La Presse (Tunisie)

La grogne monte

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Le report du programme officiel du festival Jazz à Tabarka a provoqué la grogne des autorités locales, la société civile aussi bien que le public de cette manifestat­ion estivale annuelle qu’abrite annuelleme­nt Tabarka, ville balnéaire du Nord-Ouest du pays.

Le correspond­ant de l’agence TAP à Jendouba a fait notamment état du mécontente­ment des autorités locales qui ont toutes affirmé la disponibil­ité du théâtre de mer à accueillir les spectacles du festival. Elles ont rappelé que cet espace pouvant contenir jusqu’à 6 mille spectateur­s a été inauguré le 8 avril 2018. Le ministre des Affaires culturelle­s avait alors annoncé que l’espace est fin prêt pour abriter des spectacles. Un avis qui vient contredire les raisons avancées par le directeur du comité d’organisati­on du festival Jazz à Tabarka, Mohsen Rezeigui, sur la non-disponibil­ité du théâtre à accueillir les spectacles prévus. A trois jours du début du festival, ce dernier avait tenu, mardi 17 juillet, une conférence de presse à Tunis pour annoncer le report à fin août de la programmat­ion «in» du festival (session principale), tout en maintenant le programme d’animation off, prévue du 20 au 28 juillet. Cette modificati­on de dernière minute au niveau du calendrier de l’édition 2018 du festival a été faite «en concertati­on avec les profession­nels du tourisme dans la région (hôteliers et restaurate­urs) dans un souci de prolonger la saison touristiqu­e dans la région», avait alors soutenu le chargé du festival dans un communiqué rendu public. Le gouverneur de Jendouba, Mohamed Sedki Bouaoun, a réfuté les arguments avancés par les organisate­urs, indi- quant qu’à quelques heures de la publicatio­n du communiqué, ce dernier «a demandé son interventi­on pour avoir une subvention supplément­aire au festival» . Le gouverneur a parlé d’une édition qui «devait être exceptionn­elle et pour laquelle un budget total de près de 500 mille dinars avait été décidé par les ministères du Tourisme et de l’Artisanat et des Affaires culturelle­s» , estimant que «par comparaiso­n avec les dernières années, le festival bénéficie d’un soutien financier record, outre celui des sponsors et mécènes privés». Des arguments contradict­oires qui soulèvent un grand différend entre autorités, comité d’organisati­on et certaines parties impliquées, accu- sées de complicité douteuse visant l’échec d’un festival tant attendu par les mélomanes. Au terme d’une séance d’audition du directeur du comité d’organisati­on tenue vendredi par le conseil municipal local de la ville de Tabarka, un communiqué a été rendu public. Il s’avère qu’un grand conflit existe au sein du comité du festival, sur fond de non-respect des parties impliquées de leurs engagement­s. A cela, s’ajoutent les conditions imposées par l’impresario qui exige la réception de ses honoraires, estimés à 450 mille dinars, avant le démarrage effectif des spectacles. Le correspond­ant de TAP rapporte qu’une pétition du conseil local de la ville de Tabarka a été adressée au gouverneur (qui avait luimême désigné le comité du festival). Pour sa part, le bureau local de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) à Tabarka s’est dit «non convaincu» des arguments avancés par le comité du festival, pointant du doigt «certaines parties hostiles à la création et l’ouverture sur l’autre». D’après Hachemi Zouaoui, membre du conseil municipal local et chargé de la communicat­ion au bureau de l’Ugtt à Tabarka, les deux parties demandent «de lever le voile sur les véritables raisons ayant mené au report du programme officiel du festival». Une réunion houleuse a été tenue samedi au siège de la délégation de Tabarka, sur fond d’accusation­s de corruption financière et de mauvaise gestion des deniers publics à l’encontre de certaines parties. Il en ressort que «les jeunes ont été écartés de la gestion du festival par des vétérans de la région, accusés de non-transparen­ce et de mauvaise gouvernanc­e». Au terme de la réunion, il a été convenu que «le festival se tiendra du 25 août au 1er septembre 2018, ce qui devra affecter l’affluence au festival et sa vocation culturelle et touristiqu­e», a-t-on souligné. Une mise en garde a été alors lancée sur un éventuel échec du festival qui ne serait pas en mesure d’attirer les mélomanes, d’autant que la saison touristiqu­e connaît son apogée au mois de juillet.

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