«La Tunisie est capable d’un miracle économique pendant toute une décennie»
A partir de 2019, la Tunisie pourrait entrer dans un nouveau cycle décennal de développement, avec une croissance moyenne supérieure à 4 % par an, selon le vice-président honoraire de la Banque européenne d’investissement (BEI). A condition que les « énergies soient libérées » et que les investissements soient réalisés « dans les secteurs porteurs », comme celui de la santé. Un appel reçu cinq sur cinq par les nombreux investisseurs présents lors de la table ronde organisée à Paris par le Club Afrique de la presse parisienne (Capp). Au-delà des difficultés actuelles, la Tunisie pourrait réserver de très bonnes surprises dans un avenir proche et les investisseurs seraient bien avisés de s’y intéresser. C’est en substance le diagnostic que Philippe de Fontaine Vive Curtaz, vice-président honoraire de la BEI (Banque européenne d’investissement) et senior adviser du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman, a posé devant une centaine de participants à la table ronde « Entreprendre en Afrique : les atouts de la Tunisie dans le secteur santé », organisée mercredi 20 juin 2018 par le Capp.
Un argument pour «faire rêver les investisseurs»
La Tunisie, a analysé cet ancien banquier européen qui fut pendant une dizaine d’années le « patron » de la Femip, possède en effet la « caractéristique » très particulière de « travailler suivant des cycles d’une “grosse” dizaine d’années». Le pays a ainsi vécu «une décennie de socialisation», lors de son Indépendance, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, a détaillé Philippe de Fontaine Vive Curtaz. Puis, il a connu une «décennie de capitalisation très forte» qui lui a permis d’engranger «un taux de croissance de plus de 8 % par an». «La troisième période, a-t-il poursuivi, est celle de la libéralisation économique qui a donné à la Tunisie un taux de croissance moyen de 4,3 % par an : si vous voulez faire rêver les investisseurs, essayez donc de trouver des pays aux frontières de l’Europe capables d’offrir un tel taux de croissance de manière durable»... Quant à la dernière grande période, appelée «décennie de mise à niveau», elle est toujours en cours depuis 1995.
Aux chefs d’entreprise d’écrire le programme de 2019
Lors de chaque cycle décennal, «il s’est passé la même chose, a observé Philippe de Fontaine Vive Curtaz : une mise en mouvement du pays, et une crise économique qui survient pendant plusieurs années, remettant en cause le modèle économique de développement et entraînant en général une révolution politique». Aujourd’hui, pour le vice-président honoraire de la BEI, si l’économie tunisienne a été «libérée», le pays n’a toutefois pas connu de «libération économique» : «C’est vous, acteurs économiques, a-t-il lancé aux nombreux chefs d’entreprise présents, qui devez écrire le programme de libération économique pour les prochaines échéances de 2019», afin de sortir du «cercle vicieux» des déficits de la balance des paiements et du budget de l’Etat, de l’accroissement de la dette publique «qui devient difficilement supportable» et de la baisse «significative» du dinar tunisien qui réalimente tous les autres problèmes. «En libérant ses énergies», a conclu Philippe de Fontaine Vive Curtaz, la Tunisie est «capable d’un miracle économique pendant toute une bonne décennie», comme elle l’a déjà montré, retrouvant «une croissance moyenne supérieure à 4 %, à condition aussi d’investir dans les secteurs porteurs», au premier rang desquels «celui de la santé».