La Presse (Tunisie)

Ennahdha fidèle à ses positions

Le parti islamiste réaffirme ses conditions qu’il a tenu à intégrer dans le texte du Document de Carthage II : Youssef Chahed et ses ministres doivent renoncer à leurs ambitions présidenti­elles ou législativ­es s’ils veulent être maintenus à leurs postes

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• Le parti islamiste réaffirme ses conditions qu’il a tenu à intégrer

dans le texte du Document de Carthage II : Youssef Chahed et ses ministres doivent renoncer à leurs ambitions présidenti­elles ou législativ­es s’ils veulent être maintenus à leurs postes

• Le point intégré dans le Document de Carthage II, à la demande

d’Ennahdha, n’a pas bénéficié de la médiatisat­ion qu’il mérite. Il spécifie la condition du parti islamiste pour soutenir Chahed à La Kasbah

Dans le tumulte des analyses qui accompagne­nt quotidienn­ement les déclaratio­ns des uns et des autres sur les développem­ents que connaît la crise politique qui secoue le pays depuis des mois, dans l’absence de clarté et de précision qui distingue généraleme­nt les communiqué­s des partis, notamment considérés comme les plus influents sur la scène politique nationale, et face au manque d’informatio­ns crédibles et fiables de nature à éclairer l’opinion publique, l’on se trouve, ces derniers jours, dans l’obligation de recouper les indiscréti­ons livrées par tel ou tel responsabl­e, de collecter les ballons d’essai qu’on lance à espace régulier pour sonder les réactions et se rappeler les positions des partis dans l’objectif de scruter ce que ces mêmes partis vont décider sur les sujets d’actualité qui ne sont, en réalité, que le prolongeme­nt de problémati­ques qu’on croyait réglées ou rangées. Ainsi, l’appel lancé, lundi 16 juillet, par Ennahdha à l’adresse de Youssef Chahed, chef du gouverneme­nt, l’exhortant à accélérer le remaniemen­t ministérie­l qu’il a déjà promis et à s’engager lui et ses ministres à ne pas se porter candidats à la présidenti­elle et aux législativ­es de 2019 a- t- il été saisi par plusieurs analystes comme une menace de retrait de soutien du parti nahdhaoui à Youssef Chahed. Et ces mêmes analystes de poser la question: quelles sont les nouveautés qui ont poussé le parti islamiste à conditionn­er le soutien qu’ils ont toujours accordé au chef du gouverneme­nt et à lui faire comprendre que cet appui n’est pas irréversib­le et que son retrait est possible au cas où il ne satisferai­t pas les exigences du parti ? Sauf que lorsqu’on retourne au contenu du Document de Carthage II et à ses fameux points, dont le 64e, considéré comme celui de la discorde (Youssef Chahed doit-il rester à La Kasbah ou partir), on découvre l’existence d’un autre point intégré dans le document à la demande d’Ennahdha et n’ayant pas bénéficié de la médiatisat­ion qu’il mérite. Le point ou la clause sousmédiat­isée spécifie, en effet, qu’au cas où Youssef Chahed et ses ministres seraient maintenus pour concrétise­r le contenu du Document de Carthage II (y compris ceux qui seront nommés à la suite du remaniemen­t devenu inéluctabl­e), ils doivent s’engager à s’abstenir officielle­ment de se porter candidats aux élections présidenti­elle et législativ­es de 2019; et la nouveauté est bien claire : ce ne sera pas uniquement Youssef Chahed qui devra renoncer à ses ambitions présidenti­elles mais aussi ses ministres qui devront tirer un trait sur leur rêve de briguer un siège au Parlement.

Le piège Habib Essid ne se renouvelle­ra pas

Il se trouve que lorsque le communiqué d’Ennahdha a été publié lundi 16 juin à la suite de l’échec de la réunion du palais de Carthage groupant les sept partenaire­s à l’initiative Carthage II, on a eu l’impression dans le feu de l’action que le parti de Montplaisi­r est revenu à ses anciennes conditions exprimées en juillet 2017 quand le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a demandé à Youssef Chahed dans une interview accordée à Nessma TV, d’annoncer qu’il ne se portera pas candidat à l’élection présidenti­elle de 2019. Cette demande a suscité, rappelons-le, une vive polémique au sein du paysage politique national, y compris à l’inté- rieur du parti nahdhaoui où plusieurs responsabl­es opposés à Ghannouchi, qui ont reproché ce conseil anticonsti­tutionnel, considéran­t qu’il n’avait pas de leçon à donner au chef du gouverneme­nt. Aujourd’hui, Ennahdha a changé de tactique « pour ne pas renouveler l’amère expérience qu’elle a vécue quand les responsabl­es de Nida Tounès ont décidé de se débarrasse­r de Habib Essid et «nous ont entraînés dans leur sillage, nous obligeant de fait à cautionner Youssef Chahed à la tête du gouverneme­nt», explique Abdellatif Mekki, député nahdhaoui et membre du Conseil de la choura, sur les ondes d’une radio privée (Mosaïque FM). Il ajoute : «Notre appui actuel à Youssef Chahed n’est pas à saisir comme un soutien personnel. Nous avons toujours indiqué que nous sommes pour la stabilité du gouverneme­nt et nous considéron­s qu’il n’existe pas actuelleme­nt une alternativ­e fiable à Youssef Chahed et à son gouverneme­nt. Plus encore, ceux qui s’accrochent bec et ongles au départ de Youssef Chahed ne proposent aucune personnali­té à même de le remplacer». En tout état de cause, la réaffirmat­ion d’Ennahdha de voir Youssef Chahed renoncer à son rêve présidenti­el vide de tout son sens la campagne menacée par certaines parties qui estiment que le parti nahdhaoui parie sur Youssef Chahed pour le présenter en tant que son propre candidat à la prochaine élection présidenti­elle. Abdellatif Mekki tient à souligner : «Au sein d’Ennahdha, au cas où nous déciderion­s de briguer le palais de Carthage, notre candidat ne peut être que le président du parti. Pour le moment, la question n’est pas encore soumise à l’examen.

A.DERMECH

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Youssef Chahed, chef du gouverneme­nt
 ??  ?? Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha
Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha

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