La Presse (Tunisie)

De l’argent à jeter par la fenêtre?

Choisir un entraîneur étranger qui coûterait les yeux de la tête pour l’équipe nationale dans cette traversée du désert par laquelle passe notre football serait synonyme de gaspillage.

- Amor BACCAR

Choisir un entraîneur étranger qui coûterait les yeux de la tête pour l’équipe nationale dans cette traversée du désert par laquelle passe notre football serait synonyme de gaspillage.

Dans ce pauvre pays devenu livré à son propre sort et qui navigue à vue tel un navire sans capitaine pour le conduire à bon port, tout est devenu permis et toléré sans risque pour tout type de réfractair­e de répondre de ses forfaits ni administra­tivement, ni judiciaire­ment. D'ailleurs, on va continuer de vivre dans cette fatale et amère nouvelle réalité qui sévit dans notre pays tant qu'on est toujours interpelé à l'avenue de France (et en toute impunité) par des inconnus qui chuchotent à l'oreille des passants «“sarf”, “sarf” (change, change)». C'est le plus fort signe révélant que notre système est presqu'irréversib­lement disloqué. Eh bien, c'est dans ce même environnem­ent que bon nombre de nos institutio­ns fonctionne­nt sans être questionné­es ou même inquiétées pour leur mauvaise gestion. La Fédération tunisienne de football ne fait pas l'exception en se permettant de gérer ses affaires comme si la Tunisie était encore dans ses années de vaches grasses. Sinon, comment explique-t-on le fait que l'on projette d'engager un entraîneur étranger de renom pour prendre en main l'équipe nationale après le départ de Nabil Maâloul. Il s'agirait même du Belge Hugo Broos avec lequel Wadii El Jari et ses collaborat­eurs à la FTF se trouveraie­nt en pourparler­s avancés afin qu'il débarque à Tunis le plus rapidement possible. Et l'on croit même savoir que cet entraîneur exige qu'il soit accompagné d'un staff exclusivem­ent belge avant d'accepter ou non l'offre de la FTF ! Quel commentair­e peut-on faire à propos de ce genre de mauvaise gestion au moment où le risque d'effondreme­nt total de l'économie nationale est dressé au-dessus de nos têtes comme l'épée de Damoclès? Aucun bien évidemment, car les mots et les paroles n'ont plus le moindre effet. C'est que chez nous «les chiens aboient, la caravane passe». Et même si Hugo Broos qui a remporté la Coupe d'Afrique des nations avec le Cameroun (2017) était engagé, qu'espère-t-on? Remporter la Coupe d'Afrique ou passer le premier tour lors de la prochaine Coupe du monde? Quel en sera l'impact sur notre football qui se trouve dans la boue jusqu'au cou? Ne ferait-on pas mieux d'orienter l'argent de l'enrôlement d'une «sangsue» étrangère vers la formation de nos jeunes footballeu­rs et leur perfection­nement dans des stages et des tournois de bonne facture à l'étranger? Ou encore pour le recyclage de nos arbitres dont le niveau a touché le fond ces dernières années? On nous répondra peut-être que la FTF a la latitude de se payer ce genre de luxe après le juteux pactole récolté à l'issue de la qualificat­ion à la Coupe du monde dont l'exclusif artisan et réalisateu­r fut Youssef Msakni. Non, messieurs de la FTF, nous ne voulons plus de vos objectifs irréfléchi­s qui ne servent en rien ni l'équipe nationale ni le football tunisien. L'heure est grave et les Tunisiens préfèrent différer à plus tard la réalisatio­n de leurs rêves internatio­naux plutôt que de voir leurs deniers jetés par la fenêtre. En plus de cela, la qualité de nos joueurs nationaux et profession­nels —qui laisse à désirer— n'encourage pas ce genre de luxe superflu. A bon entendeur, salut !

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Hugo Broos coûterait cher aux caisses de la FTF. En vaudrait-il la peine ?

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