Le Mondial a perdu son latin
L’Europe aura sa quatrième couronne mondiale d’affilée. Domination qui dure depuis 2006. La chute du Brésil et de l’Uruguay vient de baliser le chemin de la suprématie pour le vieux continent.
Tout les «latinos» sont tombés l’un après l’autre dans ce Mondial de Russie décidément destiné à un vainqueur européen. Cela s’est décidé avant-hier après l’élimination de l’Uruguay et du Brésil respectivement par la France (2-0) et la Belgique (2-1). Ainsi, le sort des quatre continents autres que l’Europe (Asie, Amérique, Afrique et Australie) a été scellé sans succès avant même les demi-finales de cette édition qui aura été encore une fois celle de l’Europe. En effet, la dernière fois qu’une nation autre qu’européenne avait remporté la Coupe du monde remonte à l’année 2002. Ce fut avec le Brésil du «Phénomeno» Ronaldo, l’original, pas celui du Real de Madrid. Le Brésil et Ronaldo avaient réussi à l’époque à prendre leur revanche sur l’histoire après leur précédent fiasco de France 98. Et du coup, il va falloir attendre l’édition de 2022 (au Qatar), c’est-à-dire après vingt ans pour voir les autres continents, particulièrement l’Amérique Latine, tenter leur chance de priver l’Europe de sa suprématie devenue incontestée. Et dire qu’avant cela, la règle de l’alternance entre l’Europe et l’Amérique Latine en matière de consécration finale était toujours (ou presque) respectée.
Le réalisme prime l’art
Aujourd’hui, l’on assiste à la vérification d’une vérité qui devient manifestement nette, celle de la victoire du réalisme européen sur l’art ou le romantisme des «Latinos». Pourtant, ces derniers ont eu l’honneur d’avoir récolté neuf trophées depuis 1930 à nos jours : 5 pour le Brésil, 2 pour l’Uruguay et 2 pour l’Argentine. Mieux encore, l’équipe la plus capée dans le monde reste le Brésil qui aura raté de très peu son sixième sacre cette fois-ci. Seulement la technique raffinée, qu’elle soit individuelle ou collective des Brésiliens —donnés pourtant pour super favoris dans cette édition —, n’a pas suffi pour leur permettre de franchir l’écueil de la Belgique qui s’est avérée beaucoup plus forte qu’on le pensait. Son réalisme à toute épreuve et la sobriété de tous ses joueurs conduits par le quatuor terrible composé de Hazard, De Bruyne, Lukaku et Courtois, la prédestinent à atteindre la plus haute marche du podium dans ce Mondial de Russie. Quant au Brésil (et encore moins l’Argentine et l’Uruguay), il n’a à s’en prendre qu’à lui-même car il continue encore de pécher par un romantisme parfois exagéré en favorisant l’art à la «science» et la stratégie. Du coup, les demi-finales, programmées pour les 10 et 11 courant, seront une affaire exclusivement européenne avec France-Belgique et Suède ou Angleterre et Croatie ou Russie. Une autre lecture pourrait égale- ment être faite dans ce Mondial dans lequel tous les géants historiques ayant raflé la majorité des titres précédents, en l’occurrence le Brésil (5), l’Allemagne (4), l’Italie (4), l’Argentine (2) et l’Uruguay (2) seront pour la première fois tous absents des demi-finales. Pour conclure, disons tout simplement qu’une seule explication plausible pourrait être donnée à cette nouvelle donne consacrant l’Europe comme impératrice incontestée du nouveau règne. C’est que quand le travail scientifique est allié au pouvoir de l’argent, le décalage de niveaux s’installe en force et fait toute la différence. C’est tout !