De la com pour les jeunes artistes ?
Programmé à «Carthage», entre les deux concerts d’Amina Fakhet, qui ont drainé un monde fou, le groupe «Hemlyn» s’est produit, dimanche dernier, devant des gradins clairsemés, quasi désertés. D’où la question fatale : fallait-il, indépendamment de la qualité de ce groupe d’Ali Jaziri qui propose du «rock tribal», où la musique occidentale fusionne avec l’orientale, le programmer sur la prestigieuse et majestueuse scène du théâtre romain de Carthage ? Mais, au-delà de certaines voix qui se sont élevées pour dénoncer le «copinage» et les «privilèges», Ali Jaziri étant le fils de Fadhel Jaziri, et au-delà des considérations commerciales de rentabilité, la mission des festivals d’été doit-elle se limiter à la programmation de têtes d’affiche et d’artistes confirmés qui drainent un grand public ou d’accorder, également, une place importante aux jeunes artistes afin de favoriser la découverte de nouveaux talents ? Certes, les avis diffèrent, surtout s’il s’agit de scènes prestigieuses telles celles de Carthage, Hammamet, El Jem et autres. D’aucuns estiment que les jeunes artistes, à l’orée de leur carrière, doivent débuter dans de petits espaces, en tous cas moins impressionnants que celui de Carthage, car «jeter en pâture» de jeunes artistes, à l’entame de leur parcours, sur une aussi vaste arène, et devant des gradins peu garnis risque de nuire à leur carrière. Voire de les détruire, psychologiquement, à jamais, en raison de la déception, voire de «l’humiliation» subie. D’autres, dont de jeunes artistes, considèrent que les festivals d’été, aussi grands soient-ils, «devraient donner leur chance aux nouveaux talents qui ont tous besoin d’une première fois et d’être ainsi accompagnés afin de relever le défi de la réussite». Il est clair que les festivals étatiques ont avant tout une vocation culturelle et ne devraient pas se soucier uniquement de la rentabilité. Ainsi, leur rôle n’est pas de se limiter à la consécration de valeurs sûres, mais aussi d’être à l’écoute de nouvelles tendances artistiques en favorisant la découverte de nouveaux dons dans tous les domaines de l’art. Mais pour cela faudrait-il encore que les programmes des festivals soient fin prêts, suffisamment à l’avance, afin que les vrais jeunes talents à découvrir bénéficient, en amont, d’un travail important de com, dans le but de sensibiliser le public et de le convaincre de venir à leur spectacle. Or, le plus souvent, les festivals d’été bouclent leur programme juste quelques petites semaines, voire quelques jours avant leur démarrage. C’est pourquoi le travail d’accompagnement et de com n’est pratiquement jamais entrepris, ce qui rend le pari sur les jeunes artistes, parfois, très risqué, et peut tourner au fiasco, le public n’ayant été ni sensibilisé ni averti. Et cela surtout s’il s’agit d’un grand théâtre, comme celui imposant de Carthage. Là, le risque se multiplie, c’est pourquoi il est nécessaire d’accompagner les vrais jeunes talents lors de leur programmation sur les grandes scènes de nos festivals avec une communication judicieuse et ciblée autour de leur spectacle, entre presse écrite et audiovisuelle, réseaux sociaux, affiches, etc. A défaut, il ne faudrait pas s’étonner que les spectacles promouvant la découverte de nouveaux talents se déroulent devant des gradins dégarnis.
Il est nécessaire d’accompagner les vrais jeunes talents lors de leur programmation sur les grandes scènes de nos festivals avec une communication judicieuse.