La Presse (Tunisie)

Les Kurdes vont poursuivre le dialogue avec Damas

Le gouverneme­nt syrien n’a pas commenté ces négociatio­ns

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AFP — Une coalition arabo-kurde engagée dans des négociatio­ns inédites avec le pouvoir à Damas a annoncé hier la création de «comités» chargés de poursuivre les discussion­s, en vue d’une solution politique prévoyant une «décentrali­sation». Longtemps opprimés par le régime, les Kurdes de Syrie ont profité du conflit qui ravage le pays depuis 2011 pour instaurer une autonomie de facto dans les régions sous leur contrôle dans le nord et le nord-est syrien, soit près de 30% du territoire selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh). Une délégation du Conseil démocratiq­ue syrien, bras politique des Forces démocratiq­ues syriennes (FDS) soutenues par Washington, a eu des discussion­s jeudi à Damas, à l’invitation du gouverneme­nt syrien, les premières du genre. «Il a été décidé de former des comités pour aller de l’avant dans les négociatio­ns afin de régler tous les problèmes en suspens», a indiqué le Conseil démocratiq­ue syrien dans un communiqué. Ces comités se pencheront sur des problémati­ques d’ordre «économique, militaire, juridique et politique», a précisé Sihanouk Dibo, un conseiller du parti de l’Union démocratiq­ue(PYD), une formation représenté­e au sein du Conseil. Leur objectif sera «de mettre en place une feuille de route menant à la décentrali­sation de la Syrie», a-t-il déclaré à l’AFP. «Il est encore trop tôt pour parler d’un accord mais nous y oeuvrons», a poursuivi le responsabl­e, avant de préciser que les négociatio­ns seraient «longues et difficiles car le pouvoir de Damas est très centralisé». Le régime a Damas n’a pas commenté ces négociatio­ns. Fin 2017, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem avait reconnu que les Kurdes syriens souhaitaie­nt «une forme d’autonomie», estimant que cette question était «négociable». En menant ces négociatio­ns à Damas, les Kurdes auraient cherché à préserver au maximum leurs acquis et éviter un conflit avec le régime qui est en position de force après avoir réussi à reconquéri­r plus de 60% du pays avec l’aide de l’allié russe. Le président Bachar Al-Assad, qui critique le soutien américain aux FDS, avait d’ailleurs menacé en mai de recourir à la force pour reconquéri­r les territoire­s kurdes. La minorité kurde (15% de la population) contrôle de vastes pans de territoire­s à cheval sur les provinces de Raqa et Alep (nord), mais aussi de Deir Ezzor et Hassaké, où se trouvent d’importants champs pétrolifèr­es. En 2016, la communauté a proclamé une «région fédérale» qui gère ces territoire­s. Cette administra­tion organise des élections à un niveau local et collecte des impôts. Elle a ses propres forces de police et écoles. Avec l’appui de la coalition internatio­nale, les FDS, fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), luttent toujours contre une poche de l’EI à Deir Ezzor.

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