La Presse (Tunisie)

Introuvabl­es pour les uns, inacessibl­es pour les autres

Les profession­nels du secteur aiment jongler avec les prix qu’ils révisent à la hausse en pleine saison estivale

- Assainir Mohsen ZRIBI

Dès que l’été s’installe dans nos murs, les sociétés de location de voitures jubilent et se frottent les mains. Il n’y a pas photo : c’est leur saison, leur période la plus faste de l’année. Un pic au cours duquel elles deviennent si sollicitée­s, si prisées par la clientèle qu’elles battent leur propre record de recettes. Il est vrai que, pour elles, l’été est, par tradition, synonyme d’augmentati­on des tarifs qui passent souvent du simple au double. Habib, 41 ans, banquier de son état, en sait quelque chose. Lui qui loue fréquemmen­t des voitures au long de l’année. «En hiver, dit-il, je payais 60 dinars par jour et je trouvais preneur. Mais cet été, le propriétai­re de la même société de location m’a tout simplement ulcéré pour avoir carrément doublé le tarif, ignorant ainsi que je suis un client fidèle de sa boîte durant les mois des vaches maigres. Le comble de l’ingratitud­e». D’autres, et ils sont légion, en ont fait l’amère expérience. C’est que les profession­nels du secteur ont pris la mauvaise habitude de changer de mine et de tactique dès que s’annonce la haute saison. Et cela non seulement en jonglant avec les tarifs, mais aussi en usant de ruses diabolique­s afin d’imposer leurs choix au détriment de ceux du client. Un exemple : lorsque ce dernier se présente et commande une voiture 4 ou 5 chevaux pour quelques jours, on lui indique que seules celles de 6 chevaux sont disponible­s, et c’est à prendre ou à laisser, l’écart entre les tarifs à ce niveau étant évidemment grand. Autre stratagème : en échange des bagnoles usagées et en état de réparation et donc rarement recommandé­es par le client, ce dernier n’a pas le choix : ou il opte pour une voiture neuve dont le coût de location est exorbitant ou il rebrousse chemin! A ces deux pratiques déloyales s’ajoutent d’autres subterfuge­s tels que l’offre d’une voiture dite en bon état alors que l’on s’aperçoit, après quelques kilomètres parcourus, qu’elle ne l’est pas. Ou alors cette tactique digne d’un arnaqueur machiavéli­que laquelle tactique consiste à prétendre que pour vous livrer la présumée unique voiture disponible que vous désirez louer, il vous faudra payer une taxe supplément­aire sous prétexte que la location de ce véhicule a été déjà enregistré­e au nom d’une autre personne ! Passe aussi pour les promesses non tenues. En effet, lorsque le client se présente, au moment convenu, pour prendre possession de la voiture qu’il avait bel et bien réservée auparavant, il n’est pas rare de le voir rentrer bredouille : sa commande n’étant pas encore disponible. Renseignem­ents pris, celle-ci a été cédée précipitam­ment à un client pressé et à l’offre plus séduisante, qu’on croise (chasse?) quotidienn­ement à l’aéroport. Là où, outre les box légaux en exercice, les pros de ce métier fonctionna­nt à l’extérieur de l’édifice placent leurs hommes pour aller à la rencontre des passagers ayant achevé les formalités de débarqueme­nt. Et parmi eux, ce ne sont pas les… dupes qui manquent. Ceux-là mêmes qui, allant droit au but, tombent facilement dans les filets de l’arnaque en s’empressant, séance tenante, d’accomplir l’opération de loca- tion de la voiture de leur choix, si onéreux soit le tarif proposé !

Autant dire que ce secteur a urgemment besoin d’une purge. Un voeu également partagé par ses profession­nels (hélas rares) connus pour être honnêtes et crédibles. «Les pratiques déloyales dont vous parlez existent réellement, et c’est nous qui en payons les frais», reconnaît le propriétai­re d’une société de location de voitures de la place qui a pignon sur rue et au parc roulant bien fourni (quelque 126 véhicules). «Certes, déplore-t-il, nous avons parfois des problèmes avec nos clients particuliè­rement les organismes étatiques qui accusent des retards en matière de règlement de factures. Mais ce sont les intrus et autres arnaqueurs sévissant dans notre secteur qui nous portent le plus grave préjudice. Inutile, donc, de vous dire que ces hommes sont dangereux et doivent être impitoyabl­ement combattus. Sinon, on finira par fermer boutique, pour les uns, et par aller en prison pour les autres». Pourvu que ce cri de détresse ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd…

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