La Presse (Tunisie)

Le Monde ne suffit pas !

Ces Tricolores-là sont froids de réalisme et ils s’en sortiront ainsi car leur mode opératoire est assumé depuis les huitièmes de finale !

- Khaled KHOUINI

Ça ne s’est pas joué sur un coup de dés, mais le score ne reflète tout de même pas le déroulé du match. Si pour la France, le saint Graal mondial est plus que mérité, la Croatie affiche tout de même des statistiqu­es qui font honneur à ce onze attachant et même attrayant. Possession du ballon la plupart du temps, déterminat­ion, envie et cohésion d’ensemble. Il ne manquait à l’équipe au damier que le métier et la réussite. La marche était peut-être un peu trop haute mais les coéquipier­s de Modric sont à saluer pour l’ensemble de leur parcours. Maintenant, un champion, c’est aussi celui qui sait optimiser ses temps forts. Un peu à l’image de ce diable de Mbappé qui vers la fin a décidé de saisir le moment pour mettre définitive­ment la Croatie à terre. A ce moment précis, il ne restait qu’une bonne vingtaine de minutes quand Deschamps sort de sa boîte et invite les siens a faire le reste. Ce 15 juillet est donc devenu un jour sacré pour les Bleus. Il sera aujourd’hui connu comme celui où les Tricolores sont revenus sur le toit du monde et où cette génération a embrassé l’éternité. Une finale du Mondial, c’est le « Far West » ! Un soleil de plomb, une explosion après l’attente, un moment pour séparer l’éternité de l’oubli ! Et il fallait forcément avoir des nerfs d’acier pour la remporter, cette Coupe ! Car plus de quatre jours que tout ça infuse, que les acteurs viennent raconter au monde leurs souvenirs de 1998, comme si, entre-temps, 2006 n’avait jamais existé! Bref, la rupture avec le passé devait être consommée. Comme des chasseurs de primes, les Bleus ont observé leur proie. A l’affût, ils ont bondi sur le « gibier » comme des carnassier­s ! Face à une Croatie dont on ne connaissai­t rien de la fraîcheur physique après trois prolongati­ons dévorées aux tripes, et des Bleus qui sont montés en puissance au fur et à mesure que la compétitio­n avance, tout était de l’ordre du possible. Oui, cette finale a été disputée, physionomi­e du match oblige. Ce fut une bataille rangée, une vraie. Les Croates ont commencé par se jeter à la gorge de l’équipe de France, dégainant un pressing millimétré via leur football impeccable, et envoyant sur la table leurs tripes ! Ça aurait pu être payant car le Croatie est une vaillante équipe.

Casse-tête technologi­que !

Deux plans de jeu similaires, des intentions claires de part et d’autre. La rencontre aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre. Volet stratégie d’entame de match, la France a érigé son 4- 2- 3- 1 habituel avec Lloris, Pavard, Varane, Umtiti, Hernandez, Pogba, Kanté, Mbappé, Griezmann, Matuidi et Giroud. Idem pour la Croatie qui a proposé un 4-2-3-1 plutôt porté vers l’avant. Le onze croate avait ainsi fière allure avec les Subašić, Vrsaljko, Lovren, Vida, Strinić, Brozović, Rakitić, Rebić, Modrić, Perišić et Mandžukić. Dès le coup d’envoi, rapidement, Didier Deschamps s’est retrouvé sans lumière au milieu avec N’Golo Kanté qui s’est laissé happer par la triplette Rakitić-Modrić-Brozović. Et alors ? Les Bleus savent attendre et se sortir des cordes. Une première fois quand Griezmann s’en va gratter un coup franc côté droit. Et une seconde avant la pause, au bout d’un « casse-tête technologi­que » qui aura vu Ivan Perišić être jugé coupable d’une main après un coup de crâne de Blaise Matuidi sur corner, et à Antoine Griezmann d’inscrire son troisième but de la compétitio­n !

« Hugo Boss » !

C’était dur à avaler pour les Croates qui ont réussi à toucher la « mâchoire tricolore » dix minutes plus tôt grâce au même Perišić, venu pousser Kanté à une faute devant la surface bleue, et terminer la prise dans la foulée, se jouant à l’arrivée de nouveau du milieu de Chelsea. Tout ça était mérité et un nul au moment de compter les points à la pause n’avait rien d’un scandale. Alors, comme si les sifflets de l’armada croate n’étaient pas assez bruyants, le ciel s’en est mêlé ! Un ciel maussade car les Bleus enchaînent les sorties de balle suicidaire­s. Noir même car la Croatie aurait également pu choper un penalty pour une faute de Pogba sur Mandžukić. Gris enfin car Deschamps lui-même sent que la tournure de la chose est étrange ! Puis, alors qu’Hugo Lloris sauve la patrie en cassant une flèche tirée par Rebić, la riposte des Bleus ne se fait pas attendre. Deschamps sort N’Golo Kanté et avance son pion Nzonzi sur le damier. Réponse immédiate sur le terrain. Mbappé s’allume en profondeur, trouve Griezmann en retrait et Paul Pogba fonce pour faire sauter la porte en deux temps ! Pas le temps de dire « ouf » et voilà que Kylian Mbappé enfonce le clou d’une frappe à l’entrée de la surface. La messe était dite car ce mode opératoire est assumé depuis les huitièmes de finale pour ces Bleus-là. Oui, ces Tricolores sont froids et ils s’en sortiront ainsi, point barre ! Cependant, cette fois-ci, ils se sont quand même relâchés parfois, laissant cette finale se relancer quelque peu après la réduction du score croate ! Ce faisant, la fin approchait à grands pas. Lors du temps additionne­l, la piste était forcément dégagée pour les Bleus. Au final, la France est championne du monde au bout de la finale la plus prolifique depuis 1966. Immense !

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