Un couac de communication
“Merci d’avoir perdu votre temps”. Le mot de la fin prononcé par le chef de l’Etat à l’issue de son interview a fait le tour de la Toile et les internautes n’ont pas hésité à considérer que la phrase résume bien l’entretien accordé par BCE à Nessma TV et
Contrairement à ses précédents exercices de communication, le président de la République n’a pas réussi, hier, à marquer les esprits et au passage, l’exercice a amplifié la crise politique. L’interview, diffusée sur la chaîne privée Nessma TV, détenue et dirigée d’une main de fer par l’homme d’affaires controversé Nabil Karoui, n’a cependant pas été diffusée par la première radio privée de Tunisie, Mosaïque FM. Dans un communiqué, la radio justifie son choix par l’absence de transparence dans l’opération de montage, effectuée de manière unilatérale par Nessma TV. La radio avait demandé l’intégralité de l’enregistrement, mais sans succès. Selon les représentants de Mosaïque FM, la radio, tout comme Nessma TV, avait été contactée par la présidence de la République pour interviewer le président. “Nous n’avons pas acheté des droits de Nessma, nous faisons partie intégrante de l’opération”, explique-t-on du côté de Mosaïque FM. De son côté, la chaîne privée Nessma, dans son communiqué, estime n’avoir commis aucune erreur professionnelle et que le montage effectué a été validé par le président de la République lui-même.
Seul un nombre très réduit des conseillers du président était au courant et la famille du président présente pendant toute l’interview
Mais l’autre révélation faite par Mosaïque FM est que l’interview a eu lieu non pas au palais de Carthage comme à l’accoutumée, mais bien au domicile privé du chef de l’Etat. Une interview programmée à la hâte, à l’insu de ses principaux conseillers, à l’instar de Saïda Garrach, qui n’est autre que la porte-parole de la présidence de la République. Selon le journaliste et chroniqueur radio Zied Krichen, seul un nombre très réduit de ses conseillers était au courant. “Pendant toute l’interview, il y avait une importante présence de la famille du président”, précise-t-il. Contacté par La Presse, une source de la chaîne Nessma qui refuse d’être citée nous a expliqué que “samedi (le jour de l’enregistrement), l’administration du palais de Carthage était en congé”. Selon lui, c’est la raison pour laquelle l’interview a été faite au domicile du président. Selon la même source, rien d’important n’a été supprimé lors du montage. “Qui pourrait censurer le président de la République?”, se demande Khalifa Ben Salem, le journaliste qui avait interviewé le président pour le compte de Nessma. Ben Salem s’est toutefois abstenu de citer les noms des conseillers présents lors de l’enregistrement. Nous avons tenté de contacter Neji Zaïri, deuxième interviewer pour le compte de Mosaïque FM, pour comprendre ce qui aurait pu être supprimé de l’entretien avec BCE, mais sans succès.