Ça roule à deux vitesses !
Des conditions souvent difficiles sinon insupportables pour des clubs qui ne sont pas logés à la même enseigne.
Etant donné que nous appartenons à un pays chaud et que le facteur «chaleur» et conditions climatiques sont incontournables, que les engagements de nos équipes d’élite, en compétitions régionales ou continentales, et bien d’autres considérations, doivent entrer en ligne de compte pour l’élaboration d’un calendrier national d’activité, qui n’a absolument rien à voir avec le calendrier des compétitions, les choses ne sont pas faciles. Des critères, desquels nous ne pouvons nous soustraire, et pour lesquels nous ne sommes pas toujours les seuls à décider. Cela peut conduire à l’embouteillage dans les couloirs menant aux clubs engagés et à une inactivité forcée pour ceux qui… sont bien obligés de subir cette attente, lourde de conséquences. Les calendriers que l’on remanie à tour de bras, sont en effet des fardeaux insupportables pour toutes les parties prenantes de la compétition. Les clubs non concernés, tournent à vide, paient leurs frais fixes et attendent le retour des équipes engagées ailleurs. Une solution doit être trouvée, pour éviter cette situation aussi navrante que pénalisante. Nos voisins ont trouvé des formules et nous devrions nous pencher sur ce problème. Il n’en demeure pas moins que ce sont des facteurs pour lesquels nous devrions être préparés d’avance et que les clubs, concernés par les engagements extérieurs ou obligés de s’adapter tout en essayant d’atténuer les conséquences de cette situation. De toutes les façons, la saison a démarré pour ceux qui ont des engagements aux niveaux africain et arabe. Les équipes en compétitions interclubs ont déjà engagé le fer avec leurs adversaires avec plus ou moins de réussite. Les premières rencontres ont eu lieu, et déjà les premières frayeurs ont été ressenties par ceux qui attendent monts et merveilles de cette Ligue des champions qui, depuis quelques années, échappe aux équipes tunisiennes.
Déjà les premiers remous
Cela dit en passant, les difficultés qui ont émaillé ces premières rencontres ont été à la base des remous et des frémissements qui secouent ces clubs : au vu des performances, de la manière dont se sont comportées ces équipes dont on attend parfois plus qu’elles n’en sont capables, il sera difficile de réaliser de grandes prouesses. Tout aussi bien l’Espérance que l’Etoile ont gagné certes mais il faudrait être conséquent et juger leurs prestations avec plus ou moins de rationalité et de pragmatisme. Elles doivent absolument faire mieux et être autrement beaucoup plus outillées pour pouvoir relever les grands défis qui les attendent. Si les techniciens jugent qu’il faut du temps et des moyens encore plus en phase avec les objectifs qu’elles poursuivent, les supporters de ces équipes réagissent autrement : pour eux, tout est possible et… tout de suite. Sinon, c’est la grogne et la mauvaise humeur, exprimées avec beaucoup d’amertume et de mécontentement. Ces réactions, nous avons commencé à en ressentir les effets pervers, car les moyens de communication et les réseaux sociaux font que cet affolement devient une véritable psychose. Les conséquences sont parfois désastreuses, car elles risquent bel et bien de déstabiliser une équipe, son personnel d’encadrement, ses dirigeants et aboutir à des conclusions que personne n’attendait. En effet, lorsqu’un club est supposé avoir pris ses précautions pour se renforcer, pour organiser dans les meilleures conditions la préparation d’avant-saison, prévu des rencontres amicales d’application et laissé la porte ouverte à des renforts éventuels, il n’y a plus grand-chose à faire. Les joueurs de qualité ne courent pas les rues et ceux qui figurent sur les tablettes des prévisions ne sont pas toujours libres de leur volonté. Il y a des réglementations en vigueur que l’on est bien obligé de respecter et surtout, surtout une nouvelle tendance qui fait bouger les joueurs de qualité : ils veulent à tout prix s’expatrier et voir ce qui se passe ailleurs.
Des raisons pragmatiques
Il s’agit là d’une nouvelle tendance. Le joueur tunisien est réputé casanier. Sinon des joueurs comme Agrébi, Chaibi, Attouga, Kaabi, Ghommidh, et autres de la même veine auraient pu faire carrière en dehors de nos frontières. Ils ont préféré rester en Tunisie, parfois après avoir essayé de s’adapter à des compétitions hors de nos frontières. Ils sont vite revenus. Pour eux, le petit café du coin à Bab Jedid ou Bab Ejjebli, l’ambiance de Bab Souika, de Mellassine ou de l’Ariana, vaut plus que tout l’or du monde. Choyés, dorlotés, aimés et surtout respectés dans tout ce qu’ils font, ils recueillent les retombées de leurs efforts, auprès de leurs dirigeants. Ils n’ont jamais ressenti le besoin d’aller faire carrière ailleurs. Cela a changé. De nos jours, nous connaissons les problèmes qui se posent à notre compétition nationale. Les remous et les secousses qui ébranlent de semaine en semaine, tel un mal incurable, la majorité des clubs, la légèreté de certains dirigeants et les moyens plus qu’insuffisants de certains clubs supposés être professionnels mais qui ne le sont que sur le papier, les idées ont changé, le raisonnement des jeunes de qualité a complètement bouleversé les critères et les paramètres.
