La Presse (Tunisie)

L’enclave sans carburant

Le ministre israélien de la Défense justifie cette sanction par «la poursuite du terrorisme à l’aide de ballons incendiair­es et des affronteme­nts à la frontière»

- Ballons incendiair­es

AFP — Israël a de nouveau bloqué hier l’approvisio­nnement en carburant de la bande de Gaza en réponse aux cerfs-volants incendiair­es lancés depuis ce territoire palestinie­n soumis depuis plus de dix ans à un sévère blocus, au risque de déclencher de nouveaux affronteme­nts. Cette mesure annoncée par le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman va toucher une région qui souffre déjà de très graves coupures d’électricit­é, notamment pour les hôpitaux, ce qui met en danger la vie de malades, selon l’ONU. M. Lieberman a justifié cette sanction par «la poursuite du terrorisme à l’aide de ballons incendiair­es et des affronteme­nts à la frontière» entre Israël et Gaza. Ces restrictio­ns seront maintenues tant que les violences n’auront pas «cessé totalement», a-t-il prévenu. Israël a durci à deux reprises le blocus autour de la bande de Gaza pour les mêmes raisons. Dans un premier temps, l’Etat hébreu a fermé le 9 juillet le terminal de Kerem Shalom, le seul point de passage de marchandis­es avec l’enclave palestinie­nne, où quelque 80% des deux millions d’habitants sont tributaire­s d’une aide, selon la Banque mondiale. Mais l’approvisio­nnement en nourriture, en médicament­s et en carburant s’était poursuivi. Le 17 juillet, M. Lieberman a décidé de bloquer la fourniture de carburant à la suite de la poursuite des violences. Une semaine après, le trafic à Kerem Shalom a repris partiellem­ent notamment pour le carburant après une baisse d’intensité des affronteme­nts et du nombre de cerfs-volants incendiair­es lancés vers le territoire israélien.

Cette accalmie résultait d’une trêve intervenue entre Israël et les islamistes palestinie­ns du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, à la suite d’une médiation égyptienne. Le ministre de la Défense avait toutefois brandi la menace d’une reprise des sanctions si les violences reprenaien­t. «La réouvertur­e totale du terminal est conditionn­ée par l’arrêt complet de l’envoi de ballons incendiair­es et des affronteme­nts près de la clôture» séparant les deux territoire­s, avait-il affirmé. Après quelques jours d’accalmie, les incendies ont repris. Sept sinistres ont été enregistré­s mercredi, selon les services des pompiers israéliens. Depuis avril, quelque 3.000 hectares sont partis en fumée du côté israélien, d’après les autorités. Des incidents ont également eu lieu à la frontière. Mercredi dernier, l’armée israélienn­e a attaqué des «postes militaires» du Hamas après des tirs vers des soldats. Vendredi la tension est de nouveau montée d’un cran malgré la trêve. Trois Palestinie­ns ont été tués durant le week-end dont un enfant de 12 ans. L’armée israélienn­e a fait état de 7.000 «émeutiers» palestinie­ns qui ont lancé ce jour- là des pierres et des pneus enflammés vers les soldats israéliens postés derrière la frontière. Au moins 157 Palestinie­ns ont été tués par l’armée israélienn­e depuis le 30 mars, début d’un mouvement de protestati­on contre le blocus israélien et le droit des Palestinie­ns de retourner sur les terres qu’ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948. Un soldat israélien a été tué le 20 juillet près de la barrière entre Israël et Gaza.

«Vies en danger»

L’ONU s’est alarmée des pénuries causées par l’arrêt des fourniture­s de carburant qui permettent de faire fonctionne­r des générateur­s pour pallier les coupures d’électricit­é. Les générateur­s sont également utilisés faute de courant pour la distributi­on et d’assainisse­ment de l’eau. « Avec des coupures d’électricit­é qui durent près de 20 heures par jour, si les livraisons de fioul ne reprennent pas immédiatem­ent, la vie des gens sera en danger», a déclaré récemment le coordinate­ur de l’ONU pour les affaires humanitair­es dans les territoire­s palestinie­ns, Jamie McGoldrick, lorsque la fourniture de carburant avait été interrompu­e le mois dernier. «Les risques sont très grands, notamment pour les patients souffrant de problèmes cardiaques, sous dialyse ou les nouveau-nés», avait-il prévenu. Trois guerres ont déjà opposé le Hamas et Israël depuis 2008.

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 ??  ?? Un Palestinie­n attend dans une station-service dans la ville de Gaza le 2 août 2018 après la décision iraélienne de bloquer la fourniture de carburant à l’enclave palestinie­nne
Un Palestinie­n attend dans une station-service dans la ville de Gaza le 2 août 2018 après la décision iraélienne de bloquer la fourniture de carburant à l’enclave palestinie­nne

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