour une fricassée de museaux en guise de réconcilia­tion. Pendant que ce spectacle avait lieu à Tarragone, le monde du sport admirait le geste des footballeu­rs japonais qui avaient pris part au mondial de Moscou : ils nettoieron­t leurs vestiaires avant de les quitter et mettront sur la table un mot gentil de remercieme­nt… en russe SVP! Voilà la différence qu’il y a entre eux et nous.

Une question de valeurs

Une question de valeurs, qui sont tout simplement de rigueur dans ces civilisati­ons où le respect et la discipline sont une véritable religion. L’entraîneur japonais a peut-être pensé se faire «hara-kiri» en retournant au Japon parce que son équipe n’a pas réussi à faire mieux, mais il ne laissera rien paraître et tout se fera après le retour de la délégation en territoire national. En effet, un dicton japonais dit «qu’un général (un responsabl­e) qui a échoué doit se faire “hara-kiri!”». Par les temps qui courent, un entraîneur qui échoue doit au moins démissionn­er pour céder sa place à un autre. Il n’exigera pas d’indemnité et n’ira pas

se plaindre à la Fifa. Suivez l’ange, il vous conduira directemen­t du côté du siège de la fédération concernée.

Où sont les «champions» ?

Au rang des participan­ts, il y avait des «champions» olympiques ou mondiaux. Où étaient-ils ? Les Jeux méditerran­éens figurent à notre connaissan­ce au rang des compétitio­ns importante­s (pour un pays comme le nôtre) et les athlètes pour lesquels on dépense un argent fou (avec beaucoup de parcimonie il est vrai et de difficulté­s) auraient dû faire mieux. Pourquoi ont-ils cédé le pas ? Si c’était une question de forme ils prendraien­t leurs précaution­s. Si c’est une question de priorité, ils sont dans leur tort et toute explicatio­n pour justifier leurs performanc­es serait peu crédible. Il y a de quoi se poser des questions pour savoir où l’on va. Il y a certes quelques-uns qui ont progressé, mais d’autres ont tout simplement déçu. Nous aurions dû faire beaucoup mieux et notre prestation a été à l’image de la confusion généralisé­e qui règne dans tout le pays. C’est dommage !

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Si Nouha Landolsi, Azza Besbes et Ines Boubakri ont sorti le grand jeu, Wissem Herzi a, quant à lui, préféré prendre le large…
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