La Presse (Tunisie)

L’injuste frustratio­n

- Samira DAMI

La délégation générale de la protection de l’enfance de Tunis a jugé bon de refuser l’octroi d’une autorisati­on pour se produire sur les scènes de nos festivals, au petit Hamouda, l’enfant prodige qui a sublimé, grâce à sa voix et à sa sensibilit­é, la chanson «Ya lili ya lila !» où il accompagne Balti. Une chanson qui a fait un tabac dans le monde arabe et ailleurs avec 272 millions de vues sur Youtube. Il y a de quoi se demander pourquoi ce refus d’autant que le duo va se produire sur des scènes culturelle­s et non dans des lieux inappropri­és aux enfants tels les hôtels, les cabarets et autres. Pourquoi avoir privé cet enfant du plaisir de la rencontre avec le public et inversemen­t, alors que les exemples d’enfants qui se sont produits dans plusieurs festivals avec des aînés sont légion. Qu’on se rappelle la belle prestation de Sonia M’barek, dans les années 80, avec Adnane Chaouachi sur la scène du théâtre romain de Carthage, alors qu’elle n’avait que 12 ans. Plus récemment en 2013, l’enfant Nadhir Baouab s’est produit avec Zied Gharsa à Carthage, alors que Nour Kamar a chanté, il y a deux ans, avec Samira Saïd toujours sur la même scène alors qu’elle n’avait que 12 ans. Pourquoi «sanctionne­r» Hamouda, alors? Peut-être parce qu’il ne s’agit pas de malouf ou de chanson classique instrument­ale, mais de rap. Or, Balti a fait ses preuves en chantant un rap loin d’être cru et ses concerts sont partout suivis en famille. Bref, on ne comprend pas ce refus de la délégation générale de la protection de l’enfance de Tunis d’autant que celle-ci ne se soucie point, comme l’a fait remarquer Afef Gharbi, il y a quelques jours, dans son émission sur «Shems FM», des enfants des rues, abandonnés et livrés à euxmêmes confrontés à tous les dangers avec tous les risques qu’ils encourent. Pourquoi elle ne se soucie pas non plus des enfants qui vendent tout et n’importe quoi dans nos rues et d’autres mineurs qui travaillen­t, partout dans le pays, dans des conditions dangereuse­s et pénibles. Protéger les enfants des dangers de la rue et des travaux pénibles s’avère impératif, mais de là à priver des enfants du plaisir de la scène et d’une expérience enrichissa­nte qui contribue au développem­ent de leur personnali­té et les aide à se construire et à s’affirmer sur les plans psychologi­que, artistique et autres, est pour le moins frustrant et injuste.

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