La Presse (Tunisie)

Emir Kusturica enflamme Hammamet

- Hella LAHBIB

Le public s’est trouvé jeté en pleine fanfare gitane, valses country, musique turque, techno, sur fond de sonorités des Balkans. Cette musique complexe et riche que nous aimons tant, où le folklore, les rythmes orientaux et tziganes se mélangent sans complexe.

Le public s’est trouvé jeté en pleine fanfare gitane, valses country, musique turque, techno, sur fond de sonorités des Balkans. Cette musique complexe et riche que nous aimons tant, où le folklore, les rythmes orientaux et tziganes se mélangent sans complexe.

Dans un cadre intimiste que propose le théâtre de Hammamet où l’on se sentirait dans une soirée entre amis plutôt que dans un festival, samedi 21 juillet, c’était la fête. Danse, chant et bonne musique. L’ambiance est à son comble. Emir Kusturica et sa troupe «No Smoking Orchestra» ont déboulé sur la scène vers 22 heures munis de leurs instrument­s pour entrer dans le coeur du sujet. Pas besoin de s’échauffer par un morceau instrument­al, ils l’étaient déjà. 8 musiciens, sans compter la vedette, avec leurs accordéon, trompette, saxo, batterie, violon, piano, guitare, se lancent dans un rythme effréné pour ne plus s’arrêter que vers minuit. Le public s’est trouvé jeté en pleine fanfare gitane, valses country, musique turque, techno, sur fond de sonorités des Balkans. Cette musique complexe et riche que nous aimons tant, où le folklore, les rythmes orientaux et tziganes se mélangent sans complexe. Les spectateur­s, l’un des éléments forts de cette nuit folle, notamment les jeunes, ne se sont pas fait prier pour danser, tanguer et twister dès les premiers sons émis à travers les airs. Sur le palier séparant les deux parties des gradins, ils se trémoussai­ent joyeusemen­t, librement sur des cadences qui l’étaient tout autant.

Joie, musique et liberté

Kusturica est cinéaste de haute volée, deux fois lauréat de la Palme d’or au festival de Cannes, il est acteur et donc aussi musicien. Sa musique s’en ressent. Avec son orchestre, il a joué les bandes originales de ses films, connus par un public qui crie et gesticule à chaque nouveau titre annoncé : Le Temps des Gitans, Arizona Dream, Chat noir, Chat blanc, Undergroun­d. Les chansons, Tic-Tac et Comandante et bien d’autres se suivaient sans répit, entrecoupé­es parfois par un court intermède musical puisé du générique nonchalant de la panthère rose. La scénarisat­ion de la lumière aidant, les fans de Kusturica reprenant les refrains, n’ont pas permis à l’ambiance de se tasser. Le théâtre était en effervesce­nce. Le chanteur et son orchestre ont aussi fait du spectacle. Ils ont dansé, dialogué entre eux par instrument­s interposés, se sont mélangés avec le public. Joyeux, libres, ils rigolaient et sautillaie­nt sans cesser de jouer. Des musiciens virtuoses, avec eux un violon est assimilé à un luth et une guitare est mise sur la tête. Aucune limite pour faire la fête mais aussi épater un public conquis déjà. La chanson Roméo et Juliette a été un autre moment fort de la soirée. Etant une compagnie exclusivem­ent masculine, ils n’avaient pas de Juliette. Alors ils l’ont choisie parmi les spectateur­s. Spontanée, la jeune fille, invitée sur scène, est tout de suite mise à l’aise, elle a interpelé le public à la demande de Kusturica en tunisien, elle a joué le jeu, dansé et chanté. Le public était en symbiose. Très belle soirée, même pour ceux qui sont restés sagement assis, les adultes qui battaient des mains, entrevoyan­t la scène à travers les ombres animées et les têtes ébouriffée­s des jeunes. Emir Kusturica, en short et chaussures de sport, ce Serbe à la bonne humeur communicat­ive, qui aime l’humanité, les musiques du monde, la révolution mexicaine, et plus que tout, la liberté, nous a fait passer un bon moment.

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