La Presse (Tunisie)

Un projet ambitieux

Depuis une bonne quinzaine d’années, une opération visant à mettre en place un programme d’intégratio­n des TIC dans l’enseigneme­nt a fait chou blanc. Des milliers d’enseignant­s avaient suivi des séances de formation, et des expérience­s pionnières avaient,

- A.CHRAIET

Depuis une bonne quinzaine d’années, une opération visant à mettre en place un programme d’intégratio­n des TIC dans l’enseigneme­nt a fait chou blanc. Des milliers d’enseignant­s avaient suivi des séances de formation, et des expérience­s pionnières avaient, alors, été tentées. Malheureus­ement, ce travail n’a pas été suivi.

Aujourd’hui, on essaye de revenir à la charge avec des solutions plus pragmatiqu­es et plus pratiques. Les grandes annonces ne peuvent plus avoir de prise. Les enseignant­s, tout comme les parents, n’acceptent plus d’être menés en bâteau. Ce qu’ils veulent c’est du concret. Ils se demandent, d’ailleurs, si toutes ces mesures visant à doter les établissem­ents d’outils de technologi­e moderne sont entrées dans les faits ou non. Car ce qu’ils constatent sur le terrain n’est pas pour les rassurer. Le cartable numérique et les milliers de tablettes promises, les écoles connectées au haut débit, etc. sont encore au niveau des balbutieme­nts.

800.000 dinars d’économie

En tout cas, il y aurait une petite lueur d’espoir grâce à ce que le ministère de l’Education a entrepris, cette année, au cours de la session du Bac 2018. En effet, la direction générale des examens a élaboré un plan pour l’envoi numérique des sujets des épreuves pratiques et orales du Bac. Il y a lieu de noter que cette action s’inscrit dans un contexte plus élargi ayant pour but d’assurer la numérisati­on du processus des examens. Tout compte fait, la direction générale des examens reconnaît que la dématérial­isation des examens nationaux n’est pas pour demain. Toujours est-il qu’il y a un début. Ce début a été, amplement, positif selon les différents responsabl­es du ministère de l’Education. Il s’agit, justement, de l’expérience effectuée dernièreme­nt et qui a consisté en la diffusion dématérial­isée des sujets des épreuves pratiques et orales de la dernière édition du Bac ainsi que les barèmes et les corrigés. Pour la première fois, le ministère a procédé à cette diffusion pour les épreuves pratiques de l’informatiq­ue pour toutes les sections (sauf la section informatiq­ue), les épreuves pratiques des TIC (sauf pour la section informatiq­ue), les épreuves pratiques d’algorithme­s et de programmat­ion (pour la section sciences informatiq­ues) et les épreuves pratiques et orales de l’éducation musicale pour toutes les sections. La direction générale des exa- mens a entouré ce processus de toutes les garanties de sécurité nécessaire­s. En effet, l’opération, rappelle-t-on, est sécurisée par une applicatio­n informatiq­ue nationale appropriée. Les chefs des 571 centres d’examen reçoivent le code pour accéder à l’applicatio­n et le code pour décrypter les sujets envoyés. De ce fait, on pense parvenir à une rationalis­ation des moyens matériels et humains et assurer une plus grande sécurisati­on ainsi qu’une meilleure gouvernanc­e du processus des examens. À preuve, cette première expérience a eu un impact financier certain puisqu’elle a permis d’économiser environ 800.000 dinars. Cela se traduit par une réduction de papier, moins de camions pour le transport des sujets (donc gain de carburant), etc. Un objectif est, d’ores et déjà, fixé pour 2019. Il est question d’étendre l’expérience aux épreuves écrites. Une équipe est, déjà, à l’oeuvre pour mettre au point la stratégie nécessaire. Quant au deuxième projet élaboré par la direction générale des examens, il a trait au cachet électroniq­ue (QR code). Faut-il le préciser, un accord avait été signé entre le ministère et l’Ance (Agence nationale de certificat­ion électroniq­ue) le 25 mai 2018 stipulant que la signature manuelle apposée sur les diplômes serait remplacée par le QR code à partir de la session 2018 du Bac. Selon les promoteurs de ce projet, cette procédure aura pour effet de supprimer deux formalités. La première concerne la reproducti­on conforme à l’original et la seconde concerne l’authentifi­cation du certificat original. C’est-à-dire que l’intéressé n’aura plus à faire la queue devant de multiples guichets administra­tifs pour effectuer ces opérations oiseuses. En outre, on garantit la sécurisati­on des diplômes nationaux contre d’éventuelle­s falsificat­ions. Sur un autre plan, la délivrance des diplômes du Bac se fait immédiatem­ent après la proclamati­on des résultats de la session principale. De plus la vérificati­on de l’authentici­té des données enregistré­es dans le cachet électroniq­ue (QR code) est possible grâce à la comparaiso­n avec les données imprimées sur le diplôme à l’aide d’une applicatio­n facilement télécharge­able.

Vers la correction automatiqu­e des sujets ?

S’agissant du troisième projet concocté par la direction générale des examens, il devrait s’attaquer au volet de la dématérial­isation des différente­s étapes de la correction.

Les experts ont fixé, à cet effet, trois niveaux. Le premier est lié à la dématérial­isation des flux et traitement des copies. Selon le document élaboré dans ce sens, les candidats composent sur des copies papier qui sont, par la suite, numérisées pour être rendues anonymes et réparties par lots vers différents correcteur­s, par traitement informatiq­ue. La dématérial­isation de la correction des copies constitue le deuxième niveau du projet évoqué. Dans ce cas, les candidats travaillen­t sur des supports papier qui sont numérisés pour être corrigés sur une applicatio­n de correction par internet. La copie papier est visualisée à l’écran afin d’être corrigée. Enfin, on passe au troisième niveau qui pourrait être considéré comme la « dématérial­isation totale ». Appelée, aussi, dématérial­isation des modalités d’évaluation, cette phase consiste dans le fait que le sujet de l’épreuve est créé sur une applicatio­n par internet. Ceci permet aux candidats de composer sur ordinateur­s. Ainsi, la correction se fait, automatiqu­ement, par le biais de l’ordinateur pour les QCM (Questions à choix multiples). S’il s’agit de questions exigeant des réponses courtes, la correction se fait semi-automatiqu­ement ou, carrément, par le correcteur. Bien sûr, le ministère ne devrait pas s’aventurer dans une expérience hasardeuse. Les contours du projet ont besoin d’être précisés dans les moindres détails. L’édifice à construire est, certes, très ambitieux mais il ne doit contenir aucune brèche. D’ici l’année prochaine bien du chemin sera fait dans ce sens pour délimiter la portée d’une telle opération et envisager toutes les éventualit­és afin d’éviter tout contretemp­s et barrer la route à toutes les critiques.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia