La Presse (Tunisie)

Cité de la culture : le plus précieux des « chantiers »

- Par Khaled TÉBOURBI

En pleine saison festivaliè­re, la Cité de la culture prend donc congé. Paradoxal ? Que non ! Nous manquons sûrement de scènes, mais nos festivals s’arrogent suffisamme­nt d’espaces de plein air, en été. C’est de tradition. Il y a encore que nos joutes se comptent par centaines. La Cité, fût-elle grande et confortabl­e, n’y aurait évidemment pas suffi.

Il y a enfin la raison logistique. Celle invoquée par le ministère de tutelle. Qui est que la vénérable bâtisse a déjà besoin de parachever ses travaux. N’oublions pas que l’ouverture concoctée ce printemps n’était, aux dires mêmes des responsabl­es, que « partielle et provisoire ». Une finition devait suivre. Ce à quoi on veut consacrer les deux prochains mois.

Reste l’essentiel, à notre avis : un petit bilan. La Cité ne compte qu’un trimestre d’activité, soit, mais le total réalisé mérite largement attention…et réflexion.

Ce qui retient (ce qui a retenu), c’est d’abord une programmat­ion partie sur les chapeaux de roues. Dynamique, dense, ininterrom­pue. En quelques semaines, déjà, la Cité a pratiqueme­nt fait le tour de « ce qui se propose de mieux …et le mieux » ; c’est-à-dire, précisons bien, des arts et des spectacles les plus en vue… et les mieux « vendus ». Des créations d’élite, comme il se dit. Du « nec plus ultra » couru… et convenu. Tarab, Opéra, Hadhra, Zarda, danse, chants andalous, etc. De beaux moments, des artistes et des prestation­s de qualité. Rien à dire : dignes de La Cité !

Ce qui fait problème ensuite, ce qui donne à réfléchir, c’est que toutes ces belles choses ne répondent pas forcément à la vocation de l’institutio­n ni aux engagement­s qu’elle s’est fixés.

Premier reproche : l’art officiel a tout raflé. La troupe nationale de musique était quasiment de tous les concerts. Quant au reste, il fut l’apanage des troupes subvention­nées. Du pareil au même : deniers publics pour « musiques d’Etat ». Ce n’étaient pas les promesses des débuts. A l’origine, on vouait la cité à la libre création et à la jeunesse des régions. A ce jour, tout cela fait malheureus­ement défaut.

Second reproche, conséquent, concomitan­t : cette orientatio­n « bureaucrat­ique » des programmes est généraleme­nt sujette à doutes. Favoritism­e, « copinage », « passe-droit », rien n’est prouvé encore, mais on en parle de plus en plus souvent.

La Cité y joue gros : son crédit. Pendant ce congé estival, ce sera le plus utile et le plus précieux des « chantiers ».

L’art officiel a tout raflé. La troupe nationale de musique était quasiment de tous les concerts. Quant au reste, il fut l’apanage des troupes subvention­nées. Du pareil au même : deniers publics pour « musiques d’etat ». Ce n’étaient pas les promesses des débuts.

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