La Presse (Tunisie)

Respect des morts

- Par Jawhar CHATTY

PROFANATIO­N cette semaine du cimetière juif de Sousse. Profanatio­n de cimetières tout court. Face à l’horreur et comme dans un réflexe d’autodéfens­e, notre première réaction a été le déni. Nous ne pouvions pas en effet concevoir ou même imaginer, ne serait-ce qu’un instant, que des Tunisiens pouvaient être les auteurs d’un si ignoble acte. Qu’il existe en Tunisie des gens capables d’un si abject forfait. Nous avons ici même, à maintes reprises, décrié et attiré l’attention sur la crise morale et des valeurs que nous vivons. Mais là, avec cet acte qui est en soi une insulte aux hautes valeurs de notre religion, l’Islam, à celles de notre République et à notre tunisianit­é, nous franchisso­ns une limite lourde de conséquenc­es.

L’acte est sans doute isolé et ses auteurs sont des détraqués, ils tombent cependant sous le coup de la loi. Il faudra, en l’occurrence, sévir et la sanction doit être exemplaire.

La Constituti­on tunisienne garantit la liberté de conscience. Cela ne semble apparemmen­t pas suffire pour faire comprendre à certaines personnes la significat­ion de cette dispositio­n lourde de sens. Dans ce cas, il faut que l’Etat, en l’occurrence les pouvoirs publics compétents, assume ses responsabi­lités pour apprendre à ce genre de personnes que ce qu’elles ont commis est un forfait moralement inacceptab­le et juridiquem­ent condamnabl­e qui doit être sévèrement réprimandé.

Le contexte de tension et de crise que vit notre pays depuis bientôt huit ans a malheureus­ement constitué un milieu favorable pour la permissivi­té sans laquelle de tels actes n’auraient jamais eu lieu. La question est beaucoup plus profonde et compliquée que des actes isolés de profanatio­n mettent en cause le système d’éducation dans notre pays qui doit être revu sans délai pour favoriser plus que jamais la culture de la raison, du libre arbitre et de la tolérance…

Rien n’est plus fort, et plus inquiétant, quand le refus du «vivre ensemble» ne concerne plus seulement les vivants, mais les morts aussi.

La question est beaucoup plus profonde et compliquée que des actes isolés de profanatio­n mettent en cause le système d’éducation dans notre pays qui doit être revu sans délai pour favoriser plus que jamais la culture de la raison, du libre arbitre et de la tolérance…

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia