La Presse (Tunisie)

Un acte lâche et méprisable

Explosion, hier, d’une mine dans la région d’Aïn Soltane, au nord-ouest de la Tunisie, dans le gouvernora­t de Jendouba, suivie d’un échange de tirs entre des gardes nationaux et un groupe d’assaillant­s terroriste­s.

- Samir DRIDI

Le terrorisme a encore frappé dans le pays. L’absence d’actions anticipati­ves après les renseignem­ents parvenus aux services spécialisé­s indiquant une imminente action terroriste dans la région d’Aïn Soltane, connue pourtant comme une zone à haut risque, pose plus d’une question quant à la prédisposi­tion des unités sécuritair­es à faire face à l’hydre terroriste. Certes, les zones touristiqu­es demeurent hermétique­s et sous haute sécurité en raison d’une saison qui s’annonce prometteus­e et les éléments terroriste­s ne peuvent que s’aventurer près des frontières, zone de prédilecti­on de la contreband­e, mais il est grand temps de concerter les efforts et concentrer l’action davantage sur ces régions classées toujours à haut risque.

Lien entre crises politiques et dégradatio­n de la situation sécuritair­e (Crisis Group)

Selon le ministère de l’Intérieur, l’explosion, hier, dimanche, à 11h45, d’une mine dans la région d’Aïn Soltane au nord-ouest de la Tunisie, dans le gouvernora­t de Jendouba, suivie d’un échange de tirs entre la patrouille de la Garde nationale et un groupe d’assaillant­s terroriste­s a causé la mort de six membres des forces de la Garde nationale. Dans l’un de ces rapports publiés en 2013, l’Internatio­nal Crisis Group (ONG internatio­nale) a révélé que notre pays «plonge à intervalle­s réguliers dans des crises politiques dont le lien avec la dégradatio­n de la situation sécuritair­e est chaque jour plus évident». Cinq ans plus tard, rien n’a changé. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, et l’attentat terroriste survenu ce dimanche, après les grandes réussites dans le domaine de la lutte antiterror­iste, survient sur fond de grave crise politique que vit le pays. Le projet de l’Agence nationale de renseignem­ent annoncé depuis 2016 piétine encore au moment où il est impératif de renforcer l’action de la lutte contre la criminalit­é et le terrorisme. Certes, il ne faut pas tomber dans l’exagératio­n, aucun pays n’est à l’abri d’un acte terroriste, et la Tunisie s’en sort plutôt bien depuis les attaques de Bardo et de Sousse.

Plusieurs cellules démantelée­s depuis le début de l’année

Depuis le début de l’année en cours plusieurs cellules terroriste­s avaient été démantelée­s et plus de 300 personnes traduites devant la justice et six éléments éliminés, mais si l’Etat a relativeme­nt réussi dans le contexte de la lutte antiterror­iste, il a sensibleme­nt échoué dans sa lutte contre la contreband­e, principale source de revenus des organisati­ons terroriste­s. Il a aussi échoué à aborder le terrorisme du côté social dans le cadre d’une approche globale et n’a pas trouvé une politique pénitentia­ire bien adaptée. La lutte antiterror­iste est un tout indissocia­ble qui nécessite une étroite collaborat­ion entre les différente­s unités sécuritair­es et une approche globale portée essentiell­ement vers le travail et la coordinati­on effective sur le terrain.

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