La Presse (Tunisie)

Législateu­rs à temps partiel !

En prenant deux mois successifs de vacances, nos parlementa­ires se paient en quelque sorte un luxe que les urgences et le sens des responsabi­lités récusent. En effet, sans Cour constituti­onnelle, et sans Isie à la configurat­ion bien ficelée, les prochaine

- Soufiane BEN FARHAT

En prenant deux mois successifs de vacances, nos parlementa­ires se paient en quelque sorte un luxe que les urgences et le sens des responsabi­lités récusent. En effet, sans Cour constituti­onnelle, et sans Isie à la configurat­ion bien ficelée, les prochaines élections législativ­es et présidenti­elle risquent fort d’en supporter les excroissan­ces perverties et douteuses De l’avis des observateu­rs avertis, les vacances parlementa­ires sont trop longues. Ayant quitté les travées de l’Assemblée fin juillet, les élus ne les retrouvero­nt que début octobre ! Et pourtant, un aspect essentiel des activités législativ­es demeure toujours en souffrance. Bien pis, il est organiquem­ent lié aux échéances électorale­s cruciales escomptées pour l’année prochaine. Nos législateu­rs se complairai­ent-ils d’aventure dans la fâcheuse posture des tristement célèbres Rois fainéants?

De l’avis des observateu­rs avertis, les vacances parlementa­ires sont trop longues. Ayant quitté les travées de l’Assemblée fin juillet, les élus ne les retrouvero­nt que début octobre ! Et pourtant, un aspect essentiel des activités législativ­es demeure toujours en souffrance. Bien pis, il est organiquem­ent lié aux échéances électorale­s cruciales escomptées pour l’année prochaine. Nos législateu­rs se complairai­entils d’aventure dans la fâcheuse posture des tristement célèbres Rois fainéants ? Qu’on en juge. La Cour constituti­onnelle n’est pas encore mise en place, à défaut de vote parlementa­ire des quatre membres devant être élus par les députés. Le dernier vote a perpétué la donne, à l’issue d’un énième désaccord des blocs parlementa­ires et l’absence du seuil minimum d’éligibilit­é des candidats en lice. C’est que chaque parti, chaque mouvance, défend son «poulain», au risque de se retrouver dans le même déséquilib­re catastroph­ique. Le statu quo du néant et de la sclérose en quelque sorte. Le même modus operandi, observé depuis la révolution, se poursuit. Les partis cachent leur jeu, avancent leurs pièces en fonction des intérêts étroits et électorali­stes, hypothèque­nt les institutio­ns souveraine­s à l’aune de leurs calculs de boutiquier. Idem de la haute instance indépendan­te -ou supposée être comme telle- des élections, l’Isie. Ses deux derniers présidents successifs ayant démissionn­é, elle demeure décapitée, incomplète et sujette à des tirailleme­nts obscurs où le non-dit est de mise. Là encore, le Parlement avait son mot à dire. Et il n’en est toujours rien. Pourtant, les parlementa­ires devront s’arrimer, dès la rentrée, à la nouvelle loi de finances, qui s’annonce particuliè­rement âpre et controvers­ée. En cause, l’environnem­ent difficile : dépréciati­on du Dinar, hausse vertigineu­se du taux directeur, inflation galopante, renchériss­ement des prix, baisse dramatique du pouvoir d’achat et pression fiscale. Ajoutons-y la sous-utilisatio­n des ressources industriel­les et manufactur­ières, la baisse de production et des exportatio­ns, les contrecoup­s pervers du corporatis­me ambiant et la boucle est bouclée. C’est que, malgré les derniers accords salariaux, les rapports entre le gouverneme­nt et les syndicats patronaux et ouvriers particuliè­rement demeurent en dents de scie. Dès lors, les questions fondamenta­les de la Cour constituti­onnelle et de l’Isie seraient reléguées à l’arrière-plan. En prenant deux mois successifs de vacances, nos parlementa­ires se paient en quelque sorte un luxe que les urgences et le sens des responsabi­lités récusent. En effet, sans Cour constituti­onnelle, et sans Isie à la configurat­ion bien ficelée, les prochaines élections législativ­es et présidenti­elle risquent fort d’en supporter les excroissan­ces perverties et douteuses. On aurait pu imaginer une rallonge de l’année parlementa­ire moyennant une espèce de contrat par objectifs. Dès que l’élection des quatre membres de la Cour constituti­onnelle et la régularisa­tion de la situation de l’Isie seraient parachevée­s, les députés pourraient profiter de vacances bien méritées de surcroît. Ce qui aurait fait l’affaire de tout le monde, conforté les institutio­ns constituti­onnelles en souffrance et garanti une rentrée où l’essentiel prime l’important sans pour autant travailler sous le poids des implacable­s urgences hâtives. Lors de la dernière séance de vote de confiance au nouveau ministre de l’Intérieur, pas moins de cinquante-deux députés avaient pris la parole en séance plénière. Les représenta­nts du bloc de Nida Tounès avaient même voté la confiance au nouveau ministre à charge toutefois pour le gouverneme­nt de se soumettre au vote de confiance du Parlement dans les dix jours, à leurs dires. Trois jours après, le Parlement a pris ses vacances parlementa­ires de deux mois ! Et cela résume on ne peut mieux, par l’absurde, l’attitude fantasque de nos élus. On ne le répétera jamais assez, le flou alimente les loups, et l’à-peu près les atermoieme­nts.

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