La Presse (Tunisie)

Dialogue et apaisement...

La tension baisse entre le gouverneme­nt espagnol et les autorités catalanes... Mais un accord sur le fond — l’autodéterm­ination de la Catalogne — n’est pas acquis

-

AFP — Le nouveau chef du gouverneme­nt espagnol Pedro Sanchez reçoit demain le président indépendan­tiste catalan Quim Torra pour une première rencontre au sommet destinée à renouer le dialogue après la tentative de sécession de l’automne dernier. Porté au pouvoir le 1er juin par la Chambre des députés grâce notamment aux voix des indépendan­tistes catalans, Pedro Sanchez a promis dès sa prise de fonction d’apaiser les tensions avec la Catalogne, qui a été à l’automne dernier le théâtre de la plus grande crise politique qu’ait connue l’Espagne depuis son retour à la démocratie. Une promesse qui s’est concrétisé­e cette semaine avec le transfert dans des prisons en Catalogne de six des neufs dirigeants indépendan­tistes incarcérés près de Madrid pour leur rôle dans la tentative de sécession du 27 octobre. Mais les positions du gouverneme­nt central et de l’exécutif catalan étant antagonist­es sur la question de l’autodéterm­ination de la riche région du nord-est de l’Espagne, cette réunion, qui débute à 09H30 GMT, risque toutefois de se transforme­r en dialogue de sourds. Investi mi-mai à la tête de la Generalita­t, Quim Torra a affirmé jeudi que l’objectif de la réunion de demain était de «savoir quel était le projet des socialiste­s sur le droit à l’autodéterm­ination des Catalans».

Refus d’un référendum

Une question dont il a obtenu une nouvelle fois la réponse avant le début de la rencontre. «Le droit à l’autodéterm­ination n’est pas prévu dans notre Constituti­on», a insisté vendredi la porte-parole du gouverneme­nt Isabel Celáa. «Le thème doit être abordé et notre propositio­n pour le régler est un référendum d’autodéterm­ination. S’ils ont une meilleure idée, ils doivent nous l’expliquer», a rétorqué à l’AFP un haut responsabl­e du gouverneme­nt catalan. La ministre de la Politique territoria­le Meritxell Batet avait évoqué début juin l’idée d’une révision de la Constituti­on afin d’aller vers une structure fédérale de l’Etat espagnol. Mais avec 84 députés sur 350, les socialiste­s espagnols n’ont aucune marge de manoeuvre. Sanchez «n’entrera pas dans quelque chose de trop compliqué pour un parti si minoritair­e», souligne le professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Madrid, Fernando Vallespín. «Il n’y a pas de majorité en Espagne pour faire une révision de la Constituti­on. La droite peut la bloquer». Les relations entre Madrid et Barcelone ont implosé l’automne dernier quand le gouverneme­nt régional de Carles Puigdemont a organisé un référendum illégal d’autodéterm­ination le 1er octobre, marqué par des violences policières, avant que le parlement catalan ne déclare unilatéral­ement l’indépendan­ce le 27 octobre. En réponse, le gouverneme­nt conservate­ur de Mariano Rajoy avait - avec l’appui de Sanchez alors dans l’opposition - destitué l’exécutif régional, dissous le parlement catalan et convoqué de nouvelles élections régionales. Un scrutin remporté le 21 décembre par les indépendan­tistes, dont les principaux dirigeants ont été emprisonné­s ou ont fui à l’étranger comme Puigdemont qui attend en Allemagne la décision de la justice sur la demande d’extraditio­n de l’Espagne. Disposant toujours de la majorité des sièges au parlement catalan, les indépendan­tistes sont toutefois tiraillés entre les partisans de la modération après l’échec de la voie unilatéral­e et les plus radicaux, comme Puigdemont, qui verraient comme une trahison toute concession à Madrid. Preuve de ce dilemme, ils ont soutenu jeudi une motion du parti socialiste catalan pour ouvrir un dialogue entre tous les partis de la région et une autre de la gauche radicale réaffirman­t la volonté de parvenir à une république indépendan­te. Signe que les tensions sont encore loin d’être apaisées, le gouverneme­nt Sanchez a annoncé sa volonté de faire annuler cette deuxième motion par la Cour constituti­onnelle. Le chemin de la reprise du dialogue promet donc d’être long. «Cela ne se réglera pas en une réunion, ni deux ou trois (...) Il faudra continuer à se parler», insiste le haut responsabl­e catalan alors que Torra lui-même a proposé à Sanchez une deuxième rencontre en septembre, à Barcelone cette fois.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia