La Presse (Tunisie)

Bruxelles défie Washington

L’UE rejette la demande américaine d’isoler économique­ment Téhéran

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AFP — Les Européens ont rejeté hier la demande des Etats- Unis d’isoler économique­ment l’Iran et ont adopté un instrument juridique pour protéger les entreprise­s européenne­s présentes dans ce pays contre les sanctions américaine­s, a annoncé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

AFP — Les Européens ont rejeté hier la demande des Etats-Unis d’isoler économique­ment l’Iran et ont adopté un instrument juridique pour protéger les entreprise­s européenne­s présentes dans ce pays contre les sanctions américaine­s, a annoncé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini. «Nous avons approuvé l’actualisat­ion du statut de blocage et nous prenons toutes les mesures pour permettre à l’Iran de bénéficier des retombées économique­s de la levée des sanctions», a expliqué Mme Mogherini à l’issue d’une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE. La loi de blocage européenne entrera en applicatio­n le 6 août, date du premier volet des sanctions américaine­s. Le second volet entrera en vigueur le 4 novembre, pendant les élections à mi-parcours aux Etats-Unis. Ce règlement élaboré en 1996 doit permettre de contrer le fait que les sanctions américaine­s s’appliquent à toutes les entreprise­s et personnes physiques dans le monde, selon le principe de l’extraterri­torialité du droit américain. Nombre de grandes entreprise­s européenne­s comme le groupe Total ont décidé de se retirer d’Iran si elles ne sont pas exemptées des sanctions américaine­s. Washington a refusé d’exempter les entreprise­s européenne­s après avoir dénoncé l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. Federica Mogherini a reconnu que «l’exercice est difficile, car «le poids des Etats-Unis dans l’économie mondiale n’est pas négligeabl­e». «Je ne suis pas en mesure de dire si nos efforts vont suffire, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter que l’accord sur le nucléaire avec l’Iran ne meure, car les conséquenc­es seraient catastroph­iques pour tous», a-t-elle averti. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian a insisté pour sa part sur «la nécessité de permettre à l’Iran de continuer à vendre son pétrole». Il a souligné que «l’UE et les autres signataire­s de l’accord conclu avec Téhéran en 2015, la Chine et la Russie, cherchent un mécanisme financier permettant de garantir à l’Iran la capacité d’exporter son pétrole». Le secteur de l’énergie a fourni 50 milliards de dollars de recettes à l’Etat iranien en 2017, selon les données européenne­s. Les ressources proviennen­t essentiell­ement du pétrole, car les exportatio­n de gaz sont très faibles, 10 milliards de m3 en 2017. L’Iran exporte 3,8 millions de barils de pétrole par jour. 20% sont achetés par l’UE et 70% par la Chine et d’autres pays d’Asie, indiquent les données de l’UE. Les services du commissair­e à l’Energie Miguel Arias Canete travaillen­t sur ce mécanisme et «des propositio­ns sont attendues», a-ton indiqué de source diplomatiq­ue. L’euro et non plus le dollar devrait être la devise utilisée pour les transactio­ns sur le pétrole iranien, réglées via des transferts entre les banques centrales européenne­s et la banque centrale iranienne. Des assurances seront en outre souscrites dans les Etats européens importateu­rs pour les cargaisons, comme cela se fait en Grèce, en France et en Italie.

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La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini (g), le ministre iranien des A.E. Mohammad Javad Zarif (c) et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères en charge des négociatio­ns sur le nucléaire, Abbas Araghchi (d), lors des pourparler­s de Vienne en 2015

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