A l’aventure !
Lorsqu’un agent de joueurs dit que ce que gagne un joueur en Tunisie est mathématiquement le tiers de ce qu’il pourrait empocher à l’étranger par simple conversion d’un dinar en pleine déconfiture, on réfléchit à deux fois avant de s’engager. Surtout lorsque par la grâce des bêtises de dirigeants qui ne sont pas à leur place ou simplement imprévoyants, le joueur est libre d’aller où il veut. Et comme beaucoup d’entraîneurs étrangers venant «travailler» en Tunisie s’improvisent souvent en agents recruteurs, pour «conseiller» à des clubs tel ou tel joueur, le dossier est vite ficelé au profit du club étranger qui n’a qu’à ouvrir les bras pour accueillir nos meilleurs éléments. On a déjà relevé près d’une quarantaine de joueurs qui ont opté pour des clubs étrangers. La majorité est allée en Arabie Saoudite où des contacts ont été établis et consolidés bien avant le Mondial. La compétition dans ce pays, il ne faudrait pas se tromper, a gagné en rythme et en intensité. Les plus grands clubs du royaume rivalisent par des moyens dépassant parfois l’entendement pour attirer les meilleurs. Les joueurs tunisiens ont trouvé là un bon filon. Un autre commence à faire vibrer nos éléments les plus en vue : celui de l’Egypte qui s’intéresse de plus en plus à notre compétition pour y puiser quelques pépites à des coûts plus ou moins acceptables.
L’Europe fascine
D’autres joueurs semblent plus difficiles à convaincre et, en dépit de l’enveloppe offerte, ne se sont pas laissé prendre au piège de la facilité : ils tiennent à jouer en Europe, où les moyens de progresser sont beaucoup plus conséquents. Ils ne se sont pas trompés et ils peuvent bien faire carrière et se faire un nom, moyennant volonté et surtout rigueur. C’est ce qui jusque-là a fait défaut. En Europe, on ne badine ni avec la volonté de progresser ni avec la rigueur du comportement. Aucune baisse de régime n’est tolérée. Même en cas de blessure, cette règle demeure d’usage : celui qui sort risque de perdre sa place quel que soit son nom. Abdennour en sait quelque chose. En tout état de cause, ceux qui décident d’y aller, connaissent la loi du jeu et s’ils s’y risquent c’est qu’ils savent à quoi s’en tenir. Le football tunisien ne peut qu’en tirer avantage, et les clubs devraient aider à cette envie de dépassement qui anime certains bons joueurs. Deux ans nous séparent des Jeux olympiques de Tokyo 2020, soit le plus grand événement sportif de la planète. Les grandes nations du sport ont déjà commencé la préparation et la planification de cet événement quelque temps à peine après la fin des Jeux de Rio. Evaluation rapide, mais approfondie et des plans d’action clairs et engageants : pratiquement on connaît plus ou moins qui va participer aux Jeux de Tokyo en 2020 et quelles sont les chances de consécration. En 2017, ces grandes nations ont programmé la liste de leurs représentants et surtout conçu des plans de préparation consistants et aux moyens importants. Tout est pris en considération et surtout le facteur temps. Ces champions olympiques en 2020 sont déjà approchés et préparés pour l’être dès 2016. Entre anciens reconduits et d’autres découverts, la préparation est soigneusement fignolée : c’est de la programmation scientifique.
Où est l’évaluation ?
Deux ans après Rio, on se demande si le Cnot et le ministère des Sports (qui ont créé la fameuse commission mixte de préparation des Jeux de Rio à l’époque) ont procédé à l’évaluation du bilan sportif de nos athlètes à Rio. Et si cela a été fait, où sont les résultats ? A-t-on désigné des responsables de la performance ou de l’échec ? Qu’en est-il de la qualité de la programmation qui a abouti aux médailles de bronze gagnés ? Toutes ces questions restent en suspens, parce qu’on n’a pas l’habitude d’évaluer rapidement et objectivement les participations aux Jeux olympiques. Et quand c’est fait, c’est en retard et sur fond de mauvaise coordination entre la tutelle, le Cnot et les fédérations sportives concernées. Deux ans encore pour les Jeux de