La Presse (Tunisie)

Déploiemen­t de l’armée

Le président Ashraf Ghani a tenu «une réunion d’urgence» par visio-conférence avec les responsabl­es civils et militaires de la région, ordonnant que «soit assurée la sécurité de la population et des institutio­ns civiles», ont annoncé ses services

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AFP — L’armée s’est déployée en urgence hier dans les rues de Jalalabad, la grande ville de l’est de l’Afghanista­n, cible d’attentats répétés du groupe jihadiste Etat islamique, dont les combattant­s sont chassés de leurs fiefs par des opérations militaires et les talibans. Quelque «150 combattant­s de Daech (acronyme arabe de l’EI), avec leur commandant et son adjoint», se sont rendus hier à Jawzjan, s’est félicité le ministère de la Défense, ce qu’a confirmé le gouverneur de cette province du nord du pays. A Jalalabad, la crainte de l’EI était pourtant à son comble. Dès la matinée, des soldats étaient visibles aux carrefours, où de nouveaux checkpoint­s ont été dressés après une énième attaque avant-hier qui a fait au moins quinze morts — dont une employée de l’Organisati­on internatio­nale des migrations (OIM) âgée de 22 ans — et autant de blessés. «Les terroriste­s ont changé de tactique et s’en prennent de plus en plus aux civils. Pour mieux protéger la population, l’armée va prendre en charge la sécurité en ville», a déclaré à l’AFP Attaullah Khogyani, le porte-parole du gouverneur du Nangarhar, province dont Jalalabad est la capitale. «Des renforts sont envoyés des provinces voisines. Ils seront soutenus par la police et les autres services de sécurité», a-t-il expliqué. Le président Ashraf Ghani a tenu «une réunion d’urgence» par visioconfé­rence avec les responsabl­es civils et militaires de la région, ordonnant que «soit assurée la sécurité de la population et des institutio­ns civiles», ont annoncé ses services.

«Hors de contrôle»

L’EI a revendiqué hier soir l’opération qui a visé le départemen­t des réfugiés et rapatriés la veille. Les talibans avaient rapidement affirmé n’y être pour rien. Samedi, une école de sages-femmes avait été attaquée pendant près de sept heures, faisant trois morts parmi les gardes. Là encore les talibans avaient nié toute implicatio­n. Depuis le printemps, les attentatss­uicides se répètent à Jalalabad, avec des opérations majeures comme celle qui a visé le 1er juillet la communauté sikhe (21 morts dont 17 Sikhs) et tué l’un de ses principaux représenta­nts, Atvar Singh. «Nous allons défendre cette ville jusqu’à la mort», assurait hier matin Mohammad Ali à un barrage. Son unité a été appelée en renfort depuis la province voisine de Kunar. «Nous avons établi neuf barrages supplément­aires. Nous sommes mieux équipés (que la police), nous allons fouiller tous les gens et les véhicules.» «La police fait de son mieux mais elle n’est pas aussi bien équipée que l’armée. Et puis certains policiers sont liés à des gens puissants et ne veillent qu’à la sécurité de leurs maîtres», accuse Hadi Niazi, un responsabl­e administra­tif de Jalalabad. La présence des soldats trahit «l’urgence», relève l’ancien général et analyste militaire, Hadi Kkhalid : «l’armée est généraleme­nt envoyée quand la situation est pratiqueme­nt hors de contrôle, ce qui est le cas à Jalalabad.»

«Cibles faciles»

Pour lui, «l’EI subit actuelleme­nt la double pression de l’armée et des talibans (qui le combattent dans le nord notamment). Ils ont perdu beaucoup d’hommes et leur seule stratégie pour se maintenir à flot, c’est d’attaquer des cibles faciles.» Depuis le cessez-le-feu de trois jours mi-juin entre l’armée et les talibans, les principaux attentats visant la population civile se sont tous produits à Jalalabad et ont été revendiqué­s ou attribués à l’EI. En revanche, sur le front militaire l’EI a subi de lourdes pertes dans le nord face aux talibans, qui bénéficien­t du soutien de la Russie. La reddition dans la nuit de 150 combattant­s de l’EI à Jawzjan est «la plus importante» depuis que ce groupe s’est installé en Afghanista­n en 2015, même si ce n’est pas la première, a souligné le porte-parole militaire de la région Nord, Mohammad Hanif Rezaee. Le groupe comprenait «des familles, dont une trentaine de femmes et d’enfants», a-t-il ajouté. Mais le commandeme­nt de l’Otan en Afghanista­n a estimé qu’il serait «prématuré» de voir dans ce revers «l’effondreme­nt de l’EI dans le nord». Depuis l’hiver, les armées afghane et américaine ont multiplié les raids aériens sur cette région et dans l’est, chassant progressiv­ement l’EI de ses bases arrière frontalièr­es du Pakistan.

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