La Presse (Tunisie)

L’affluence n’a pas été au rendez-vous…

Le Tunisien raffole des soldes qui lui donnent l’occasion d’acheter plus en quantité et mieux en qualité.

- Mohamed Salem KECHICHE

Les vendeurs sont plus nombreux que leurs clients ! Ce n’est pas une scène utopique mais une amère réalité dans de nombreux commerces tunisiens. En déambulant ce matin du jeudi 02 Août 2018 premier jour des soldes, un point de vente qui propose une ligne de vêtements hors de prix prête à sourire. Pas moins de cinq vendeurs accostent le client téméraire qui franchit le seuil de l’enseigne en quête d’un article distingué. Aux alentours de dix heures, les boutiques de prêt-à-porter semblent encore vides de monde dans ce centre commercial prisé de la capitale. Au fil du temps l’affluence évolue favorablem­ent avec un flux d’acheteurs qui se densifie par groupe ou en famille. Entre onze heures et midi, de nombreuses personnes affluent de tous les bords et rebords du centre de commerce pour envahir certains points de vente qui allient qualité de bonne facture et prix attractif. Les affiches des vitrines aux différents coloris incitent à l’achat et la consommati­on frénétique de vêtements et chaussures généraleme­nt importés : « Soldes party jusqu’à 60%, soldes jusqu’à liquidatio­n du stock ». Tarek Aloui, jeune responsabl­e commercial de vingt-trois ans gère une boutique vendant des habits d’origine espagnole. Il arbore un joli sourire aux lèvres avant de se confier l’air un brin optimiste : « Je constate que la clientèle vient pour acheter des articles ciblés, bien déterminés et spécifique­ment choisis. A l’heure actuelle on consent des soldes de 20, 30 et 40% en attendant la deuxième démarque qui me permettra d’écouler la marchandis­e avec de plus fortes réductions. Je suis optimiste quant au succès de ces soldes au niveau des ventes». Un challenge souvent réussi chaque année pour cette enseigne installée depuis quatre ans en Tunisie. Mais en y regardant plus près, on remarque que certaines vieilles pratiques et ruses commercial­es ont la peau dure. Sévèrement sanctionné­e par les autorités du ministère du Commerce, la manipulati­on des étiquettes figure parmi les subterfuge­s couramment utilisés par les commerçant­s pour tirer profit au maximum des soldes et engranger des revenus.

Vrais faux soldes

Le prix soldé d’un polo homme de fabricatio­n française passe de 75 ou 65 Dinars à 50 D sans que le taux de réduction ne soit affiché sur l’étiquette. Dans une échoppe de vêtements pour femmes d’origine turque, des remises allant de 30 à 50% attirent la gent féminine. Toutefois, la plupart d’entre elles mettent en doute la véracité de ces rabais car elles savent que certains commerçant­s révisent à la hausse les prix de leurs articles les jours qui précèdent les soldes avant d’afficher, sous couvert des remises, les prix initiaux. « C’est devenu une pratique relativeme­nt courante », relève une jeune cliente avertie rencontrée dans une boutique de prêt-à-porter. Les soldes ne sont plus ce qu’elles étaient pour la simple et bonne raison que les points de vente de friperie pullulent dans différente­s régions de la république et menacent sérieuseme­nt l’activité des commerçant­s de prêt-àporter. Même si la qualité a un prix, le Tunisien est regardant sur le prix du produit avant tout. Hichem B., père deux enfants témoigne : « Le Tunisien est obsédé par le prix sans avoir aucune considérat­ion pour la qualité et l’origine du produit ou le service offert ! ».

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Crédit photos : Chokri Mahjoub

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