La Presse (Tunisie)

Je t’aime, moi non plus

L’action citoyenne, pilier de la démocratie participat­ive, est reléguée au second plan, et la relation entre les nouveaux élus au sein d’un même conseil municipal n’est pas au beau fixe en raison des calculs partisans étroits.

- Samir DRIDI

Pour rendre la municipali­té efficace et opérante, il est impératif de tracer des stratégies. Cela requiert le renforceme­nt des compétence­s humaines, des moyens financiers et, surtout, la promotion d’une culture de transparen­ce en termes de gestion. Des défis auxquels les nouveaux élus municipaux seront confrontés durant ce quinquenna­t qui démarre bien pour les uns et très mal pour les autres sur fond de sempiterne­ls clivages politiques qui ont poussé de nouveaux élus à jeter l’éponge et s’éclipser totalement après avoir échoué à glaner la présidence du conseil municipal. Du coup, c’est la notion de la démocratie participat­ive qui se trouve menacée, ce qui pourrait impacter la décentrali­sation et la gouvernanc­e locale.

Des jeunes qui réussissen­t déjà

De jeunes élus municipaux, imbus de bonne volonté, ont émergé du lot et font déjà le bonheur des citoyens dans certaines communes. Ils ont saisi le message et ont multiplié les réunions et les campagnes de propreté, à l’instar de la municipali­té de Menzel Abderrahma­ne à Bizerte et d’autres communes où les jeunes n’ont pas trop attendu pour se mettre au travail, plaçant l’intérêt des citoyens en premier degré. Même sur le plan de la communicat­ion, ils ont très vite réussi à char- mer les citoyens et ont pu les impliquer davantage dans les campagnes de propreté et de respect de l’environnem­ent. Contrairem­ent à ces jeunes élus, de nouveaux conseiller­s municipaux ont eu un petit faible pour les anciennes pratiques, axées notamment sur le show et le comporteme­nt exhibition­niste qui dénote un déphasage avec la réalité et une perte de contact avec les citoyens. Ils sont entrés en hibernatio­n suite à la proclamati­on des résultats et ont sombré dans l’attentisme après l’euphorie trompeuse des résultats des élections municipale­s, au moment où les citoyens piaffaient d’impatience de ressentir ce changement tant attendu et tant espéré. Les citoyens dans plusieurs communes ont très vite dû déchanter . Le paysage postélecto­rale sclérosé ne rassure plus et donne l’impression que la gouvernanc­e locale n’est pas pour demain.

Des municipali­tés encore en stand by

L’élection du représenta­nt du parti Ennahdha à la tête de la municipali­té du Kram malgré la victoire du Nida lors des élections (2.918 voix contre 2.329) est l’exemple édifiant de l’échec de la cohabitati­on entre les partis politiques dans le cadre des élections municipale­s. Du coup, c’est l’indivision qui règne au sein de ce conseil sur fond d’éclipse d’un certain nombre de Nidaistes, ce qui en dit trop sur une cohabitati­on qui s’annonce très difficile et risque de faire écrouler toute la battisse de la démocratie participat­ive dans cette commune et dans d’autres municipali­tés. La décentrali­sation sur le plan de la gouvernanc­e est un pro- cessus long, complexe et semé d’embûches, mais audelà de ces considérat­ions, il faut tracer des stratégies pour répondre aux attentes des citoyens et être en symbiose avec la société civile, dont le rôle demeure primordial dans la réussite de toute action entreprise dans ce cadre, et pour offrir un meilleur service au citoyen et améliorer la situation des communes. Le nouveau Code des collectivi­tés locales a conféré une nouvelle dimension à l’action des conseils municipaux visant à concrétise­r la libre administra­tion et offrir un meilleur service aux citoyens. En plus des compétence­s humaines en mesure d’appliquer à la lettre ledit Code, les municipali­tés doivent être dotées de moyens financiers en vue de concrétise­r les attentes des citoyens, le tout sur fond d’entente entre les nouveaux élus qui sont appelés à travailler dans l’union et à s’assurer une formation adéquate qui tient compte des attentes des citoyens, loin des calculs partisans étroits. Malheureus­ement, ce n’est pas aujourd’hui le cas. Chaque parti applaudit sa victoire et semble reléguer au second plan la lourde responsabi­lité qui lui incombe au niveau de la gestion d’une commune. Demain est un autre jour, semblent se dire nos nouveaux élus.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia