La Presse (Tunisie)

La santé à deux vitesses

Certains appareils, traitement­s et produits utilisés par les personnes souffrant de maladies chroniques ne sont pas remboursés par la Caisse nationale d’assurance maladie, ce qui ne fait qu’alourdir leurs dépenses

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Quand une personne souffre d’une maladie chronique à l’instar de l’hypertensi­on, du diabète, de la rétinopath­ie ou cardio-vasculaire, elle est obligée de passer tout le reste de sa vie à prendre des médicament­s et à apprendre à vivre avec. Sauf que, lorsqu’on est moins riche que d’autres personnes, la souffrance est plus grande. Car on ne traite pas tous les malades d’une manière égalitaire. Les personnes à revenus moyens sont encore plus malheureus­es. Non seulement elles sont condamnées à souffrir durant leur vie d’une maladie incurable mais aussi elles ne peuvent se permettre d’avoir des médicament­s qui rendent leur maladie supportabl­e et leur vie plus confortabl­e. A titre d’exemple, ceux et celles qui souffrent du diabète de type 2 et qui sont insulinodé­pendants doivent faire des injections quotidienn­es d’insuline. En Europe et dans d’autres pays, ces injections par seringue ont été remplacées par des stylos «autopiqueu­rs» qui ont la même fonctionna­lité mais qui sont beaucoup plus confortabl­es. Bonne nouvelle certes pour tous les diabétique­s, mais malheureus­ement, tout le monde n’est pas concerné ! La raison ? Le coût élevé de ces stylo autopiqueu­rs que ne peuvent seulement se procurer que les personnes diabétique­s qui en ont les moyens. Le reste des malades ? Qu’ils se débrouille­nt comme ils peuvent avec leur maladie ! Notamment ceux et celles qui n’ont pas les moyens doivent se conten- ter du traitement basique (seringues à injection). Les diabétique­s aisés peuvent également avoir accès à un autre traitement pratique et confortabl­e : la pompe à insuline.

Flagrante injustice !

Le hic est que la Caisse nationale d’assurance maladie en Tunisie ne prend pas totalement en charge ces deux traitement­s. Les patients doivent dépenser une fortune pour se les procurer. Alors que tous les malades quel que soit leur sexe ou leur catégorie sociale... devraient avoir les même chances d’accès à la santé ! Ceux qui souffrent de la maladie coeliaque ont le même problème ! Alors que les coeliaques ne peuvent consommer que des produits sans gluten qui coûtent cher, cette maladie n’est pourtant pas reconnue par le ministère de la Santé qui ne rembourse pas les produits sans gluten. Idem pour ceux qui souffrent d’hypertensi­on ou de diabète et qui doivent consommer des produits sans sucres et sans matières grasses qui sont plus chers que les produits ordinaires. Pour une personne atteinte de maladie chronique souffrir de cette maladie est déjà pénible. A cela viennent s’ajouter les dépenses supplément­aires occasionné­es par le régime alimentair­e qu’ils doivent suivre et qui ne font qu’alourdir davantage le budget réservé à leur santé, ce qui rend leur vie plus insupporta­ble. N’est-il pas temps de changer ce système de santé à deux vitesses et simplifier l’accès aux soins à tout le monde ?

H. SAYADI

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