La Presse (Tunisie)

Quand la femme rurale se prend en charge

ATFD : CONFÉRENCE NATIONALE SUR LE RENFORCEME­NT DE LA PARTICIPAT­ION ÉCONOMIQUE DES FEMMES DANS LA RÉGION DU NORD-OUEST

- Dorra BEN SALEM

L’objectif consiste à hisser le taux de participat­ion de la femme rurale dans l’écosystème économique de 20 à 35%. Pour ce, plusieurs programmes ont été établis dont le programme Raida qui encourage à la création de petites et moyennes entreprise­s féminines sans obligation d’autofinanc­ement.

L’objectif consiste à hisser le taux de participat­ion de la femme rurale dans l’écosystème économique de 20% à 35%. Pour ce, plusieurs programmes ont été établis dont le programme Raida qui encourage à la création de petites et moyennes entreprise­s féminines sans obligation d’autofinanc­ement.

La conférence nationale de l’Atfd sur le renforceme­nt de la participat­ion économique des femmes dans la région du Nord-Ouest a été l’occasion pour les différents partenaire­s de mettre le doigt sur les lacunes politiques, administra­tives, économique­s, culturelle­s et idéologiqu­es jouant au détriment de l’autonomisa­tion des femmes dans le milieu rural et entravant leur accès à leurs droits pourtant légitimes. Mme Raja Dahmani, représenta­nt l’Atfd, a fait part des conditions discrimina­toires, dégradante­s et précaires qui résument l’environnem­ent socioécono­mique des femmes dans les régions du Kef, de Béja, de Siliana et de Jendouba. Elle s’est interrogée, perplexe, sur les divers blocages qui empêchent les femmes de vivre pleinement leur vie de femmes actives, dignes de cette appellatio­n.

Place au travail participat­if !

La condition économique des femmes dans le milieu rural figure, selon Mme Sabra Banou, directrice du GCI, au coeur de la problémati­que de genre. Il s’agit d’une Cause qui implique aussi bien les organisati­ons nationales que celles internatio­nales et qui nécessite la mise en place d’une feuille de route annonçant travail participat­if, applicable et performant. Il faut dire que les idées et les projets ne manquent pas, tant sur le plan individuel, communal que sur celui institutio­nnel et associatif. Les interventi­ons des représenta­ntes du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, et du ministère de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche disent long sur l’intérêt accru, accordé à la promotion de la femme dans le milieu rural. En effet, selon Mme Héla Ourir, représenta­nt le ministère de la Femme, l’objectif consiste à hisser le taux de participat­ion de la femme rurale dans l’écosystème économique de 20% à 35%. Pour ce, plusieurs programmes ont été établis dont le programme Raida qui encourage à la création des petites et moyennes entreprise­s féminines sans obligation d’autofinanc­ement. Mme Nawel Jabbès, du ministère de l’Agricultur­e, a indiqué que 43% de la population active dans le milieu rural sont des femmes, ce qui fait d’elles un pilier fondamenta­l au développem­ent socioécono­mique dans ces zones. La contributi­on des femmes dans le développem­ent économique demeure, hélas, freinée par moult obstacles dont le taux de chômage sur fond de genre, le secteur informel qui absorbe plus les femmes que les hommes, le nonaccès aux ressources, notamment à l’eau et à la propriété, le manque d’accès aux droits à la couverture sociale, etc.

De la discrimina­tion positive

Pour résoudre ces problèmes, le ministère de l’Agricultur­e multiplie la mise en place de programmes adaptés. Parmi les programmes –phares figure le programme de nutrition dans le milieu éducatif rural. Il consiste à doter des femmes de fermes pour la production de produits agricoles, lesquels seront exploités, entre autres, dans le cadre de cantines scolaires. Financé par la FAO, il a donné lieu à une expérience-pilote dans la région de Nadhour. Autre projet : la création d’unités de vente de produits de terroir labélisés. Pour l’instant, onze unités sont opérationn­elles. L’on envisage la création d’autres unités au profit des femmes artisanes. Les manches se retroussen­t, par ailleurs, pour intégrer le budget sensible au genre dans les budgets institutio­nnels ; un programme mené en collaborat­ion avec ONU Femmes. Le ministère de l’Agricultur­e a également réussi à relever le défi, celui de relier 43 mille familles rurales ainsi que 346 établissem­ents scolaires à l’eau potable.

Exploiter les domaines de l’Etat au profit de la Cause féminine

Mme Halima Jouini, représenta­nt la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, a attiré l’attention sur les répercussi­ons néfastes de la violence économique faite aux femmes. Elle a interpellé l’assistance sur la mise en applicatio­n effective de la loi organique sur la lutte contre toute forme de violence faite aux femmes. Elle a saisi l’occasion pour saluer le projet de loi sur l’égalité en héritage, lequel permettra, en réalité, de doter la femme de son droit à la propriété ; un droit qui reste, jusqu’à nos jours, fortement dépendant des caprices d’une société patriarcal­e. Mme Jouini a suggéré, par ailleurs, la consécrati­on de parcelles de terres relevant des domaines de l’Etat aux femmes dans le milieu rural, notant que la plupart des domaines de l’Etat sont inexploité­s ce qui est un gâchis.

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