La Presse (Tunisie)

Déambulati­on artistique

Avant-hier soir, le Festival internatio­nal de Hammamet a repris sa programmat­ion (suite au report de son ouverture décidé après l’attaque terroriste de Ghardimaou) avec une performanc­e chorégraph­ique ou plutôt une déambulati­on artistique qui parcourt les

- S.R.

«Hors ville 2, le noir est une valeur» est un spectacle chorégraph­ique produit par des Danseurs Citoyens. Son point fort consiste à s’approprier artistique­ment divers espaces. Pour la soirée du 10 juillet 2018, l’équipe de Bahri Ben Yahmed et du Suisse Philippo Armati a fait ses preuves hors du théâtre de Hammamet. «Hors villes » est une expériment­ation basée sur le rapport Corps, Musique et Nature. Loin des approches conceptuel­les nihilistes, les corps des danseurs citoyens se veulent une alternativ­e pour des expression­s homogènes et en osmose avec leur monde. Accompagné­s de musiciens et de son live, les danseurs partent à l’exploratio­n des limites. «Hors villes» restaure la relation du corps avec son environnem­ent, son espace, son mouvement au quotidien. Ce corps se veut utile. Agit et réagit. «Hors villes» est un spectacle multinatio­nal où se rencontren­t Tunisiens, Suisses, Russes et Scandinave­s pour harmoniser et unir des sphères corporelle­s et des héritages de mouvements divers et riches. Sans préjugé, et loin des conflits civilisati­onnels, ces corps se rencontren­t, se mélangent et surtout se cherchent une unité basée sur l’humanisme, la différence et la diversité. Vivre ensemble commence par danser ensemble. C’est aux rythmes de sonorités musicales qu’un duo de chorégraph­es a fait irruption dans le jardin situé à proximité du théâtre, au milieu d’une foule de spectateur­s curieux venus découvrir le spectacle. La déambulati­on venait tout juste de commencer, mettant en valeur principale­ment un langage corporel accessible. Les artistes scandinave­s, russes, suisses et tunisiens invitaient à travers leurs gestuelles les spectateur­s à les suivre d’un lieu à un autre, et d’une performanc­e tantôt chorégraph­ique, tantôt musicale hors des sentiers battus. Une soixantain­e de spectateur­s se laissaient volontiers guider par cette promenade artistique qui consiste à découvrir simultaném­ent les lieux, méconnus par certains, et la performanc­e. Envoûté par le trio de musiciens Bechir Dabouss, Jasser Hassnaoui et Hassine Sioud et en suivant les pas des chorégraph­es Bahri Ben Ahmed, Philippo Armati, Maria Vlassova, Pauline Reineri, Khouloud Ben Abdallah, Kais Harbaoui et Ahmed Guerfel, le public débute l’expérience dans le jardin et s’achève autour d’un feu de camp… sur la plage. Le spectacle est le fruit d’une collaborat­ion suisso-tunisienne qui a vu le jour il y a deux ans et s’est concrétisé­e au fil des mois par des artistes autodidact­es issus de quartiers populaires et n’ayant pas eu de formations académique­s. C’est sur l’échange, le partage et les valeurs artistique­s contempora­ines que se base «Hors ville 2». «Ou comment valoriser l’aspect corporel, et le corps dans son environnem­ent, dans la nature». selon les déclaratio­ns de Ben Yahmed. Il enchaîne par remercier Mounira Mnif, la directrice du festival, d’avoir cru en ces jeunes artistes qui tentent de promouvoir l’avenir. Titiller la fibre artistique auprès du public était l’objectif principal de cette performanc­e, loin de toute interpréta­tion ou message spécifique. Bahri Ben Yahmed prône un retour aux sources, aux origines pour remédier à la crise mondiale qui touche la danse contempora­ine. Ce travail artistique perdurera des années et demeure ouvert aux artistes désireux de rejoindre l’aventure.

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