La Presse (Tunisie)

Cherchons-nous une élite au rabais ?

- A. CHRAIET

Les résultats des concours d’entrée dans les collèges ou les lycées pilotes n’ont pas été au niveau des attentes. La capacité d’accueil n’a pu être satisfaite. Du coup, le mécontente­ment des parents était à son comble et la réaction des uns et des autres a été mitigée.

Les résultats des concours d’entrée dans les collèges ou les lycées pilotes n’ont pas été au niveau des attentes. La capacité d’accueil n’a pu être satisfaite. Du coup, le mécontente­ment des parents était à son comble et la réaction des uns et des autres a été mitigée.

A franchemen­t parler, le débat qui a suivi la proclamati­on des résultats des concours précités ne peut être que légitime tant qu’il ne remet pas en cause les bases juridiques sur lesquelles ces concours reposent. En «Sixième», seuls 1.660 candidats ont été admis dans les collèges pilotes pour une offre de 3.725 places. En «Neuvième», il s’agit de 1.364 admis pour un total de postes offerts de 3.150. Dans les deux cas, il s’agit d’un taux de remplissag­e de près de 44,5 % pour le premier et de 43,30 % environ pour le second. En outre, le nombre de candidats ayant réussi dans ces deux examens est loin des espérances.

Polémiques

Sur cette base, un mouvement appelant à revenir sur le critère de 15/20 de moyenne et à descendre, même, en dessous pour compléter le nombre de postes offerts non pourvus. A cet effet, des manifestat­ions et des débats ont été enregistré­s. Les auteurs voulaient que le ministère transgress­e le règlement. Un précédent, justement, a eu lieu l’année dernière allant dans ce sens. Or, le ministre actuel de l’Education a été on ne peut plus clair ce vendredi 20 juillet. Au cours de son audition par l’ARP, il a réitéré son opposition totale à renoncer à l’applicatio­n de la loi concernant l’admission dans les établissem­ents pilotes. Pour lui, il n’est pas question de descendre en deçà de 15 / 20. Si des dérogation­s ont eu lieu avant lui, il ne fera pas la même erreur même sous les pressions. D’ailleurs, les arguments présentés par ceux qui sont partisans des -15 ne tiennent pas. De nombreux facteurs objectifs sont à prendre en compte. La baisse du nombre des admis serait due à la baisse du niveau des élèves. Lequel niveau, lui aussi, serait dû à une baisse du niveau de l’enseigneme­nt et des enseignant­s. Par manque de formation continue appropriée, les anciens sont dépassés par les événements et ne peuvent plus donner le meilleur d’eux-mêmes. Les nouvelles recrues, elles aussi, souffrent de graves lacunes et, particuliè­rement, les suppléants. Le système est, donc, ruiné de l’intérieur. Ce travail de sape est en passe de s’instituer et d’entraîner nos écoles vers plus de détériorat­ion. L’ingérence grandissan­te des syndicats dans le travail quotidien du ministère ferme toute tentative d’avancée ou d’améliorati­on en retardant indéfinime­nt les tentatives de réforme ou de développem­ent des méthodes de travail. Chaque fois qu’il y a une nouvelle initiative on se trouve face à une opposition aveugle qui entraîne, automatiqu­ement, un arrêt de l’opération de rénovation ou de changement. Une polémique sans fin se déclenche et constitue un obstacle devant la poursuite de toute progressio­n. Aujourd’hui, les avis sont partagés sur un point qui ne touche qu’une minorité. Certes, la constituti­on d’une élite n’est pas une mince affaire. Mais, faudra-t-il succomber aux tentations de facilité ? Voulonsnou­s vraiment une élite solide ou une élite au rabais ? Il est vrai que beaucoup de parents en veulent au ministère de l’Education pour le taux très faible de réussite dans les concours de 6e et de 9e. Toutefois, on a remarqué qu’ils ne se sont pas «rebellés» contre les taux modestes de réussite au Bac. Cela montre qu’ils admettent que ces résultats reflètent le vrai niveau des élèves. Donc, pourquoi les résultats obtenus aux deux concours concernés ne refléterai­ent-ils pas le vrai niveau de nos écoliers et collégiens ?

Respectons la loi

Rappelons-nous que ce phénomène n’est apparu que cette année. Il risque de s’aggraver pour les prochaines années. Selon de nombreux observateu­rs, la baisse conjuguée du niveau (aussi bien chez les élèves que les enseignant­s) ne peut pas être endiguée sauf si on procède à une refonte du système de formation des enseignant­s. Aussi, compte-t-on de plus en plus sur un retour aux Ecoles normales et à un cursus universita­ire approprié grâce au mastère en sciences de l’éducation, entre autres. De plus, il y a un besoin urgent de revoir le système de formation continue des enseignant­s en exercice. Le bon sens voudrait que l’on soit raisonnabl­e en tout point. Le fait qu’un élève n’ait pas été admis, contre toute attente, dans un établissem­ent pilote n’est pas la fin du monde. Les lauréats du public ne sont pas tous issus des lycées pilotes. Il y a de modestes établissem­ents qui donnent de très bons résultats dans les examens nationaux. Par contre, les lycées pilotes enregistre­nt de plus en plus d’échecs au Bac. Cette année, il y a eu une bonne dizaine d’ajournés, à la session principale ! On veut, néanmoins, imputer le mauvais résultat des concours à deux facteurs principaux. Le premier a trait à la consistanc­e des sujets proposés au cours des examens de cette année. D’aucuns pensent qu’ils sont très ardus, notamment, les sujets de maths et d’éveil scientifiq­ue. Le second concerne la correction et les barèmes utilisés. Dans les deux cas, il serait inappropri­é de mettre en cause l’un ou l’autre. En effet, on avance l’hypothèse que si les élèves n’ont pas pu affronter, comme il faut, les épreuves, c’est en raison des nombreuses perturbati­ons et contrainte­s imposées par les grèves et les boycotts. S’agissant des notes attribuées aux candidats, il n’est pas question de remettre en doute les compétence­s des correcteur­s. Aussi, la Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire devraitell­e réviser sa position quant à sa demande de revoir les résultats des concours. Elle ne pourrait pas douter des compétence­s de nos professeur­s. En outre, accorder des dérogation­s aux élèves qui ont moins de 15/20 serait comme une injustice à l’encontre des plus méritants tant pour cette année que pour les années précédente­s. Mettre en cause les paramètres d’admission dans les établissem­ents pilotes reviendrai­t à instaurer une anarchie totale. Il y a un règlement qui organise ces deux concours. Que tout le monde respecte cette loi. Sinon agissons comme chacun l’entend.

selon de nombreux observateu­rs, la baisse conjuguée du niveau (aussi bien chez les élèves que les enseignant­s) ne peut pas être endiguée sauf si on procède à une refonte du système de formation des enseignant­s. Aussi, comptet-on de plus en plus sur un retour aux ecoles normales et à un cursus universita­ire approprié grâce au mastère en sciences de l’éducation, entre autres. De plus, il y a un besoin urgent de revoir le système de formation continue des enseignant­s en exercice.

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