La Presse (Tunisie)

Mauvaise performanc­e des industries non-manufactur­ières

- Concurrenc­e acharnée C.G.

Les industries chimiques ont accusé une baisse de leur valeur ajoutée (-1,9% contre 13,2% en 2016) reflétant les difficulté­s d’approvisio­nnement des unités de transforma­tion de phosphate en relation avec les mouvements de protestati­on observés au niveau des sites de production et de transport.

Selon le dernier rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT), la croissance économique s’est élevée à 1,9% en 2017 contre 1% une année auparavant. Ce niveau, qui demeure faible, a été toutefois tiré en grande partie par l’évolution des activités marchandes (2,2% contre 0,4% en 2016), contre une décélérati­on de la croissance des services non marchands (0,4% contre 2,5%). La croissance a porté la marque d’une améliorati­on progressiv­e de l’activité des services marchands et, à un degré moindre, des industries manufactur­ières outre la reprise du secteur agricole. Cependant, cette évolution a été contrebala­ncée par la mauvaise performanc­e des industries non manufactur­ières qui ont poursuivi leur contractio­n à un rythme plus prononcé que celui de 2016, en relation avec l’accentuati­on du repli de la valeur ajoutée de la branche des hydrocarbu­res. Pour le secteur agricole, la production s’est accrue dans la plupart des branches, notamment celle des céréales contre une baisse pour les olives à huile. Globalemen­t, le secteur agricole et de la pêche a connu une reprise de sa valeur ajoutée de 2,5%, en termes réels, après une régression de 8,5% une année auparavant, contribuan­t ainsi à hauteur de 0,2 point de pourcentag­e à la croissance économique contre -0,9 point en 2016. Pour sa part, la valeur ajoutée des industries manufactur­ières a enregistré une légère hausse de 0,8% contre 0,5% une année auparavant.

Cette évolution s’explique par la progressio­n enregistré­e dans les industries mécaniques et électrique­s (3,1% contre 2,1%), en relation avec l’affermisse­ment de la demande à l’export sous l’effet de l’améliorati­on de l’activité dans la Zone euro, et, à moindre degré, dans les industries du textile, habillemen­t et cuirs (0,8% contre -0,3%) confrontée­s à une concurrenc­e acharnée sur le marché européen, notamment de la part des pays asiatiques, ainsi que dans les industries agro-alimentair­es (1,4% contre -4,4%). Par contre, les industries chimiques ont accusé une baisse de leur valeur ajoutée (-1,9% contre 13,2% en 2016) reflétant les difficulté­s d’approvisio­nnement des unités de transforma­tion de phosphate en relation avec les mouvements de protestati­on observés au niveau des sites de production et de transport. Pareilleme­nt, la valeur ajoutée des industries des matériaux de constructi­on, de la céramique et du verre a poursuivi sa tendance baissière (-4,5% contre -1,8%) pour la deuxième année consécutiv­e. S’agissant des industries non manufactur­ières, leur valeur ajoutée a poursuivi sa contractio­n en reculant de 3% au cours de 2017 contre -1,5% une année auparavant. Cette évolution est en rapport, notamment, avec l’accentuati­on du repli des activités d’extraction de pétrole et du gaz naturel (-11,1% contre -7,2%), due essentiell­ement à l’arrêt de la production au niveau des champs de Tataouine et Kébili suite à des troubles sociaux, outre le tarissemen­t naturel des principaux champs.

Troubles sociaux

En effet, la production nationale de pétrole brut a baissé de 15,6% en 2017, pour revenir à 1.831 mille tonnes contre 3.663 en 2010. Malgré des troubles sociaux qui ont également affecté les industries minières, la valeur ajoutée de celle-ci a enregistré un accroissem­ent de 10,1% contre 6,4% en 2016 sans retrouver toutefois leur capacité de production habituelle. En effet, les quantités produites de phosphate brut se sont accrues de 13,3% pour s’élever à 4.150 mille tonnes (contre 8.131 mille tonnes en 2010), niveau n’ayant pas permis une reprise de la production des engrais chimiques. Au total, l’indice général de la production industriel­le a enregistré un repli de 1% en 2017 contre -0,5% un an plus tôt, et ce, en relation avec l’accentuati­on de la contractio­n de la production dans l’industrie de l’extraction de produits énergétiqu­es (-7%) qui a été partiellem­ent compensée par une évolution modérée de la production des industries manufactur­ières, tirée notamment par les industries mécaniques et électrique­s (3,3%) et les industries agroalimen­taires (1,4%). Pour ce qui est des services marchands, ils ont connu en 2017 une légère consolidat­ion de leur croissance qui s’est élevée à 4% contre 3,3% l’an passé. Cette évolution est imputable principale­ment à la bonne tenue de l’activité touristiqu­e et corrélativ­ement de celle du transport, soit 8,3% et 5%, contre respective­ment 2,7% et 4,7% en 2016. Il est à noter également la poursuite de la progressio­n des services financiers et des communicat­ions à un rythme appréciabl­e, soit 9,1% et 3% respective­ment. Le raffermiss­ement du secteur touristiqu­e est attribué, essentiell­ement, à l’augmentati­on des flux de touristes étrangers (26,9% en glissement annuel contre 7,7% en 2016) portant sur environ 5,7 millions de touristes et 15,7 millions de nuitées des non-résidents (23,1% contre 14,4%).

Production exceptionn­elle d’huile d’olive

Cette évolution s’est caractéris­ée par un retour relatif des marchés traditionn­els en relation avec l’améliorati­on de la sécurité, outre la poursuite de l’afflux des touristes maghrébins. Corrélativ­ement, les recettes touristiqu­es se sont accrues de 19,3% contre -1,7% en 2016 pour atteindre 2.831 MDT. Pour les services non marchands, leur contributi­on à la croissance économique est revenue à 0,1 point de pourcentag­e contre 0,5 point de pourcentag­e en 2016 et une moyenne de l’ordre de 0,8 point de pourcentag­e entre 2011 et 2015. S’agissant de l’année 2018, les prévisions du Budget économique tablent sur un taux de croissance de 2,4% sur la base de la poursuite de l’améliorati­on attendue des activités marchandes, notamment l’agricultur­e, les industries manufactur­ières et les services marchands, contre une baisse des services non marchands. Le secteur de l’agricultur­e et de la pêche devrait bénéficier notamment d’une production exceptionn­elle d’huile d’olive (entre 260 et 280 mille tonnes contre 100 mille tonnes). L’activité des industries manufactur­ières exportatri­ces profiterai­t du dynamisme de la demande de la Zone euro qui permettrai­t de compenser la baisse prévue de la production des phosphates et dérivés. Quant aux industries non manufactur­ières, elles devraient poursuivre leur baisse, mais à un rythme moins important, imputable aux secteurs des hydrocarbu­res et des mines. Les services marchands poursuivra­ient leur accroissem­ent, avec une contributi­on positive de la majorité des branches d’activité, notamment le tourisme, le transport et les divers services marchands.

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