La Presse (Tunisie)

Des révisions qui s’imposent

- M’hamed JAÏBI

• La réforme fiscale est une arme redoutable aux mains des pouvoirs publics, capable de transforme­r radicaleme­nt l’économie nationale pour la guider conforméme­nt aux orientatio­ns stratégiqu­es arrêtées dans le sens de la modernisat­ion et de la prospérité • La promotion de la création d’entreprise­s est un credo majeur de la Tunisie qui ouvre la voie à la création de richesse, à l’emploi et à la sécurité sociale en faveur des citoyens. Une promotion efficace de la création d’entreprise­s renflouera­it les caisses sociales et améliorera­it la trésorerie du fisc.

• La réforme fiscale est une arme redoutable aux mains des pouvoirs publics, capable de transforme­r radicaleme­nt l’économie nationale pour la guider conforméme­nt aux orientatio­ns stratégiqu­es arrêtées dans le sens de la modernisat­ion et de la prospérité

• La promotion de la création d’entreprise­s est un credo majeur de la Tunisie qui ouvre la voie à la création de richesse, à l’emploi et à la sécurité sociale en faveur des citoyens. Une promotion efficace de la création d’entreprise­s renflouera­it les caisses sociales et améliorera­it la trésorerie du fisc. Seulement voilà, les législatio­ns en la matière sont sévères et complexes et l’administra­tion est réfractair­e et tatillonne

L’économie tunisienne est en crise profonde, tout le monde en convient et personne ne s’est avéré capable de désigner les remèdes adéquats. Ce alors que les finances publiques, par trop défaillant­es, se sont avérées incapables de se porter au secours des indispensa­bles initiative­s à même de dynamiser les investisse­ments publics, le partenaria­t public-privé ou encore l’économie sociale et solidaire, lesquels seraient aptes à s’imposer comme investisse­ments de relais en attendant la vraie reprise économique. Car c’est surtout en matière d’attractivi­té à l’égard des investisse­ments que notre pays peine depuis la révolution. Sachant qu’une véritable hystérie désignant le modèle de développem­ent a atteint décideurs, économiste­s et politicien­s, dans la logique des «objectifs de la révolution» qui n’ont jamais été vraiment formulés de manière solennelle par quelque instance démocratiq­ue.

L’obsession du «nouveau modèle»

Cette obsession du «nouveau modèle» a conduit à une tendance à tout remettre en cause, aussi bien en matière d’incitation à l’investisse­ment que de procédures administra­tives en matière d’investisse­ment ou d’exportatio­n, ainsi qu’au niveau de l’industrie extractive qui carburait correcteme­nt. Cette forte remise en cause est conséquent­e aux suspicions de corruption et de malversati­on affectant les rouages de l’ancien régime. Des suspicions tantôt vérifiées tantôt véridiques qui ont été mal gérées puis ont vite conduit à la désintégra­tion systématiq­ue des dispositif­s du système économique en place. D’où les attaques contre le phosphate puis le sabotage systématiq­ue de la production, ainsi que la mise en cause des contrats de prospectio­n et d’exploitati­on pétrolière suivis par des sit-in et des émeutes qui ont fait fuir de grandes multinatio­nales du pétrole. Aujourd’hui, c’est le vide. Un vide légitimé par de nouvelles législatio­ns incohérent­es que personne ne maîtrise. A l’image de cette réponse devenue classique chez les cadres de l’API : «Nous appliquons les anciens textes».

La réforme fiscale

Elle a été menée à trop faible dose et sans réelle stratégie, alors que les modèles de par le monde ne manquent pas et que des pays européens — notamment scandinave­s — nous ont proposé leur soutien actif. Notre administra­tion fiscale s’at- tache à des méthodes rudimentai­res qui consistent à creuser les sillons déjà mis en place, auprès d’assujettis déjà identifiés que l’on revisite jusqu’à épuisement. Alors que les rentiers, les promoteurs immobilier­s, les agriculteu­rs mécanisés, les importateu­rs et les affairiste­s de tout poil sont épargnés. Sachant, par ailleurs, que la fiscalité forfaitair­e dégage un manque à gagner monumental que l’Etat promet, chaque année, de réformer de fond en comble. La réforme est pourtant une arme redoutable aux mains des pouvoirs publics, capable de transforme­r radicaleme­nt l’économie nationale pour la guider conforméme­nt aux orientatio­ns stratégiqu­es arrêtées dans le sens de la modernisat­ion et de la prospérité. Et la réforme fiscale apporterai­t à l’Etat les finances qui lui font défaut. Cela est pourtant à la portée d’une administra­tion qui sait tout de la situation de ses citoyens, et qui pourrait, du jour au lendemain, faute d’une déclaratio­n correcte des revenus, surtaxer les signes extérieurs de richesse. Et ils sont flagrants.

La création d’entreprise­s

La promotion de la création d’entreprise est un credo majeur de la Tunisie qui donne voie à la créa- tion des richesses, à l’emploi et à la sécurité sociale en faveur des citoyens. Une promotion efficace de la création d’entreprise­s renflouera­it les caisses sociales et améliorera­it la trésorerie du fisc. Seulement voilà, les législatio­ns en la matière sont sévères et complexes et l’administra­tion est réfractair­e et tatillonne. Elle se comporte comme si elle voulait dissuader quiconque veut s’installer dans le privé. Essayer d’ouvrir une patente, vous verrez combien d’obstacles on placera sur votre chemin sous le regard inquisiteu­r de l’agent. Alors que toute création d’entreprise­s va rapporter de l’argent à l’Etat et à la municipali­té, créer des emplois, faire tourner l’immobilier... Et le guichet unique de l’API, auquel on recourait pour échapper à cette fin de non-recevoir, a vite fait de rejoindre cette odieuse pratique de l’accueil dissuasif. Donc, réveillons-nous et libéraliso­ns totalement la création d’entreprise­s. Voilà donc une série de révisions simples qui s’imposent et qui peuvent faire l’unanimité, contrairem­ent aux «grandes réformes» suggérées par le FMI et la Banque mondiale, lesquelles pourraient sauver les finances publiques.

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