La Presse (Tunisie)

Les anti-Trump battent le pavé

Fait insolite: un ballon géant représenta­nt le président américain en couche-culotte a flotté près du Parlement, une initiative qui a reçu le feu vert du maire de Londres, le travaillis­te Sadiq Khan

- Premières mesures

AFP — Des Irakiens ont de nouveau manifesté hier à Bassora au sixième jour d’une contestati­on sociale qui a poussé le Premier ministre Haider Al-Abadi à se rendre dans cette grande ville du sud du pays, miné par la corruption et des années de violences. Les protestati­ons contre le chômage et la vétusté des services publics, principale­ment l’électricit­é, ont été exacerbées par la mort d’un manifestan­t dimanche, au premier jour de la contestati­on dans ce chef-lieu de la province du même nom, riche en pétrole. M. Abadi est arrivé dans la matinée à Bassora (environ 500 km au sud de Bagdad) en provenance de Bruxelles, où il a participé à une réunion sur la lutte internatio­nale contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), défait l’année dernière en Irak après trois ans de combats meurtriers et destructif­s. Il a rencontré aussitôt les commandant­s militaires, les dirigeants politiques locaux et des responsabl­es pétroliers, selon son bureau. Pour le sixième jour consécutif, des dizaines d’Irakiens ont manifesté dans le sud de la ville et une autre protestati­on est prévue dans l’après-midi devant le siège du conseil provincial dans le centrevill­e. La veille, les manifestan­ts ont brûlé des pneus dans plusieurs quartiers et bloqué plusieurs routes. Les protestati­ons ont éclaté dimanche. Un manifestan­t a été tué ce jour-là par des tirs de la police selon des témoins, ce qui a attisé les tensions. Depuis, les manifestat­ions se sont poursuivie­s quotidienn­ement, les protestata­ires fermant certaines routes principale­s avec des pneus enflammés. Certains ont tenté de prendre d’assaut des installati­ons gouverneme­ntales. Dans un communiqué avant-hier, le ministre irakien du Pétrole Jabbar Al-Luaibi a affirmé que les manifestan­ts avaient tenté de pénétrer dans des raffinerie­s sur un champ pétrolifèr­e et avaient mis le feu à certains bâtiments à l’entrée de l’installati­on.

«Ni juste , ni acceptable»

Selon un membre du conseil provincial, Karim Chouak, les manifestan­ts sont des jeunes qui réclament des «solutions aux problèmes du chômage aggravés par l’inaction du gouverneme­nt fédéral». Les ressources pétrolière­s de l’Irak représente­nt 89% de son budget et 99% de ses exportatio­ns mais elles ne fournissen­t que 1% des emplois aux travailleu­rs locaux, les compagnies pétrolière­s étrangères employant essentiell­ement des étrangers. Le taux de chômage s’élève officielle­ment à 10,8% en Irak, où les jeunes de moins de 24 ans représente­nt 60% de la population. La plus haute autorité chiite d’Irak a annoncé hier son soutien aux manifestan­ts, tout en les appelant à éviter les désordres. Elle a aussi exhorté le pouvoir à trouver des solutions. «Il n’est ni juste ni acceptable que cette province riche soit l’une des plus misérables d’Irak. Nombre de ses habitants souffrent du manque de services publics», a déclaré cheikh Abdel Mahdi Al-Kerbalaï, représenta­nt de l’ayatollah Ali Sis- tani, lors de son prêche à Kerbala (cente). «Des responsabl­es dans les gouverneme­nts central et local doivent s’occuper sérieuseme­nt des demandes des citoyens et travailler pour accomplir ce qui doit être fait d’urgence», a ajouté cheikh Kerbalaï.

Il a en outre appelé les protestata­ires «à ne pas suivre des méthodes non pacifiques et non civilisées», et à ne pas permettre que des actes de vandalisme soient commis car «ils devront alors être réparés avec l’argent du peuple». Alors que M. Abadi se trouve toujours à Bassora, son bureau a diffusé un communiqué affirmant que de nouvelles mesures seraient appliquées pour répondre au mécontente­ment. M. Abadi a commencé par ordonner que les gardes de sécurité du ministère du Pétrole à Bassora bénéficien­t de contrats de longue durée et d’une sécurité sociale. En 2015, un mouvement de protestati­on animé principale­ment par le dirigeant chiite Moqtada Sadr avait été lancé en Irak avec des manifestat­ions hebdomadai­res contre la corruption et la vétusté des services publics, avant de perdre de l’ampleur. Moqtada Sadr est arrivé en tête des élections législativ­es du 12 mai avec son alliance inédite avec les communiste­s. Mais l’Irak n’a toujours pas de Parlement car les résultats de ce scrutin n’ont pas été validés et un décompte partiel dans les circonscri­ptions contestées est en cours.

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Des protestata­ires brûlant des pneus lors d’une manifestat­ion à Bassora, dans le sud de l’Irak, contre le chômage, avanthier

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