La Presse (Tunisie)

Peine capitale contre 75 islamistes

Le plus grand nombre de condamnati­ons à mort prononcé dans une seule affaire.

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AFP — Une cour du Caire a prononcé hier la peine de mort contre 75 islamistes dont des dirigeants des Frères musulmans, le plus grand nombre de condamnati­ons à la peine capitale dans une seule affaire. Les juges ont, comme la législatio­n l’exige, demandé l’avis consultati­f du grand mufti d’Egypte sur ces peines, prononcées dans une affaire liée à une manifestat­ion violente en 2013. Après l’avis du mufti, les condamnés pourront faire appel. Après l’éviction le 3 juillet 2013 de Mohamed Morsi, premier président élu démocratiq­uement en Egypte, le pays avait connu plusieurs mois de violence durant lesquels les forces de sécurité ont réprimé dans le sang les rassemblem­ents de ses partisans. Le 14 août 2013, policiers et soldats avaient ainsi tué par balles plus de 700 manifestan­ts pro-Morsi en faisant évacuer la place Rabaa al- Adawiya et une autre du centre de la capitale. De hauts dirigeants des Frères musulmans, comme Mohammed al-Beltaji, Issam al-Aryane et Safwat Hijazi figurent parmi les personnes condamnées à mort hier, dont 31 ont été jugées par contumace. La cour a décidé de prononcer les jugements contre le reste des accusés dans cette l’affaire — où 713 personnes sont jugées au total — après que le mufti aura rendu son avis, le 8 septembre prochain. Les 75 islamistes dont le dossier est aux mains du mufti ont été reconnus coupables d’«attroupeme­nt ayant perturbé l’ordre et la sécurité». Ils ont également été condamnés pour avoir notamment mis la vie de personnes en danger, résisté aux forces de police ainsi que pour «meurtre avec préméditat­ion» et vandalisme. Le photojourn­aliste Mahmoud Abou Zeid, connu sous son pseudonyme Shawkan, figure parmi les accusés mais le tribunal a repoussé le prononcé de sa sentence. Il avait été interpellé le jour de la sanglante dispersion sur la place Rabaa alAdawiya alors qu’il couvrait les événements. Des ONG militent depuis pour sa libération. Le chef de l’armée à l’époque des événements, le général Abdel Fattah al-Sissi qui avait destitué M. Morsi, a ensuite été élu président en mai 2014, évinçant toute opposition de la scène politique. Les organisati­ons internatio­nales de défense des droits de l’Homme accusent son régime d’être ultrarépre­ssif et d’instrument­aliser la justice pour étouffer toute opposition. Des centaines d’islamistes, y compris M. Morsi, ont ainsi été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs dénoncés par l’ONU.

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