La Presse (Tunisie)

Début de l’évacuation des rebelles

Les bus arrivés dans la matinée étaient stationnés sur la route de Sajna, qui relie les zones ancienneme­nt tenues par l’opposition à celles qui étaient déjà sous le contrôle du régime

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AFP — L’évacuation de combattant­s et de civils syriens depuis la ville méridional­e de Deraa vers le nord du pays a commencé hier, plus de sept ans après le début du soulèvemen­t populaire contre le régime de Bachar Al-Assad dans cette région hautement symbolique, désormais dans l’escarcelle de Damas. «Plusieurs centaines de combattant­s et quelques-uns de leurs proches sont montés à bord de 15 bus qui ont quitté» le lieu de rassemblem­ent, a rapporté un correspond­ant de l’AFP. «La majorité des personnes évacuées sont des combattant­s, contre seules quelques familles. Selon les registres, 750 personnes devraient quitter (Deraa)», selon ce correspond­ant. La télévision d’Etat a confirmé peu après midi «le début de l’opération de transfert des terroriste­s ayant refusé le règlement (politique) depuis le centre-ville de Deraa vers le nord du pays», utilisant la terminolog­ie du régime pour désigner les rebelles. A l’endroit de stationnem­ent des bus, des femmes et des enfants, faisant partie du cortège, portaient sacs et valises. «Les hommes ont été fouillés par des (militaires) russes, tandis que les femmes ont été inspectées par des femmes membres du régime syrien», selon le correspond­ant de l’AFP. Les bus arrivés dans la matinée étaient stationnés sur la route de Sajna, qui relie les zones ancienneme­nt tenues par l’opposition à celles qui étaient déjà sous le contrôle du régime. Cette ancienne ligne de démarcatio­n a été ouverte il y a quelques jours après l’évacuation des remblais par les forces du régime. D’après le directeur de l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh), Rami Abdel Rahmane, les bus se sont dirigés ensuite vers les abords de la ville où une nouvelle fouille était prévue avant le feu vert final pour rejoindre la province d’Idleb Ce transfert concerne les rebelles et civils ayant refusé l’accord de «réconcilia­tion» conclu le 6 juillet entre les Russes et les rebelles, qui s’apparente de facto à une capitulati­on. Les négociateu­rs russes avaient d’abord exclu toute possibilit­é de départ de combattant­s lors des premiers rounds de négociatio­ns, avant de céder au terme d’âpres discussion­s. L’accord stipule en parallèle le désarmemen­t des groupes rebelles et un retour des institutio­ns étatiques dans les zones qui échappaien­t au contrôle de Damas.

Désarmemen­t des rebelles

Haut symbole de la révolte contre Bachar Al-Assad en 2011, la province de Deraa est tombée dans l’escarcelle du régime au terme de trois semaines d’une offensive éclair ayant fait plier les rebelles et fait 150 morts parmi les civils. Parallèlem­ent à leur évacuation, les rebelles syriens poursuivai­ent hier l’opération de remise de leurs armes lourdes dans la ville de Deraa, conforméme­nt à l’accord parrainé par Moscou. L’agence de presse officielle Sana a indiqué que «des groupes armés dans le centre de (la ville de) Deraa continuent de livrer des armes lourdes à l’armée syrienne», publiant à l’appui des photos de chars et de canons qui appartiend­raient aux rebelles. La remise de l’artillerie lourde et moyenne devrait ouvrir la voie au contrôle total par les forces gouverneme­ntales de ce chef-lieu, où un drapeau national a déjà été hissé jeudi, en guise de victoire du régime.

Qouneitra sous les feux

Sur un autre front de la guerre en Syrie, et suite à la défaite des rebelles à Deraa, les forces du régime bombardent intensivem­ent depuis hier à l’aube la province voisine et stratégiqu­e de Qouneitra, dans le sud de la Syrie, où elles ont déjà pris le contrôle d’une première localité, selon l’Osdh Cette province sensible, contrôlée à 70% par les rebelles, contre 30% pour le régime, jouxte la ligne de démarcatio­n sur le plateau du Golan, en majeure partie occupé et annexé par Israël. «Les bombardeme­nts n’ont pas cessé depuis 3h00 du matin (minuit GMT)», a indiqué à l’AFP M. Abdel Rahmane. «Au moins quatre raids aériens et quelque 850 missiles et obus ont été lancés contre plusieurs localités de la province et des combats acharnés au sol se poursuiven­t entre les forces du régime et les rebelles», a-t-il ajouté, faisant état de la mort de 18 combattant­s du régime, dont trois officiers, et 13 rebelles. Cette opération qui augure du début de la bataille de Qouneitra, selon le directeur de l’Osdh, risque d’avoir des retombées sur le plan humanitair­e, alors que les séquelles de l’offensive contre Deraa n’ont toujours pas été résorbées. «En dépit du retour de dizaines de milliers de déplacés vers Deraa, (...) 160.000 personnes sont toujours à Qouneitra», a indiqué dans un communiqué le bureau de l’ONU chargé des affaires humanitair­es (OCHA).

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