La Presse (Tunisie)

Bonheur et rythmes entre Carthage et Séville

Tous unis d’emblée dans un dialogue de rythmes et de sonorités se faufilant entre les pays, traversant le détroit de Gibraltar pour revenir en Tunisie.

- Hella LAHBIB

Le théâtre de Carthage a brillé vendredi soir sous les lumières de la cinquante-quatrième édition. La soirée d’ouverture «De Carthage à Séville» annonce une nouvelle session qui court jusqu’au 17 août. Voilà plus d’un demi-siècle que le festival internatio­nal cadence la vie des Tunisiens qui se sont déplacés par une nuit chaude, même sur les hauteurs de Carthage. A cette soirée importante étaient présents également le ministre de la Culture et nombre d’officiels. Comme de tradition, le spectacle inaugural se veut une production tunisienne, cette fois-ci revendiqua­nt un ancrage régional enrichissa­nt. Conçu par le maestro Mohamed Lassoued, ce voyage entre le Maghreb et l’Andalousie a vu la participat­ion de cinq artistes, dignes représenta­nts de leurs contrées. Zied Gharsa et Dorsaf Hamdani de Tunisie, avec le chanteur algérien Abbas Righi, la chanteuse marocaine Abir El Abed et l’Espagnole Maria Marine. C’est Mohamed Seifallah Ben Abderrazak qui en a assuré avec brio la direction artistique. Les dieux se sont donné le mot pour faire de ce concert un succès ; une sono parfaiteme­nt réglée, des lumières virevoltan­tes, une mise en scène soignée : tout annonçait une conception différente et innovante. La troupe nationale de musique comme les chanteurs portaient des tenues traditionn­elles. La scène était parsemée de blanc, de rose, de vert et de rouge. Les signes avant-cou- reurs laissent augurer une bonne soirée, un moment artistique à la fois de qualité et festif. Les chanteurs ont pris place au commenceme­nt, installés sur des chaises alignées sur l’avant-scène. Point de hiatus donc ni d’allées et venues pour répondre à l’appel. Mais tous unis d’emblée dans un dialogue de rythmes et de sonorités se faufilant entre les pays, traversant le détroit de Gibraltar pour revenir en Tunisie. Le concert est pensé et exécuté dans un subtil mélange musical. Les chanteurs ambassadeu­rs ont chanté ensemble et en solo. L’effet de surprise a été de mise avec l’alternance de reprises connues : «Samra ya samra», «Mahla layali echbiliya», «Ya bint bledi», «Jadaka al gaythou» et de compositio­ns originales.

Patrimoine­s musicaux déployés

Le niveau n’a pas baissé d’un cran, en se passant le micro, tous ont excellé. Les instrument­istes de la troupe nationale au grand complet, du pianiste aux percussion­nistes, le maître de cérémonie Mohamed Lassoued et les vedettes étaient en parfaite symbiose. Zyed Gharsa, dans la lignée des grands artistes tunisiens, a donné le meilleur de lui-même en jouant du luth et en chantant, pour réjouir son public qui l’a longuement ovationné à chaque nouvelle prestation. Dorsaf Hamdani vêtue avec élégance de rouge et or a donné le la avec «Zarani Habibi» et a été très applaudie à son tour. Les noms des hôtes ne signifiaie­nt pas grand-chose pour le grand public qui ne les connaît pas. Une fois ils ont donné libre cours à la leurs voix, une belle surprise était au rendez-vous. Le chanteur algérien Abbas Righi a chanté la Tunisie et les «Mouachahat». Maria Marine avec sa voix rauque a assuré à travers un échange harmonieux avec ses pairs. Elle était accompagné­e d’un guitariste, d’un percussion­niste et d’une danseuse de flamenco qui a fait sensation avec deux numéros de danse. Quant à la jeune Marocaine Abir El Abed, elle s’est illustrée par sa bonne humeur. A l’aise, spontanée, et, pour ne rien gâcher, dotée de très grandes capacités vocales. Elle a séduit et plu et a été très applaudie par des gradins en ébullition. Durant deux heures et demie, les patrimoine­s musicaux tunisien, algérien, marocain et andalou ont été déployés sur des morceaux du malouf, des mélodies entraînant­es et des airs de flamenco. Les musiciens et le quintet vocal étaient parfaiteme­nt raccordés sous la baguette d’un chef d’orchestre expansif. Cette soirée inaugurale qui octroie habituelle­ment son identité à la nouvelle édition du festival a relevé le défi. Les chemins musicaux reliant Carthage à Séville ont été ainsi parcourus avec bonheur pour susciter de belles émotions et parfois même donner des frissons. Bravo à tous !

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(Photos A. BELAID)
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