La Presse (Tunisie)

Trump prend tout le monde à contrepied

Le locataire de la Maison-Blanche se dit prêt à rencontrer les dirigeants iraniens «quand ils veulent»

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AFP — Après avoir rencontré Kim Jong Un au terme d’une escalade verbale sans précédent avec la Corée du Nord, Donald Trump se dit désormais prêt à voir les dirigeants iraniens «quand ils veulent», malgré la fermeté affichée ces derniers mois contre l’Iran. «Je ne sais pas s’ils y sont prêts», a dit avant-hier le président des Etats-Unis répondant à une question sur une éventuelle rencontre avec son homologue iranien Hassan Rohani. «J’imagine qu’ils voudront me rencontrer, je suis prêt à les rencontrer quand ils veulent». Selon lui, c’est «bon pour eux, bon pour nous, bon pour le monde entier», surtout «si nous pouvons trouver une solution sérieuse, pas un gâchis de papier comme l’autre accord». Un conseiller du président Rohani a déclaré hier que tous pourparler­s avec les EtatsUnis devaient commencer par une réduction des hostilités et un retour à l’accord sur le nucléaire. «Le respect de la grande nation iranienne, la réduction des hostilités, le retour des Etats-Unis dans l’accord nucléaire...

AFP — Après avoir rencontré Kim Jong Un au terme d’une escalade verbale sans précédent avec la Corée du Nord, Donald Trump se dit désormais prêt à voir les dirigeants iraniens «quand ils veulent», malgré la fermeté affichée ces derniers mois contre l’Iran. «Je ne sais pas s’ils y sont prêts», a dit avant-hier le président des Etats-Unis répondant à une question sur une éventuelle rencontre avec son homologue iranien Hassan Rohani. «J’imagine qu’ils voudront me rencontrer, je suis prêt à les rencontrer quand ils veulent». Selon lui, c’est «bon pour eux, bon pour nous, bon pour le monde entier», surtout «si nous pouvons trouver une solution sérieuse, pas un gâchis de papier comme l’autre accord». Un conseiller du président Rohani a déclaré hier que tous pourparler­s avec les Etats-Unis devaient commencer par une réduction des hostilités et un retour à l’accord sur le nucléaire. «Le respect de la grande nation iranienne, la réduction des hostilités, le retour des Etats-Unis dans l’accord nucléaire... Cela ouvrira le chemin chaotique du moment», a écrit Hamid Aboutalebi sur Twitter. M. Aboutalebi a rappelé que l’Iran avait montré son ouverture au dialogue par le passé, en particulie­r avec l’appel téléphoniq­ue entre Rohani et Barack Obama, en 2013. Ce dialogue était «basé sur l’idée de mesures de confiance et l’accord sur le nucléaire était une réalisatio­n de cet effort», a écrit M. Aboutalebi. Trump a annoncé en mai le retrait des Etats-Unis de l’accord internatio­nal censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, qu’il juge trop laxiste. Il a rétabli toutes les sanctions levées après sa signature en 2015, avec un sévère contrecoup pour de nombreuses entreprise­s européenne­s, sommées de quitter l’Iran sous peine d’être frappées par des mesures punitives américaine­s. Washington a dressé une liste de douze conditions draconienn­es pour un nouvel accord avec l’Iran. Donald Trump a en revanche assuré ne pas poser de conditions à une rencontre qui serait la première entre des présidents américain et iranien depuis la révolution islamique de 1979. Mais son secrétaire d’Etat Mike Pompeo a ensuite précisé sur la chaîne Cnbc qu’une réunion au sommet pourrait avoir lieu « si les Iraniens démontrent qu’ils sont prêts à des changement­s fondamenta­ux dans leur manière de traiter leur peuple, modifient leur comporteme­nt malveillan­t» au Moyen-Orient et se montrent ouverts à un accord sur le nucléaire «qui empêche vraiment la proliférat­ion». Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale a ensuite affirmé que «les Etats-Unis sont prêts à prendre des actions pour supprimer les sanctions, rétablir des relations diplomatiq­ues et commercial­es totales, permettre à l’Iran d’avoir une technologi­e avancée et soutenir la réintégrat­ion de l’économie iranienne dans le système économique internatio­nal». «Cependant, cet assoupliss­ement n’est possible que s’il y a des évolutions tangibles, prouvées et durables dans les politiques de Téhéran», a ajouté Garrett Marquis. «Jusque-là, le fardeau des sanctions ne sera que de plus en plus lourd si le régime ne change pas de voie».

Tweet en majuscules

L’ouverture américaine intervient en tout cas alors que le ton était monté ces derniers jours. Le président Rohani a d’abord prévenu qu’un conflit avec l’Iran serait la «mère de toutes les guerres». «Ne menacez plus jamais les Etats-Unis ou vous allez subir des conséquenc­es telles que peu au cours de l’histoire et ont connu auparavant», lui a directemen­t répondu Donald Trump dans un tweet en majuscules. «Soyez prudent !», a ensuite rétorqué, sur le même mode, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Le registre de l’avertissem­ent américain rappelle celui employé il y a un an contre les ambitions nucléaires de la Corée du Nord, à laquelle Donald Trump promettait «le feu et la colère» et une «destructio­n totale» en cas d’agression. En parallèle de la campagne de «pression maximale», mélange d’isolement diplomatiq­ue et de sanctions draconienn­es, mise en place par Washington, les échanges d’invectives avec Kim Jong Un étaient allés crescendo pendant que Pyongyang multipliai­t les essais balistique­s et nucléaires. Jusqu’au spectacula­ire rapprochem­ent de 2018 et au sommet du 12 juin à Singapour, à l’issue duquel le président américain n’a pas tari d’éloges à l’égard du dirigeant nord-coréen. Pense-t-il pouvoir reproduire ce scénario avec la République islamique? Téhéran a en tout cas remplacé Pyongyang comme ennemi numéro un de Washington, et la «pression maximale», qui a disparu du lexique de Donald Trump au sujet de la Corée du Nord, est désormais évoquée pour faire plier l’Iran. Mais, pour l’instant, le reste de la communauté internatio­nale, qui avait suivi les Etats-Unis en imposant de lourdes sanctions contre le régime nord-coréen l’an dernier, refuse d’en faire autant face aux autorités iraniennes. Les alliés européens, en particulie­r, tentent envers et contre tout de sauver l’accord sur le nucléaire iranien. Dans ce contexte, Donald Trump va- t- il finalement rencontrer Hassan Rohani? Une occasion pourrait se présenter lors de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, fin septembre à New York. Reste à savoir si le président iranien est demandeur. Selon son entourage, le président américain avait demandé à huit reprises une telle réunion en marge du rendez-vous de l’ONU l’an dernier. En vain.

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Le président américain Donald Trump s’est dit prêt avant-hier à rencontrer les dirigeants iraniens lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche

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